Pourquoi développer une stratégie numérique est si important et pourquoi faut-il investir du temps et de l’argent là-dedans ?

Comme tous mes confrères de la planète disent la même chose, je me permets de copier/coller ici un excellent billet de Michelle Blanc (maintes fois citée dans ce blog par ailleurs). 

En fin de semaine, le professeur de droit Pierre Trudel dans sa chronique du Journal de Montréal disait.

Une stratégie numérique, c’est urgent!
Des pans entiers de l’activité économique sont en train de se métamorphoser.Si on continue à laisser les mutations numériques s’installer sans se donner des politiques efficaces pour adapter la société québécoise, le numérique sera synonyme d’appauvrissement.

(…) 

Le numérique, c’est plus que des ordinateurs, des fils et des trucs techniques. Le numérique induit des transformations plus profondes: ce sont les façons de faire qui changent.

Ces mutations induisent de profonds changements dans nos façons de produire, de travailler, d’interagir; elles contribuent à changer le fonctionnement de notre quotidien.

Pour réaliser ces changements profonds, il faut des politiques ambitieuses pour accompagner les transformations. Sinon, ces changements vont nous appauvrir.

C’est aussi le président de la communauté Européenne, Martin Schulz qui répétait sensiblement la même chose la semaine dernière (repris dans le Guardian) :

La semaine dernière aussi, le Forum Économique mondial disait dans son document The future of jobs, que les entreprises et les gouvernements devaient s’adapter rapidement aux bouleversements majeurs qu’induit le numérique.

Toujours la semaine dernière, question de renfoncer le clou encore une fois, la Banque Mondiale, dans son rapport sur les dividendes du numérique, nous apprenait qu’au moment d’écrire ces lignes,

Les technologies numériques connaissent une expansion rapide, mais leurs dividendes — avantages plus larges d’une croissance économique plus rapide, d’une multiplication des emplois et d’une amélioration des services — ne suivent pas le même rythme. Si plus de 40 % des adultes en Afrique de l’Est payent leurs factures de services d’utilité publique à partir d’un téléphone mobile, pourquoi d’autres personnes ailleurs dans le monde ne pourraient-elles pas faire de même ? Si 8 millions d’entrepreneurs chinois — dont un tiers de femmes — peuvent utiliser une plateforme de commerce électronique pour exporter leurs produits dans 120 pays, pourquoi d’autres entrepreneurs ne parviennent-ils pas à donner à leurs activités la même portée mondiale ? Si l’Inde est parvenue en cinq ans à étendre un système d’identification numérique à une population d’un milliard d’habitants, et à épargner ainsi des milliards de dollars en réduisant la corruption, pourquoi d’autres pays ne pourraient-ils pas à l’imiter ? Qu’est-ce qui empêche les pays de bénéficier des transformations profondes que les technologies numériques sont censées leur apporter ?

Deux raisons principales expliquent cette situation. D’abord, près de 60 % de la population mondiale n’a toujours pas accès au web et ne dispose d’aucun moyen pratique de participer à l’économie numérique. Ensuite et surtout, si les technologies numériques présentent des avantages, elles entraînent en contrepartie un accroissement des risques. Les nouvelles entreprises ont la possibilité de bouleverser les habitudes des entreprises traditionnelles, mais elles sont impuissantes lorsque les intérêts en place et l’incertitude réglementaire freinent la concurrence et bloquent leur entrée sur le marché. Les perspectives d’emploi peuvent être plus importantes, mais pas dans un marché du travail polarisé. L’internet peut être une plateforme propice à l’autonomisation universelle, mais pas lorsqu’il devient un outil de contrôle par l’État et de mainmise par les élites.

Que doivent faire les pays pour atténuer ces risques ?
La connectivité est essentielle, mais pas suffisante, pour récolter tous les fruits des technologies numériques. Les investissements dans le numérique doivent être appuyés par des « compléments analogiques » : des réglementations qui permettent aux entreprises d’exploiter l’internet pour affronter la concurrence et innover; de meilleures compétences pour que les individus puissent saisir toutes les possibilités offertes par le numérique ; et des institutions responsables, afin que les pouvoirs publics répondent aux besoins et aux exigences des citoyens. Les technologies numériques pourront, à leur tour, renforcer ces compléments, et accélérer le rythme du développement.

Comment connecter ceux qui ne le sont pas encore ?
La concurrence sur le marché, les partenariats public-privé et une régulation efficace des opérateurs internet et mobiles encouragent l’investissement privé qui peut rendre l’accès universel et abordable. Il faudra parfois réaliser des investissements publics, qui se justifieront par leur forte rentabilité sociale. Il sera cependant plus difficile de faire en sorte que l’internet reste ouvert et sans danger alors que les internautes sont confrontés à la cybercriminalité, aux atteintes à la vie privée et à la censure en ligne.

Quelle est la principale conclusion ?
Les stratégies de développement numérique doivent être plus ambitieuses que les stratégies en matière de TIC. La connectivité pour tous reste un objectif important et un énorme défi, mais les pays doivent aussi créer les conditions requises pour tirer profit de la technologie. Faute de compléments analogiques, l’effet de ces stratégies sur le développement sera décevant. En revanche, si les pays établissent un socle analogique solide, ils profiteront grandement de la révolution numérique – croissance plus rapide, emplois plus nombreux et services de meilleure qualité.

Michel Serres : “L’espace ou l’adresse”

”Si vous me demandez mon adresse, je vous répondrai la réponse classique de mon adresse postale. Cette adresse fait référence à un espace euclidien, cartésien qui est référé à des points de référence donnés et connus. 

Cet espace est celui dans lequel nous avons vécu et je vais montrer que nous l’avons abandonné. Il était l’espace des réseaux (de coordonnées, de voies aériennes, de voies routières, etc.). Comme ces réseaux existent depuis fort longtemps, nous pouvons dire que l’espace des réseaux était l’espace d’autrefois. Dans quel espace vivons-nous actuellement ? Si vous me redemandez mon adresse aujourd’hui, je vous répondrai que je ne reçois à l’adresse que je vous ai donnée précédemment que de la publicité dont je m’empresse de me débarrasser. Cet endroit n’est donc plus celui où je stocke, traite, émet et reçoit de l’information. Pour remplir ces fonctions je me sers de mon numéro de téléphone portable et de mon adresse électronique. Ces deux adresses ne se réfèrent plus à l’espace que je viens de décrire. Ne dites plus que les nouvelles technologies ont raccourci les distances. Elles nous ont en réalité transportés d’un espace dans un autre, d’un espace euclidien, cartésien à un espace topologique où la distance est à redéfinir. Je voudrais tirer quelques conséquences culturelles considérables de ce changement d’espace. J’ai parlé précédemment d’espaces référés à des points donnés. Ces points étaient généralement des points de concentration. J’ai assisté sur mon trajet pendant des années à l’érection des quatre tours de la grande bibliothèque. Je voyais avec tristesse ces lieux où nous allions concentrer des milliers de livres à une époque où un simple moteur de recherche peut me procurer n’importe quel texte. Je pensais à ces cadrans solaires construits par les maharajahs de New Delhi au XVIIème siècle pour obtenir de très bonnes mesures des grandeurs célestes alors qu’ils ignoraient que Galilée venait d’inventer la lunette astronomique qui rendait évidemment ces constructions complètement obsolètes. Les points donnés étaient des lieux de concentration dont nous n’avons plus besoin. J’aurais en effet très bien pu rester chez moi aujourd’hui. Nous aurions alors fait une e-conférence. La deuxième conséquence culturelle relève du domaine juridique et montre bien que nous avons changé d’espace. Le mot « adresse » contient le préfixe « ad » et le mot « directus » qui marque la direction et les distances, mais qui signifie aussi le droit au travers du mot « rectus ». L’espace en question était un espace juridique, un espace de droit. Lorsque vous dites « 133 place de la République » pour signifier votre adresse, vous désignez un endroit où le gabelou pourra venir vous réclamer ce que vous devez à l’Etat. Cet espace juridique est également un espace politique puisque dans « rectus » il y a « rex » qui signifie « le Roi ». Par conséquent si vous n’avez pas rempli vos obligations militaires ou si vous avez commis un crime, la gendarmerie pourra se transporter vers votre adresse pour vous acheminer vers le service militaire ou vers la prison. Nous sommes bien dans un espace de droit. Changer d’espace signifie changer de droit et de politique. Or si nous avons changé d’espace, peut- être faut-il en conclure que nous nous trouvons dans un espace de non droit. Il est vrai en effet que la toile ou la plupart des endroits dans lesquels vous travaillez sont pour le moment des espaces de non droit. Il est d’ailleurs quasiment impossible d’appliquer le droit d’un autre espace sur cet espace là. Autrefois, au Moyen-âge, les forêts étaient des espaces de non droit où tous les personnages peu recommandables sévissaient, puisque la maréchaussée ne s’y rendait jamais. Par conséquent, les honnêtes gens traversaient difficilement des espaces de ce genre. Un beau jour pourtant des voyageurs courageux se sont rendu compte que les brigands arboraient une casaque verte et obéissaient tous à un chef dénommé Robin des Bois – vous avez reconnu mon histoire. Robin des Bois signifie celui qui porte la robe de magistrat dans un espace où le Roi n’est pas : les bois. Robin des Bois représente donc le nouveau droit. Dans le contexte de nos nouvelles technologies, cette métaphore implique qu’il est absolument nécessaire que naisse un nouveau droit dans ce lieu, et uniquement à partir de ce lieu. Tous les droits que nous connaissons sont nés de cette façon, y compris le droit romain. Changer d’espace a par conséquent des répercutions culturelles considérables qui touchent à la fois le juridique et le politique. Je voudrais rapidement faire l’éloge d’une femme belge pour vous montrer à quel point la politique peut changer. Cette dame, Madame Houard, écrit dans son blog sa tristesse au sujet de la division de son pays avant de transporter son texte sur le site www.lapetition.be. Elle récolte 103 000 signatures en un mois et organise un peu plus tard un défilé à Bruxelles auquel participent 140 000 personnes. Nous observons, en comparant cette situation à celle d’un homme politique qui aura cherché à rallier des voix pendant toute sa vie pour en obtenir péniblement 700 000, que l’efficacité de la méthode est considérable. Les nouvelles technologies permettent donc un nouveau droit et sans doute une nouvelle politique. Madame Houard est une hirondelle qui annonce un printemps démocratique que j’espère depuis longtemps déjà. La révolution culturelle que voilà est de type juridique, politique et de l’habitat. .III Les hommes, le cognitif Les nouvelles technologies auront-elles des répercussions sur notre manière de vivre et surtout sur nos manières de connaître ? Nous avons appris en cours de philosophie que la condition humaine comportait trois facultés : • la faculté de mémoire ; • la faculté d’imagination ; • la faculté de raison. Les philosophes décrivaient l’entendement humain sous ces trois formes. Les cognitivistes (biologistes, biochimistes) se sont ensuite avancés pour comprendre comment fonctionnaient exactement ces trois types d’activités. Je voudrais choisir la mémoire pour essayer de l’analyser devant vous en fonction des nouvelles technologies. A l’époque du stade oral, nous nous réunissions le soir pour entendre chanter les conteurs grecs, appelés « aèdes ». Ils avaient à cette époque une mémoire considérable puisqu’ils étaient capables de raconter les voyages d’Ulysse sur près de 5 000 vers. Nous avons sur cette mémoire des traditions parfaitement reconnaissables. Les dialogues de Platon commencent presque systématiquement par un passant qui reconnaît un ami sur la place publique. Il dit à son ami qu’il semble avoir entendu qu’il était présent le jour de la mort de Socrate. L’autre confirme et commence à lui relater les derniers propos de Socrate. Le dialogue s’étend ensuite sur 245 pages, sans oublier la moindre virgule dans les propos du philosophe. Les conteurs grecs avaient donc de la mémoire. Cette capacité de mémoire durera jusqu’à ce que l’imprimerie soit répandue partout. Les étudiants qui écoutaient les cours de cosmologie d’Albert Legrand au Moyen-âge étaient d’ailleurs capables de reproduire la totalité de ses propos des années plus tard, à la virgule près.

L’invention de l’écriture représente une première catastrophe.

 Le platonisme est d’ailleurs la lutte entre Socrate qui ne veut pas écrire et fait l’éloge de la parole vivante contre Platon qui lui fait l’éloge de la parole morte couchée sur le parchemin. L’invention de l’écriture s’accompagne alors d’une perte de mémoire considérable, que nous avouons tous les matins quand nous prenons des notes par peur d’oublier les propos tenus lors d’une conférence. Cette perte de la mémoire n’a rien à voir avec la catastrophe de la Renaissance où l’invention de l’imprimerie a totalement fait perdre la mémoire à ses contemporains. Nous en avons des preuves manifestes dans le texte de Montaigne où il affirme qu’il préfère « une tête bien faite à une tête bien pleine ». Il veut simplement dire qu’un historien de cette époque qui veut travailler sur sa discipline est contraint de savoir par cœur la totalité de la bibliothèque puisque celle-ci n’est pas accessible ailleurs que dans quelques bibliothèques dans le monde. Avec l’arrivée de l’imprimerie, il suffit de connaître l’endroit où se trouve le livre. C’est une catastrophe pour la mémoire. Par conséquence, avec la mise à disposition aujourd’hui de la totalité de l’information sur la toile, nous n’avons plus besoin de mémoire et nous n’en avons d’ailleurs plus. Comment se fait-il qu’une faculté, dont on nous a dit qu’elle était essentielle au cerveau humain, a une histoire telle que nous pouvons en mesurer la disparition ? Nous devons analyser le mot « perdre » pour essayer de comprendre ce que signifie cette perte de mémoire et pour réaliser ce que nous avons gagné. Pour expliquer la différence entre perdre et gagner du point de vue cognitif, j’en appellerais volontiers à ce qu’un de mes vieux professeurs de préhistoire racontait sur ce que veut dire « perdre ». Il disait que nous étions des quadrupèdes avant qu’un événement, qui a duré des millénaires, ne fasse perdre la fonction de portage à nos membres antérieurs. Nous avons alors inventé la main et avons gagné un outil universel. Dans le même temps, la bouche a complètement perdu sa fonction de préhension au profit de la main. La bouche est donc à son tour devenue un outil universel par le biais de la parole. Les fonctions données que nous avons perdues nous ont donc permis de gagner des outils universels qui ressemblent fort à l’outil que j’ai défini plus tôt. Si nous avons perdu la mémoire, voyons ce que nous avons gagné. En revenant sur l’histoire, nous pouvons nous apercevoir que c’est précisément parce que nous avons perdu la mémoire que nous avons pu inventer à la Renaissance les sciences physiques. La perte de mémoire nous a libérés de l’écrasante obligation de « se souvenir » et a permis aux neurones de se consacrer à des activités nouvelles. Voilà la différence qui peut exister entre perdre et gagner : perdre dans le domaine du reconnaissable pour gagner dans l’ordre inventif, indéfini, c’est-à-dire dans l’ordre humain. Si j’ai défini « perdre » par rapport à « gagner », le verbe « perdre » prend un tout autre sens dans la langue française. L’homme est un animal dont le corps perd. Chaque fois que nous inventons un outil, l’organisme perd les fonctions qu’il externalise dans l’outil. Pour inventer la roue par exemple, il suffit d’externaliser la rotation de nos articulations. Je crois que le mot mémoire possède deux sens : 

• le sens subjectif : avoir de la mémoire ;

• le sens objectif : la mémoire d’ordinateur. 

L’écriture et l’imprimerie étaient des mémoires et aujourd’hui vous disposez de mémoires supérieures à celles de vos prédécesseurs. En effet, nous avons perdu la mémoire subjectivement, mais elle s’est externalisée objectivement. J’appelle ce phénomène « l’exo-darwinisme de la technique ». Il y a externalisation des objets et ces objets évoluent à la place de nos corps. Vous voyez que ce que vous preniez jadis pour une faculté cognitive, la mémoire, n’est pas une faculté cognitive donnée et permanente, mais qu’elle dépend du support. Le support écrit a transformé la civilisation de telle sorte que nous avons complètement oublié le stade oral. Le support imprimé a complètement changé la civilisation telle qu’elle était avant. Je crains fort que nous soyons à un changement de culture tel que notre manière de connaître et de savoir tout entière, donc le cognitif en général, est sur le point de changer. Cette démonstration que je viens d’effectuer pour le cas de la mémoire pourrait évidemment être portée sur l’imagination et sur la raison. Je vous conseille sur ce dernier point la lecture du livre de Gilles Dowek intitulé Les métamorphoses du calcul dans lequel il montre comment le problème de la raison a évolué de façon extraordinaire sur plusieurs millénaires de telle sorte que s’est opéré, là aussi, une transformation profonde de la cognition. Ce livre a d’ailleurs gagné par mon intermédiaire le Grand Prix de Philosophie de l’Académie française. Vous voyez donc que l’INRIA contient des philosophes meilleurs que celui qui vous parle. Pour finir, je souhaiterais parler de toutes les facultés en général. Il était une fois une ville appelée Lutèce, au IIème siècle après Jésus-Christ. L’empereur romain d’alors décréta que les premiers chrétiens seraient persécutés, et exécutés, sur toute la surface de l’Empire. Or le christianisme apparaît à Lutèce dès le Ier siècle et, un soir, les premiers chrétiens, qui venaient d’élire un évêque du nom de Denis, se rassemblent dans une salle. Ils s’y barricadent dans le cas terrifiant où la légion romaine les interpellerait et les jetterait en prison. Alors qu’ils écoutent pieusement les entretiens de leur évêque Denis, le drame se produit. Les portes et les fenêtres volent en éclat, la légion romaine pénètre la salle et le centurion, qui est monté sur l’estrade, coupe le cou à l’évêque Denis dont la tête roule par terre. Stupéfaction, épouvante et angoisse, mais miracle. L’évêque Denis se penche, prend sa tête à deux mains et la présente à ses ouailles pendant que les légionnaires épouvantés s’enfuient devant ce que nous appelons depuis le miracle de Saint-Denis. Voilà l’histoire par laquelle je voulais terminer. Lorsque, le matin, vous vous asseyez devant votre ordinateur, vous avez en face de vous votre tête, comme celle de Saint Denis. En effet, les facultés dont je viens de vous parler se trouvent dans votre tête : la mémoire, l’imagination, la raison, des milliers de logiciels pour accomplir des opérations que vous ne feriez pas sans votre tête. Or votre tête est objectivée ; vous avez perdu la tête. Pour parodier le titre du roman de Musil, j’appellerais volontiers l’homme moderne « l’homme sans faculté ». Vous avez perdu ces facultés, mais elles se trouvent toutes devant vous. La question décisive qui subsiste encore est la suivante : que vous reste-t-il sur le cou ? Bonnat a placé, dans sa représentation du miracle de Saint-Denis, une lumière transparente légèrement incandescente sur le cou de l’évêque. Je terminerai par un mot catastrophique : les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents. Puisque nous avons le savoir et les technologies devant nous, nous sommes condamnés à devenir inventifs, intelligents, transparents. L’inventivité est tout ce qu’il nous reste. La nouvelle est catastrophique pour les grognons, mais elle est enthousiasmante pour les nouvelles générations car le travail intellectuel est obligé d’être intelligent et non répétitif comme il a été jusqu’à maintenant. 

Michel Serres : “: prenons conscience que nous avons changé d’espace”

A l’époque du stade oral, pris dans le sens des linguistes et non de Freud, le cerveau et les corps
humains servaient de support. Le stockage, le traitement et l’émission correspondaient au corps, à
la mémoire et à la voix. 

Avançons jusqu’au premier millénaire avant Jésus-Christ où se produit une révolution concernant
l’écriture. 

Avec la peau de bête, le papyrus ou le papier, l’écriture est le premier support extérieur
au corps humain. 

Or, dès le moment où le couplage support/message change, tout change dans
notre civilisation. 

L’arrivée de l’écriture entraîne de multiples mutations.
• L’organisation des villes devient possible grâce à l’écriture d’un droit écrit stable (code
d’Hammurabi) et mène à l’invention de l’Etat.

 • L’invention de la monnaie, qui est une façon d’écrire une valeur sur un support de bronze ou de
cuivre, remplace les complexités du troc et facilite le commerce. 

• L’invention de la géométrie est fille de l’écriture.
• L’invention des religions monothéistes du livre (Torah, Ecritures saintes, Coran) résonne
comme un coup de tonnerre dans le monde des religions polythéistes. 

• Enfin, la pédagogie aussi est fille de l’écriture car chaque enseignant a désormais à sa
disposition des textes qu’il n’a plus besoin de connaître par cœur et dont il peut léguer aux
enfants les contenus divers. 

Déployez la totalité de ce spectre et vous allez vous apercevoir que notre civilisation est la fille
directe de l’écriture. 

Le spectre de cette révolution est considérable.
Il est d’autant plus stable et important que je vais le répéter deux millénaires plus tard lorsque
apparaît la deuxième révolution concernant ce couplage support/message : l’invention de
l’imprimerie autour du XVème siècle. 

Dès cet instant, la révolution concernant cette technologie
numéro 2 est exactement la même, dans le spectre que je viens de dessiner, que la première Venise devient à cette époque une « ville-monde » et de multiples changements
interviennent à nouveau.

 • Le commerce est bouleversé par les inventions du chèque, de la banque et du traité de
comptabilité. 

• Le capitalisme naît pendant cette période. 

• L’imprimerie engendre surtout la naissance de la science moderne, c’est-à-dire de la science
expérimentale, qui n’est plus la science abstraite fille de l’écriture des Grecs. 

• En revanche, nous assistons à une crise extraordinaire dans le domaine des religions avec
Luther qui commence la réforme en disant : « Tout homme est Pape une bible à la main. » La
bible imprimée était alors à disposition de tout un chacun, ce qui permettait d’être libre et de ne
plus avoir à se référer à une autorité organisée. 

• Cette liberté reviendra vers les questions d’ordre politique pour marquer le début de la
démocratie au sens moderne du terme.
Du coup, nous avons de nouveau dans la deuxième révolution du couplage support/message une
transformation complète de la totalité de la culture et de la civilisation considérée. 

Ma conclusion s’avère donc fort simple. 

Si nous sommes aujourd’hui les contemporains d’une
révolution qui porte sur le même couplage support/message, alors nous devons retrouver autour de
nous exactement le même type de révolution.

 • La mondialisation est en train de se produire. 

• La transformation de la monnaie et du commerce est amenée par la monnaie volatile.

 • La révolution scientifique est considérable : un professeur de science enseigne aujourd’hui
autour de 70 % de contenus scientifiques qu’il n’a pas lui-même appris sur les bancs de cette
université. 

• La crise de la pédagogie en cours est difficile à régler. 

• Je n’ai pas besoin de revenir sur la crise actuelle des religions puisque les journaux en sont
remplis depuis déjà dix ans. 

Par conséquent, le monde dans lequel nous vivons ressemble dans son basculement aux deux
basculements que je viens de décrire. Nous obtenons en effet le même type de spectre dans ces trois
révolutions.
Nous avions appris à l’école que les grandes révolutions concernaient le « dur », à l’instar des
révolutions industrielle ou économique et de l’invention du moulin à vent ou des forges. La
comparaison entre les transformations impliquées par les révolutions du « doux » par rapport à
celles engendrées par les révolutions du « dur » est écrasante. Les civilisations basculent et se
mettent en place de manière nouvelle lorsque des révolutions concernant l’information
interviennent. Nous n’avons peut-être pas conscience aujourd’hui de la nouveauté extraordinaire
des temps dans lesquels nous vivons. 

2016, année de la ?

Oh My God  ! C’est le dixième anniversaire de mes vœux/prédictions annuels. Exercice top casse-gueule où je me suis planté environ une fois sur deux. Minimum. Moralité : ne pas trop faire son mariole cette année. Le premier truc que je vous recommande vivement en matière de stratégie numérique mobile pour 2016, c’est vous poser et prendre le temps de répondre à 4 questions simples :

1°) Combien d’internautes ont visité votre site en 2015 ?

2°) Y’en a t-il eu plus ou moins qu’en 2014 ?

3°) Quelle est leur origine géographique ?

4°) Combien de temps sont-ils restés sur votre site et quelles sont les trois pages les plus visitées ?

Si vous avez une page Facebook, pareil.

Une fois que ce sera fait, vous aurez déjà franchit un grand pas, croyez-moi !

Ensuite, comme les écrans mobiles représentent + de 50% des visites des sites, il est crucial que votre site soit responsive (adaptatif) avant la fin de l’année 2016, année de la braise.

Rétro

5 points pour générer du tourisme dans son établissement ou sa destination

Les débats et les conseils sur les stratégies et les outils numériques dans le tourisme, c’est pas pour faire mon emmerdeur mais j’ai envie de dire : comment s’y retrouver dans ce bordel ambiant ?

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Une bonne nouvelle : rien ne change fondamentalement

Malgré la profusion de smartphones, tablettes, booking.com et compagnie, la fameuse “expérience client” ne change pas fondamentalement pour autant. A ceci près que la recherche de destination passe aujourd’hui par les outils numériques, vecteurs de séduction, de comparaison, de conseil, d’information pratique, de vente, et même de fidélisation. Pour s’y retrouver un tout petit peu, je préconise le respect de 5 règles simples !

1 – Précision du détail, qualité de la prestation
Espace de créativité et de transparence, si le numérique permet de nous exprimer, le touriste s’en sert aussi pour comparer. La différence avec nos concurrents se fait sur la précision du détail, la qualité de la prestation. Je vais répéter (exprès) sur la précision du détail, la qualité de la prestation. 

2 – Connaître et analyser ses audiences 
Chaque jour, notre site web et notre Facebook recueillent des données très importantes comme : d’où viennent les internautes ? De quelle ville ? Quel âge ont-ils ? Combien de temps et quelles pages vont-ils visiter ? Connaître ses  chiffres et s’en servir comme base de travail est très important. Sans eux, on ne peut pas travailler.

3 – Numérique d’accord mais la qualité avant tout
Le numérique nous contraint à produire une expérience touristique de qualité. Voilà. La stratégie numérique, aussi pertinente soit-elle, vient dans un deuxième temps enrichir ou corriger cette relation.  Si elle est pertinente et bien menée, elle conforte l’image qualitative de notre prestation. Les contenus intelligents, sur-mesure et dynamiques, permettent de renforcer l’affinité et la relation de confiance. Ils transforment nos points de contact en opportunités mais surtout d’enrichir notre connaissance du client pour lui offrir le meilleur des services. .

4 – Rendre visible nos contenus
Aujourd’hui, la visibilité passe principalement par :

  • les sous
  • le contenu
  • la stratégie
  • l’engagement sur les plateformes sociales
  • la publicité

Mais soyons clairs : les contraintes sont de plus en plus fortes.

5 – Dernier levier, et pas le moindre, développer constamment nos compétences et celles de nos équipes : le seul moyen d’exister demain dans ce nouveau paysage touristique.

En conclusion, et c’est une bonne nouvelle, cette ère du numérique nous pousse avant tout à faire du tourisme de qualité. L’innovation dans les usages et les modèles économiques n’a de sens que si elle crée de la valeur autour de l’expérience touristique. Restons centré client et concentrons-nous sur l’essentiel dans la mise en scène des prestations et des destinations. Si vous ne le faites pas, d’autres risquent de le faire pour vous… si ce n’est déjà fait.

Post Scriptoum

J’ai le plaisir de m’occuper depuis plusieurs années de deux acteurs on va dire “majeurs” du tourisme dans notre beau pays niortais à savoir le site LeMaraisPoitevin.fr et la salle de spectacle de L’Acclameur et notamment son Club Affaires. J’ai également été chef de projet pour l’Aquarium de La Rochelle (au siècle dernier). De toutes ces années à scruter et – tenter de – comprendre le comportement des clients, j’en ai tiré une somme de connaissances bien spécifiques sur ce secteur du Tourisme. Ni plus, ni moins.

Source : http://www.etourisme.info/5-leviers-de-la-performance-etourisme-a-vem7/#.VpyzqAUHDOw.facebook

2016 : L’économie de la connaissance est notre nouvelle renaissance

La connaissance est comme la connerie : elle est infinie.  

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Si les matières premières sont finies, la connaissance est infinie. Donc si notre croissance est basée sur les matières premières, elle ne peut pas être infinie. Si elle est basée sur la connaissance, une croissance infinie est très facile à atteindre. Et c’est une bonne chose car l’économie de la connaissance recouvre la totalité du développement durable. Notre économie croissante indexée sur les ressources, même renouvelables, n’est pas durable. Une économie croissante indexée sur la connaissance est durable.

En 1984 Steve Jobs rencontre François Mitterrand et affirme “le logiciel, c’est le nouveau baril de pétrole”. Trente ans plus tard Apple possède une trésorerie de la taille du PIB du Vietnam ou plus de deux fois et demie la totalité du fond souverain Algérien – basé lui sur les ressources – et l’homme le plus riche du monde n’est pas un pétromonarque mais un magnat du logiciel.

Alors oui l’économie de la connaissance nous y sommes déjà, quand la Corée du Sud, dont l’économie croit exponentiellement depuis les années 1950 sans quasiment aucune réserve de matière première, a expérimenté un Ministère de l’Economie de la Connaissance, ou quand Barack Obama courtise les meilleurs geeks de son pays comme Elon Musk et Taylor Wilson, et qu’il en nomme même – comme Steven Chu et Ernest Moniz – Ministre de l’Energie, un poste autrefois dévolu aux vieux briscards des hydrocarbures.

La connaissance mondiale double environ tous les 9 ans, un chiffre hallucinant qui signifie qu’en moins d’une décennie, l’humanité produit plus de connaissances nouvelles que dans les sept mille dernières années de son histoire… Nos modes de transmission de connaissance sont eux restés très archaïques malgré l’émergence des Web 1.0 et 2.0. Or l’avenir économique mondial appartiendra à ceux qui sauront faire circuler la connaissance à la fois beaucoup mieux et beaucoup plus vite. 

L’économie de la connaissance est une révolution.

Elle est aussi différente de l’économie classique que l’était la physique quantique de la physique classique. Tout d’abord la connaissance a deux propriété sociales : elle est prolifique (elle double rapidement) et elle est collégiale (chacun en possède un petit morceau). Ensuite les échanges de connaissance obéissent à trois règles profondément différentes de celles qui régissent les échangent de capital et de matière première.

Règle N°1. Les échanges de connaissance sont à somme positive.
Si je vous donne de la connaissance, je la possède toujours, alors que si je vous donne 20 euros ils ne sont plus à moi. Serge Soudoplatoff rappelle : “quand on partage un bien matériel on le divise, quand on partage un bien immatériel on le multiplie”.

Règle N°2. Les échanges de connaissance ne sont pas instantanés.
Donner 20 euros ou 20 millions d’euros prend virtuellement la même durée : une signature sur un chèque. Si par contre je veux vous donner la chromodynamique quantique cela prendra du temps.

Règle N°3. Les regroupement de connaissance ne sont pas linéaires.
Posséder 20 euros et 20 euros c’est posséder 40 euros. Mais savoir deux choses en même temps c’est plus que savoir deux choses séparément. Regrouper du capital ne crée pas de capital, mais regrouper de la connaissance crée de nouvelles connaissances.

Ces règles engendrent un monde grandiose et nouveau qui va profondément changer les rapports humains. Mais ce que j’aime le plus avec l’économie de la connaissance c’est la structure de son pouvoir d’achat. En ce moment, nous réalisons une transaction de connaissance. Vous me lisez, je vous donne de la connaissance, et vous me donnez deux choses en échange : votre attention et votre temps.

Tout le monde sur terre ne naît pas avec 1000 Euros en poche (ce qui devrait pourtant être un droit de l’Homme) mais tout le monde naît avec de l’attention et du temps à dépenser. De plus, le chômeur ou le prisonnier, à accès égal, a plus d’attention et de temps à revendre, donc plus de pouvoir d’achat.

L’économie de la connaissance possède une dimension intrinsèquement juste.

Enfin dans quelle circonstance maximiserons-nous notre pouvoir d’achat dans l’économie de la connaissance ? Dans quelle circonstance donnons-nous toute notre attention et tout notre temps à quelqu’un ? Quand nous sommes amoureux ! On n’apprend jamais aussi vite que quand on est amoureux d’une connaissance, et l’économie de la connaissance maximise donc la productivité et le pouvoir d’achat des amoureux sincères du savoir… Nous devrions en tenir sérieusement compte dans notre éducation et dans nos entreprises.

L’intégralité de ce texte est ici | Crédit photo : Pexels.com

République 2.0

Ouf ! Aucune région au FN, bonne nouvelle. Le coup n’est pas passé bien loin. Le message est clair : nous devons changer quelque chose.

Les transformations auxquelles notre société doit faire face – chômage de masse, terrorisme, mondialisation, changement climatique,… – sont tellement complexes qu’elles appellent des réponses qui dépassent de très très loin nos recettes habituelles.

La gauche, la droite, les cow-boys, les indiens, c’est terminé. L’échec patent sur l’emploi – tant de la gauche que la droite – est implacable : il faut aller au-delà, bien au-delà de nos clivages traditionnels.

Nous avons à traiter des enjeux d’une telle amplitude qu’il ne peuvent se satisfaire des modes d’élaboration et de décision traditionnels d’autrefois.

Le numérique offre une opportunité “historique” de revisiter les formes d’organisation traditionnelles. 

L’innovation ouverte, la participation, l’économie sociale, les start ups…Au-delà des grands mots et des grandes théories – et c’est là où je veux en venir depuis le début ce texte qui est trop long, je sais – on peut maintenant agir au au niveau personnel. Personnel. Moi. Et toi. 

Il faut prendre le risque de changer nos idées traditionnelles.

Il est aujourd’hui possible d’enclencher de nouvelles actions concrètes et efficaces pour faire avancer un projet collectif : le nôtre.

C’est un nouvel espace politique et un nouveau rapport à l’action publique.
Vive la République, et vive la France !

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Les bienfaits de l’ubérisation

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Le secteur du conseil numérique dans lequel j’ai décidé de créer mon entreprise n’échappe pas – non plus – à des transformations radicales. Elles sont d’ailleurs en cours depuis maintenant quelques années, portées par Internet et ses plateformes de mises en relation, qui rapprochent beaucoup plus facilement les entreprises qui recherchent des compétences, et les experts qui les possèdent. 

Un nouveau modèle plus collaboratif et moins cher

Malgré un très grand nombre d’acteurs sur le marché du conseil, un nouveau modèle plus collaboratif et moins cher est en train de s’inventer pour répondre au besoin des entrepreneurs et petites entreprises, qui représentent pourtant quand même 94% des entreprises en France. 
Si le marché du conseil aux entreprises représente en France près de 5 Milliard d’Euros, plus de la moitié des PME et près de 70% des TPE n’y ont jamais eu recours. Les raisons évoquées par ces petites entreprises sont souvent les mêmes… 
Si le coût est le premier frein, l’aspect chronophage et théorique du conseil sont également souvent cités. Si l’on rajoute à cela la difficulté d’identifier et de sélectionner le bon interlocuteur et la possibilité d’y accéder géographiquement, on comprend aisément l’aversion des entrepreneurs à recourir au conseil.

Une nouvelle chance 

Internet et les nouvelles technologies forcent à penser et à travailler autrement. Cette disruption dans tous les secteurs est une chance pour les utilisateurs et les entreprises d’avoir accès plus facilement à plus de services. Grâce aux technologies, il est beaucoup plus aisé de se former, d’identifier, de contacter et de travailler avec des personnes hors de nos réseaux. Les relations entre les professionnels et leurs attentes ont évolué à travers ces nouveaux usages, portés par une génération d’entrepreneurs plus jeunes (20% des entreprises sont aujourd’hui créées par des moins de 30 ans). 

Les plateformes de mise en relation directes permettent d’éliminer les intermédiaires et diminuent donc les coûts. Elles permettent également d’identifier pour chacune de ses problématiques le spécialiste qui pourra nous aider, qu’il soit dans la même ville ou à l’autre bout du monde.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/pourquoi-le-marche-du-conseil-n-echappera-pas-a-l-uberisation-503711.html 

Réduire le chômage des jeunes à l’ère du numérique ou bien ?

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Avant toute chose, il me semble utile de préciser que j’ai bac-1 et que je ne suis absolument pas compétent en matière d’emploi. Je suis chef d’entreprise et mon entreprise n’a qu’un seul salarié : moi-même. Il n’en demeure pas moins que la progression du chômage m’inquiète, me mine, et qu’après tout, j’ai bien le droit de donner mon avis. Le progrès rapide des technologies de l’information et de la communication a profondément changé la façon dont nous vivons, travaillons, communiquons et apprenons. Ces mutations se sont accompagnées de périodes très difficiles pour les employeurs comme pour les travailleurs, et pèsent sur les systèmes de protection sociale et les institutions. 

Les jeunes forment un groupe particulièrement vulnérable.

Comment créer des possibilités d’emplois ? 

Comment préserver et développer le capital humain et améliorer la concordance entre l’offre et la demande de compétences ?

Il existe d’autres questions. 

Les plateformes Internet ont-elles un rôle ? 

Faut-il insister sur la formation professionnelle ? 

Faudrait-il moduler la sécurité de l’emploi, et appliquer des politiques ciblant des groupes sociaux spécifiques ?

Ce sont des questions majeures, et le Global Economic Symposium (GES), forum annuel de hauts responsables issus du secteur public, de l’université, de l’industrie et de la société civile, a identifié plusieurs approches novatrices nécessaires pour réduire le chômage des jeunes et le déficit de qualifications.

En premier lieu, les contrats à durée déterminée ou indéterminée doivent être remplacés par un contrat unique, ouvert, offrant une protection de l’emploi progressive. Beaucoup d’employeurs hésitent à embaucher en CDI en raison d’une réglementation rigide du marché du travail, et préfèrent enchaîner les CDD. D’où une forte rotation du personnel, préjudiciable à la productivité, et qui transforme les emplois temporaires en emplois sans avenir. Remplacer les contrats temporaires par des CDI dont le niveau de protection augmente avec le temps, briserait ce cycle ruineux.

Le GES propose aussi d’améliorer les perspectives des candidats à la création d’entreprise ; les pays devraient offrir aux chômeurs de vraies aides à la création d’entreprise. Bien que ces politiques contribuent à réduire le chômage, leur impact est soumis à des contraintes liées au capital financier et humain, de nombreux chômeurs n’ayant pas les connaissances, l’expérience ou la confiance nécessaires pour lancer une nouvelle entreprise. Ces aides devraient donc être couplées avec des formations aidées à l’entrepreneuriat.

Internet offre aussi de nombreuses possibilités et aide par exemple des personnes à s’insérer dans la chaîne de valeur mondiale. Les tâches dématérialisables peuvent être effectuées n’importe où dans le monde. Les jeunes, en général à l’aise avec les nouvelles technologies, peuvent ainsi proposer leurs services sur un marché considérablement élargi, ce qui peut être particulièrement intéressant pour des régions isolées.

À long terme, il faudrait combiner des politiques macroéconomiques, des réformes générales du marché du travail et des politiques ciblées. Comme première mesure, il est essentiel de doter les élèves de compétences recherchées pour faciliter leur entrée sur le marché du travail. Les gouvernements devraient investir également sur la formation “digitale”, et pas uniquement dans la technologie.

Il ne s’agit pas seulement avec la technologie de combler la « fracture numérique » en dotant les salles de classe d’ordinateurs et d’accès Internet. Il faut avant tout l’appliquer et l’intégrer dans les concepts pédagogiques pour offrir des modes d’apprentissage interactifs.

L’apprentissage personnalisé, le perfectionnement professionnel des enseignants et la collaboration devraient jouer un rôle essentiel dans la conception et la mise en oeuvre des pédagogies et technologies nouvelles. Les pionniers de l’éducation doivent être reconnus et soutenus comme des champions des nouvelles approches, via des programmes d’incitation. Sans oublier les investissements ciblés dans la recherche, notamment dans l’enseignement par la technologie et l’intégration pédagogique des technologies de l’information.

L’Uberisation pour les nul(le)s

Comme souvent avec notre ami le web – surtout en matière d’innovation, il n’y a pas d’accord universel sur la définition du mot “Uberisation” (ce qui rajoute de la confusion au bordel ambiant). Fort heureusement, nos amis de Deloitte, peu enclins à la fantaisie en matière de data, nous éclairent sur le sujet en avançant l’idée que l’Uberisation de l’économie se caractérise par 7 aspects essentiels :

1. Usage
L’usage d’un bien ou d’un service donné prédomine sur la possession de ce même bien ou service.

2. Echange
Connecter des gens qui recherchent un produit / un service avec ceux qui ont un produit / un service à offrir. Cet échange peut prendre la forme d’un troc, d’un partage, d’une vente ou d’une location.

3. Digital
Cet échange est supporté par des plateformes digitales : internet, mobile, tablettes, systèmes de paiement, etc.

4. Interdépendance
Le consommateur est au centre et le nombre d’intermédiaires est réduit au minimum.

5. Dynamique
Prix ajusté en temps réel suivant l’offre et la demande
L’accès au produit / service se fait à la demande, au moment et à l’endroit voulus par l’utilisateur.

6. Disruption
 Les modèles traditionnels sont remis en cause : les grandes entreprises sont menacées par des particuliers qui bouleversent le marché en un temps record.

7. Innovation
 Des approches nouvelles qui apportent un regard différent sur notre quotidien et le mieux-vivre, à travers l’expérience utilisateur.

Voilààà