Ma liberté, mon bien, mon ciel bleu, mon amour

Tout l’univers aveugle est sans droit sur le jour.
Fût-on cent millions d’esclaves, je suis libre.
Ainsi parle Caton. Sur la Seine ou le Tibre,
Personne n’est tombé tant qu’un seul est debout.
Le vieux sang des aïeux qui s’indigne et qui bout,
La vertu, la fierté, la justice, l’histoire,
Toute une nation avec toute sa gloire
Vit dans le dernier front qui ne veut pas plier.
Pour soutenir le temple il suffit d’un pilier ;
Un français, c’est la France ; un romain contient Rome,
Et ce qui brise un peuple avorte aux pieds d’un homme.

Victor Hugo

Bonne nouvelle !

Eh oui : je vais commencer ce post par une bonne nouvelle : les entreprises françaises commencent à prendre conscience que le digital, c’est pas du mou de veau (expression niortaise) ! L’an passé, nos amis d’Apax Partenrs lançait le premier baromètre de la maturité digitale des ETI françaises. La conclusion de cette enquête était claire : les dirigeants des ETI n’avaient pas encore donné l’impulsion nécessaire pour amorcer la transformation digitale de leur entreprise 🙁

Qu’en est-il en 2018 ? Eh bien c’est la bonne nouvelle annoncée : les choses ont changé. Premièrement, l’impulsion est là : les dirigeants ont pris le digital à bras le corps, la moitié d’entre eux ayant fait le choix d’en assumer directement la responsabilité. Deuxièmement, ils appréhendent désormais ce changement de manière très positive. 94 % des chefs d’entreprise interrogés considèrent ainsi le digital comme un puissant levier de création de valeur (une ETI est une très grosse boite genre entre 250 et 4 999 salariés avec un CA inférieur à 1,5 milliard € (une paille).

Bon, comme le souligne l’excellent Gilles Babinet dans son édito : “si 2017 marque une prise de conscience digitale de la part des ETI françaises, et connaît des investissements numériques massifs de la part des grands groupes, elle n’est pas l’année où la France rattrape son retard digital à l’échelle européenne. Sur les 28 pays de l’Union, la France se positionne à la 16e place de l’indice DESI (Digital Economy and Society Index) 2017. Une progression de deux places depuis 2016, mais un niveau d’intégration des technologies numériques par les entreprises encore en-deçà de la moyenne européenne”.

Deux freins structurels ralentissent encore la France et l’empêchent de combler son retard. D’abord, la résistance du modèle managérial, qui reste peu adapté aux enjeux digitaux, alors qu’il s’agit d’un sujet central. Ensuite, le niveau des charges appliquées aux entreprises françaises, beaucoup plus lourdes que la moyenne européenne. Conséquence ? Une capacité d’investissement plus faible. Bien qu’aujourd’hui le gouvernement se montre plus favorable aux entreprises, il faut malgré tout continuer à y porter le message qu’il reste encore beaucoup à faire : car lorsque l’on pense s’être mis en marche, c’est sans compter que d’autres courent désormais.

Putain de belle conclusion.

Google donne accès à l’Intelligence Artificielle sans avoir à coder

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Google est fortement impliqué dans le développement de l’Intelligence Artificielle, après en avoir créé une qui permet de savoir si vos photos vont plaîre aux autres ou avoir ouvert un centre de recherche pour l’IA en Chine, Google veut ouvrir cette technologie à plus d’entreprises.

Pour créer et entraîner une IA, il est bien souvent nécessaire de coder, de maîtriser les algorithmes ou de recruter les profils qualifiés. Google semble avoir la solution à ce problème, avec la version alpha de Cloud AutoML Vision : un ensemble d’outils qui forme l’IA sans le besoin de coder. Via un simple « glisser-déposer», ce service crée des systèmes de reconnaissance d’image. Pour le faire fonctionner, il suffit de charger des photos, les étiqueter et lancer le processus de formation !

Pour faire simple, Cloud AutoMl Vision c’est :

– une rapidité d’exécution, en quelques minutes vous pouvez créer votre modèle,

– une précision des modèles, même si votre expertise en « machine learning » est faible,

– une facilité d’utilisation, grâce à une interface simple, mais qui répond à vos besoins.

Bien évidemment, cela a un coût. Pour y avoir accès, il faut faire une demande, si elle est acceptée des frais vous seront facturés pour la formation et l’accès aux outils.

De cette manière, l’IA et notamment la reconnaissance d’image devraient être de plus en plus accessibles. Les outils de Google vont permettre aux entreprises de se familiariser petit à petit avec l’IA afin de l’utiliser plus facilement.

Pour vous donner des cas concrets d’utilisation :

– Urban Outfitters utilise Cloud AutoML pour automatiser le processus d’attribution des produits en fonction de caractéristiques comme les motifs ou les types de décolletés, ce qui permet à la marque un gain de temps accru

– Disney utilise Cloud AutoML pour vous aider à faire des recherches de produits sur les personnages de dessins animés en fonction de l’apparence et non d’un tag,

– La Zooligacl Society of London utilise les outils de Google pour automatiser le marquage des images prises dans la nature, qui capturent des animaux.

AutoML Vision est le fruit d’une collaboration entre le Google Brain et des équipes de Google IA. L’IA reste un sujet récent et complexe, la rapidité de développement et d’exécution chez Google est incroyable.

Source : Engadget.

Le nouvel âge de la révolution numérique par Gilles Babinet*

Coup sur coup, deux prises de parole majeures pourraient donner le ton en ce qui concerne l’accélération de la révolution numérique. Celle, d’une part, de Mark Zuckerberg, dans ses voeux de Nouvel An, parlant de l’importance qu’il peut y avoir à décentraliser la technologie et à la mettre dans les mains des individus plutôt que dans des plates-formes. Dans l’esprit du fondateur de Facebook, on peut penser qu’il perçoit une rupture entre le monde auquel il appartient – une plate-forme centralisée – et celui qui vient – des systèmes d’information et de transactions décentralisés – suffisamment forte pour être de nature à remettre en cause la domination de son entreprise. 

Par ailleurs, l’annonce, en début de semaine, d’un lancement d’une immense levée de fonds – entre 3 et 5 milliards de dollars -, par Pavel Durov, le fondateur de Telegram (on murmure qu’il est aujourd’hui à Paris et qu’il rencontrerait les plus hautes autorités de l’Etat) s’inscrit dans cette logique. En associant Telegram, une messagerie largement décentralisée et hautement sécurisée, avec une cryptomonnaie, Durov créerait un système presque imparable pour démultiplier des échanges marchands désormais informels, invisibles des autorités de régulation et des Etats. 

Il faut ici comprendre que des gens comme Zuckerberg et Durov ont déjà eu un impact considérable sur la marche du monde. Leurs plates-formes respectives ont impacté de façon forte les élections, les marchés financiers, les lois dans le monde entier – et cela, donc, pourrait ne représenter qu’une première étape. 

Si Durov et Zuckerberg lançaient des cryptomonnaies et autres technologies de décentralisation, ils en affaibliraient d’autant les Etats. Car l’enjeu qui se présente à nous est désormais celui d’un transfert massif de souveraineté des Etats et institutions structurantes vers des systèmes numériques décentralisés. Nous avons tous à l’esprit la fameuse cryptomonnaie bitcoin, qui a profondément ébranlé l’idée que seuls les Etats pouvaient émettre de la monnaie. Il est acquis que ce n’est là qu’un premier pas. Pour saisir les enjeux de cette décentralisation, il faut comprendre que ces services sont capables de créer des systèmes de transactions qui s’appliquent à beaucoup de biens (valeur financière, données, services, biens physiques…) sans nécessairement avoir d’autorité centrale. En conséquence, elles peuvent largement s’affranchir des juridictions et des contraintes territoriales. Quid lorsque ces services vont s’étendre à l’assurance, à la santé, au transport (une tentative de VTC basé sur une technologie décentralisée a été lancée à New York) et ainsi de suite ? 

Croire que l’on pourrait cantonner la puissance de décentralisation de ces technologies revient à faire preuve de naïveté. 

Aujourd’hui, des Etats comme la Chine où l’Iran bloquent les systèmes – dits de réseau virtuel privé ou VPN – qui permettent de contourner les mesures de filtrage. Reste que ce blocage sera de plus en plus facile à contourner. 

La logique voudrait que les Etats comprennent des nouvelles dynamiques et mettent en place des stratégies westphaliennes, c’est-à-dire des collaborations pragmatiques avec la technologie et ses auteurs. Déjà les systèmes de renseignements de certains Etats ont entrepris des collaborations très poussées avec le monde très informel des hackers (Chine, Royaume-Uni, Russie…) ; d’autres tentent de virtualiser les services publics et d’étendre cela à des cybercitoyens (Estonie). Prendre acte de l’aplatissement du monde, de sa décentralisation et, tel un pratiquant de judo, utiliser cette force pour concentrer son utilité sur quelques points de principe forts où cela est nécessaire et légitime devrait être le coeur d’une nouvelle doctrine politique, stratégique et diplomatique. 

Il y a là une rupture dans l’ordonnancement du monde : les Etats, omnipotents par leur maîtrise de la violence légitime sur un espace physique déterminé, pourraient bien se faire marginaliser par leur incapacité à maîtriser les espaces cybernétiques. Comme les seigneurs locaux du Moyen Age l’ont été avec l’unification des territoires qu’a induit le changement d’échelle géographique lors de la Renaissance, ils pourraient, faute de comprendre ces dynamiques, devenir largement inutiles. 

* Gilles Babinet est digital champion de la France auprès de la Commission européenne.