La connaissance est comme la connerie : elle est infinie.
Si les matières premières sont finies, la connaissance est infinie. Donc si notre croissance est basée sur les matières premières, elle ne peut pas être infinie. Si elle est basée sur la connaissance, une croissance infinie est très facile à atteindre. Et c’est une bonne chose car l’économie de la connaissance recouvre la totalité du développement durable. Notre économie croissante indexée sur les ressources, même renouvelables, n’est pas durable. Une économie croissante indexée sur la connaissance est durable.
En 1984 Steve Jobs rencontre François Mitterrand et affirme “le logiciel, c’est le nouveau baril de pétrole”. Trente ans plus tard Apple possède une trésorerie de la taille du PIB du Vietnam ou plus de deux fois et demie la totalité du fond souverain Algérien – basé lui sur les ressources – et l’homme le plus riche du monde n’est pas un pétromonarque mais un magnat du logiciel.
Alors oui l’économie de la connaissance nous y sommes déjà, quand la Corée du Sud, dont l’économie croit exponentiellement depuis les années 1950 sans quasiment aucune réserve de matière première, a expérimenté un Ministère de l’Economie de la Connaissance, ou quand Barack Obama courtise les meilleurs geeks de son pays comme Elon Musk et Taylor Wilson, et qu’il en nomme même – comme Steven Chu et Ernest Moniz – Ministre de l’Energie, un poste autrefois dévolu aux vieux briscards des hydrocarbures.
La connaissance mondiale double environ tous les 9 ans, un chiffre hallucinant qui signifie qu’en moins d’une décennie, l’humanité produit plus de connaissances nouvelles que dans les sept mille dernières années de son histoire… Nos modes de transmission de connaissance sont eux restés très archaïques malgré l’émergence des Web 1.0 et 2.0. Or l’avenir économique mondial appartiendra à ceux qui sauront faire circuler la connaissance à la fois beaucoup mieux et beaucoup plus vite.
L’économie de la connaissance est une révolution.
Elle est aussi différente de l’économie classique que l’était la physique quantique de la physique classique. Tout d’abord la connaissance a deux propriété sociales : elle est prolifique (elle double rapidement) et elle est collégiale (chacun en possède un petit morceau). Ensuite les échanges de connaissance obéissent à trois règles profondément différentes de celles qui régissent les échangent de capital et de matière première.
Règle N°1. Les échanges de connaissance sont à somme positive.
Si je vous donne de la connaissance, je la possède toujours, alors que si je vous donne 20 euros ils ne sont plus à moi. Serge Soudoplatoff rappelle : “quand on partage un bien matériel on le divise, quand on partage un bien immatériel on le multiplie”.
Règle N°2. Les échanges de connaissance ne sont pas instantanés.
Donner 20 euros ou 20 millions d’euros prend virtuellement la même durée : une signature sur un chèque. Si par contre je veux vous donner la chromodynamique quantique cela prendra du temps.
Règle N°3. Les regroupement de connaissance ne sont pas linéaires.
Posséder 20 euros et 20 euros c’est posséder 40 euros. Mais savoir deux choses en même temps c’est plus que savoir deux choses séparément. Regrouper du capital ne crée pas de capital, mais regrouper de la connaissance crée de nouvelles connaissances.
Ces règles engendrent un monde grandiose et nouveau qui va profondément changer les rapports humains. Mais ce que j’aime le plus avec l’économie de la connaissance c’est la structure de son pouvoir d’achat. En ce moment, nous réalisons une transaction de connaissance. Vous me lisez, je vous donne de la connaissance, et vous me donnez deux choses en échange : votre attention et votre temps.
Tout le monde sur terre ne naît pas avec 1000 Euros en poche (ce qui devrait pourtant être un droit de l’Homme) mais tout le monde naît avec de l’attention et du temps à dépenser. De plus, le chômeur ou le prisonnier, à accès égal, a plus d’attention et de temps à revendre, donc plus de pouvoir d’achat.
L’économie de la connaissance possède une dimension intrinsèquement juste.
Enfin dans quelle circonstance maximiserons-nous notre pouvoir d’achat dans l’économie de la connaissance ? Dans quelle circonstance donnons-nous toute notre attention et tout notre temps à quelqu’un ? Quand nous sommes amoureux ! On n’apprend jamais aussi vite que quand on est amoureux d’une connaissance, et l’économie de la connaissance maximise donc la productivité et le pouvoir d’achat des amoureux sincères du savoir… Nous devrions en tenir sérieusement compte dans notre éducation et dans nos entreprises.
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