L’année qui s’achève restera sans doute comme l’année de la dystopie, celle où l’actualité scandée jour après jour nous aura semblé tout droit sortie d’un roman d’anticipation. De même que la transformation des expériences quotidiennes les plus banales – déambuler dans les rues au milieu d’une foule masquée, saluer ses collègues du coude, n’entrer dans les commerces qu’après avoir procédé à ses ablutions hydro-alcoolisées – semble frappée d’irréalité. Le répéter n’est pas très original : la pandémie de Covid-19 a été non seulement le fait majeur de l’année qui s’achève, mais aussi l’événement qui a le plus marqué la marche du monde depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est le début de l’édito du jour dans Le Monde et je le trouve gégène
😊
Mais qui aurait pris au sérieux, voilà seulement dix-huit mois, un discours alertant sur l’émergence d’une infection respiratoire capable de se propager à l’ensemble du globe en quelques semaines, de tuer plus d’un million huit cent mille individus en moins d’un an, de précipiter des dizaines de millions d’autres dans la pauvreté, de faire plonger les cours du brut au-dessous de zéro, de contraindre les gouvernements à confiner simultanément plus de la moitié de l’humanité et à réduire de manière spectaculaire les libertés individuelles – jusqu’à interdire aux familles de visiter leurs mourants et, de facto, aux parents et aux amis de se réunir pour célébrer la nouvelle année ?
De mon côté, plus personnellement je veux dire, j’aurais bien aimé poster un chaton tout meugnon avec « bonne année 2021 deux points tout va bien » – comme je commence à en croiser – mais non. Pas cette année taoua.
Face à l’ampleur de la menace et à la gravité de la situation actuelle, je ne vois qu’un seul truc à nous souhaiter pour l’année à venir : de la résilience, camarade.
Résilience dont je n’avais que la définition de notre ami Boris Cyrulnik – remarquable – mais dont je vient d’apprendre pas plus tard que ce matin même une nouvelle approche signée Crawford Stanley Holling (photo) et qui date des années 1970 : « la capacité d’un système à absorber une perturbation en se réorganisant ou en modifiant sa structure, tout en conservant ses fonctions essentielles, son identité et ses capacités de contrôle ».
Et j’aime beaucoup : « la capacité d’un système à absorber une perturbation en se réorganisant ou en modifiant sa structure, tout en conservant ses fonctions essentielles, son identité et ses capacités de contrôle ».
Réussir à trouver l’énergie pour nous mobiliser sur ce bel objectif collectif qui me semble, aujourd’hui, le plus beau truc à nous souhaiter, en dehors de la santé, l’amitié l’amour et la joie bien évidemment.
Biz