Penser comme un stratège chinois

Une autre vision de la stratégie et de l’efficacité

Un texte de Matthieu Dardaillon

La stratégie, pour moi, c’est l’art de choisir où investir son énergie.

Et en la matière, les stratèges chinois ont beaucoup à nous apprendre.

J’ai lu il y a 3-4 ans un petit livre, “Conférence sur l’efficacité” de François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue français (= spécialiste de la Grèce antique et de la Chine), qui a eu un grand impact sur moi.

Dans ce livre très court – qui est en fait la retranscription d’une conférence – il explore la notion d’efficacité en comparant les approches occidentales et chinoises.

J’ai été fasciné par cette autre manière de voir le monde, le leadership, la stratégie, mais aussi le temps ou l’histoire. Je me suis depuis passionné pour la philosophie chinoise et le wu wei (on y vient plus loin !).

Bienvenue dans un mini-voyage dans nos manières de penser.

Au programme : La stratégie dans la pensée occidentale La stratégie dans la pensée chinoise Deux visions du monde Qu’en retenir pour l’action ?

La stratégie dans la pensée occidentale 🏺

La pensée occidentale est fortement influencée par la philosophie grecque.

Pour François Jullien, la façon grecque de concevoir l’efficacité peut se résumer comme ceci : “Pour être efficace, je construis une forme modèle, idéale, dont je fais un plan et que je pose en but ; puis je me mets à agir d’après ce plan.”

Autrement dit, en règle générale :

  • Nous définissons un but
  • Nous établissons un plan
  • Nous passons à l’action

Planifier pour trouver la voie la plus courte

L’enjeu est donc d’identifier le meilleur plan pour atteindre l’objectif.

On le sait, les premiers penseurs de la stratégie sont des militaires. Et le premier grand théoricien de la stratégie militaire en Europe fut Carl von Clausewitz, officier général prussien au début du XIXème siècle.

Voici comment il formule la chose : “Tu viseras le but le plus important, le plus décisif, que tu sentiras la force d’atteindre ; tu choisiras à cette fin la voie la plus courte que tu sentiras la force de suivre.”

Insister en cas de résistance

Le problème est que, dans la réalité, cela ne se passe jamais exactement comme imaginé. Il y a toujours de la friction, de la résistance, une différence entre le plan et les circonstances réelles.

Dans le domaine militaire, on voit bien l’image du général qui trace un plan des opérations sous sa tente avant d’engager ses troupes. Mais sur le terrain, cela ne se passe jamais vraiment comme prévu : la pluie peut s’inviter, il peut y avoir des retards, l’adversaire est imprévisible…

Après la théorie vient la pratique, pourrait-on dire. D’ailleurs, il est intéressant de voir que “pratique” vient de prattein en grec, “faire” ou “faire entrer”, ce qui sous-entend toujours plus ou moins un forçage.

En politique ou en entreprise aussi, il est fréquent d’imaginer une forme idéale de quelque chose puis de passer à l’application, avec toujours plus ou moins de forçage.

Bien souvent, si le plan n’est pas bon, il faut néanmoins s’y tenir, coûte que coûte. A force d’effort et d’acharnement, le plan pourrait bien produire des effets ! Et puis, imaginez, si l’on change et que l’on se retrouve sans aucun plan, complètement démuni, ce ne serait pas bien pire…?

Ainsi, on peut compléter l’approche :Nous définissons un but Nous établissons un plan Nous passons à l’action En cas de résistance, nous redoublons d’efforts pour atteindre le but

Les limites de l’approche

J’en vois deux majeures : planifier devient de plus en plus difficile, dans notre monde de plus en plus complexe – incertain – chaotique : la seule certitude est l’incertitude comme je l’ai déjà évoqué dans ce post sur les temps postnormaux. Comment prévoir un plan pertinent dans ce contexte ? On est à peu près sûr de rencontrer des résistances par rapport au plan initial… C’est une manière d’agir qui est coûteuse en énergie. On sent bien dans la citation de Clausewitz que l’effort dépensé est important (“que tu sentiras la force d’atteindre” ; “que tu sentiras la force de suivre »), que l’énergie disponible est un facteur limitant ; autrement dit, que cette approche n’optimise pas l’énergie investie.

La stratégie dans la pensée chinoise 🐉

Le stratège chinois a une toute autre approche.

Précisons que nous parlons ici de stratégie liée à la philosophie chinoise.

Cette pensée est très inspirée par Sun Tzu, général chinois du VIème siècle avant J.-C et auteur de l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu : L’Art de la guerre.

Elle a, je trouve, une modernité extraordinaire.

Détecter des facteurs porteurs

En philosophie chinoise, la stratégie consiste à tirer parti des circonstances.

L’enjeu n’est autre que de détecter des facteurs porteurs au sein de la situation pour se laisser porter par eux.

Évaluer le potentiel de situation

Ainsi, le stratège cherche à repérer où se trouve le potentiel à partir de la situation, et non d’une situation préalablement modélisée.

Il/elle voit comment la situation évolue et cherche à exploiter ce qui, en elle, est l’orientation favorable.

Dans le domaine militaire, le stratège va par exemple tracer un diagramme du potentiel de situation de chaque camp, qui révèle sur chaque point le rapport de forces. Par exemple : qui a les meilleures troupes, le meilleur général, le meilleur moral… ?

Faire mûrir les conditions

Le stratège n’a pas de but prédéfini, pas de plan, il ne projette pas. Ce serait une entrave au regard de l’évolution du contexte.

Ainsi, le rôle du grand stratège peut se résumer comme suit :Il détecte les facteurs qui lui sont favorables, afin de les faire croître ; En même temps qu’il cherche à diminuer ceux qui seraient favorables à son adversaire. Si la situation est défavorable dès le début, le stratège travaille à inverser la dynamique. Par exemple : si l’ennemi arrive reposé, il faut commencer par le fatiguer. S’il arrive rassasié, il faut commencer par l’affamer. S’il arrive uni, il faut commencer par le désunir. Chemin faisant, le potentiel s’inversera en notre faveur.

Telle est la grande règle de la stratégie chinoise. Tant que ce n’est pas mûr, je favorise le mûrissement et ne force pas”, résume François Jullien.

Chercher la victoire avec le moins d’effort possible

Puis, il cherche la victoire facile. “Si je n’engage le combat que lorsque j’ai déjà gagné, je gagne à tous les coups, sans dépense et sans résistance” résume le philosophe.

Cela rejoint la philosophie du wu wei, “philosophie du non-agir”.

On a vite fait de la résumer comme une approche du renoncement, de la passivité, du désengagement. C’est une réelle mécompréhension.

On aurait tort de ne retenir que “Ne rien faire” pour la décrire. La formulation complète la plus juste serait “Ne rien faire, mais que rien ne soit pas fait”, que l’on pourrait même voir comme “Ne rien faire, de sorte que rien ne soit pas fait.”

L’exemple ci-dessous aide à bien comprendre l’idée :

L’exemple de la poussée des plantes 🌱

Tirer sur les pousses ne fait pas pousser les plantes – voire même, en voulant accélérer la poussée, en agissant directement sur la plante, je peux aller à l’encontre du processus.

Alors, que faut-il faire ?Ni tirer sur la pousse, ni la regarder pousser. Il faut laisser faire le processus, sans pour autant le délaisser. Il faut biner, rendre la terre meuble, l’aérer… pour favoriser la poussée. En secondant le processus de poussée, on tire parti des processus à l’oeuvre et on les porte à leur plein régime.

Lao-Tseu, autre grand penseur chinois, écrit : “Aider ce qui vient tout seul”.

Deux visions du monde 🧿

Ces différences de conception de la stratégie ont de nombreuses implications que je trouve vraiment passionnantes :

Efficacité vs Efficience

Dans la pensée occidentale, l’objectif est l’efficacité, le chemin le plus court. Le stratège chinois recherchera l’efficience, qui prend en compte l’énergie déployée. Il cherchera à repérer les facteurs porteurs, pour se laisser porter tel un surfeur, pour prendre appui sur les transformations silencieuses à l’oeuvre.

Direct vs Indirect

Le général occidental agit directement sur la situation. Le général chinois agit sur les conditions, sur l’indirect.

Par exemple, lors de la guerre du Vietnam, les Américains cherchaient “la grande bataille” avec un maximum de puissance focalisée. Face à cela, les Vietnamiens ont eux cherché à déjouer en faisant en sorte qu’“il n’y ait pas de bataille”, pour les décontenancer.

Visible vs Discret

L’efficacité est visible, spectaculaire, héroïque. Elle découle de l’action, remarquable, qui transforme le monde. L’efficacité chinoise est discrète. Elle est le fruit d’une transformation. La grande victoire ne se voit pas. On ne voit pas le général opérant en amont, faisant mûrir les conditions. On ne voit pas la plante pousser.

Grande victoire vs Victoire facile

Le stratège à la Napoléon recherche la grande victoire, le coup d’éclat, l’action épique. Le stratège chinois recherche la victoire facile.“Si je n’engage le combat que lorsque j’ai déjà gagné, je gagne à tous les coups, sans dépense et sans résistance” écrit François Jullien, résumant l’approche.

Nous pourrions le méditer en politique comme dans le domaine de l’entreprise”, ajoute-t-il.

Moi vs La situation

Pour Clausewitz, l’efficacité consiste dans “la voie la plus courte” entre le sujet et son but. L’efficacité part de soi. La pensée chinoise part de la situation plutôt que de soi. Ce n’est pas moi qui veut, ce sont les les conditions, opportunément utilisées, qui aboutiront au résultat. Les conditions travaillent pour moi.

Action vs Transformation

Alors que l’action :Est délimitée dans le temps, Se voit – l’action est visible, Est locale – elle se passe ici et maintenant, Renvoie à un sujet – celle, celui, ceux qui agissent.

Le maître-mot de la pensée chinoise est Transformation.

  • Non pas agir, mais transformer. La transformation s’étend dans le temps – c’est un processus progressif et continu,
  • Ne se voit pas – on ne voit pas le fruit en train de mûrir mais on constate un jour qu’il est devenu mûr, prêt à tomber,
  • Est globale – c’est l’ensemble qui se transforme, ne renvoie pas à un sujet spécifique.

Vision de l’Histoire

En tant qu’Occidentaux, nous voyons généralement l’Histoire à partir d’événements, autour de dates clés : 1789, la guerre 14-18, le 11 septembre… Traditionnellement, les Chinois sont indifférents aux “Grands récits”. Le Sage est attentif au non-événement, au mode silencieux de la transformation.

Note : dans notre culture, il y a aussi des exceptions comme Fernand Braudel qui a pensé le temps long des mutations, en étudiant par exemple la montée du capitalisme en Europe.

Le bon moment

C’est peut-être mon préféré 🙂

En Europe, nous cherchons le kairos, le bon moment pour engager l’action. La pensée chinoise déplace la pensée de l’occasion pour la reporter en amont. Cela se joue en 2 temps :

Le moment initial : c’est le réel point de départ de l’occasion, son amorce, le “ji”. Par exemple, pour les pousses, cela se joue en février, la sève est déjà dans les racines mais pas encore dans les branches, et il n’apparaît pas de bourgeon. Le rôle du stratège est d’accompagner le processus de mûrissement.

Le véritable moment stratégique est là : un essor est à venir, le facteur porteur est à peine perceptible, c’est le moment décisif. Sans précipitation ni hésitation, c’est le moment d’accompagner son émergence. Vient ensuite le moment final, où “la victoire est facile” : il suffit de tendre le bras pour cueillir le fruit.

Et s’il n’y a pas de facteur favorable ? Si, en cherchant à détecter un facteur porteur, je ne trouve rien… qu’est-ce que je fais ?

“Rien !” réponds le stratège chinois, “car ce sera peut-être beau, tragique, héroïque, mais de peu d’effet.”

Dans ces conditions, il est urgent d’attendre. Le monde ne cesse de se renouveler. Du potentiel se réamorcera, des opportunités émergeront. En attendant, il est sage de se retirer et de s’épargner une débauche d’énergie !

Qu’en retenir pour l’action ? ✌️

Alors, que faire de tout ça, concrètement ?

François Jullien conclue en nous invitant à “circuler à travers ces intelligibilités différentes et les faire dialoguer”, car “c’est sans doute cela l’intelligence.”

Il n’y a pas un mode d’action meilleur que l’autre.

Voici deux jambes sur lesquelles s’appuyer.

Il donne l’exemple du général de Gaulle qui, par son parcours, a su remarquablement combiner les deux : Il a su avoir le courage héroïque du Non, dans une France humiliée par la défaite de 1940, avec un potentiel de situation équivalent à zéro, en mobilisant celles et ceux qui ne voulaient pas se résigner. Plus tard, entre 1953 et 1958, le général vit une sorte de “traversée du désert”. Il choisit de se mettre en retrait car les conditions politiques ne sont pas réunies avec l’instabilité politique de la Quatrième République. Il se retire et attend que “la situation vienne le chercher” : avec la Guerre d’Algérie, de plus en plus répètent “Il faut rappeler le général de Gaulle”. Il revient, avec un maximum de potentiel de situation, ce qui lui permet d’aller jusqu’à changer la Constitution.

Le général de Gaulle aura réussi à coupler les deux : “s’appuyer sur les facteurs porteurs mais aussi mobiliser les volontés.”

De mon côté, je disais que ces idées m’avaient beaucoup marquées.

Voici comment elles nourrissent mes actions au quotidien :

Je trouve que l’alliance de ces deux approches est particulièrement pertinente pour répondre aux grands défis de notre époque, ou pour engager des transformations en entreprise par exemple : La stratégie chinoise résonne énormément pour moi avec l’approche systémique, qui valorise l’indirect, l’invisible, les transformations profondes, le long terme…

Je cherche de plus en plus à “créer les conditions” vs agir directement (quand cela est pertinent). En même temps, il faut réussir à faire des avancées concrètes, visibles, et les raconter pour montrer qu’il est possible de faire différemment. Pour cela il faut focaliser notre énergie au bon endroit, et ne pas se disperser. Ainsi, je le vois comme une invitation à trouver des points d’acupuncture dans le système : “Où est-ce qu’avec peu d’efforts, nous pouvons créer de grands effets ?”.

C’est une question qui m’accompagne en permanence au quotidien. Un de mes nouveaux mantras est “Effortless Impact” : je cherche des moyens d’avoir le plus d’impact, avec le moins d’effort. Ce n’est pas de la fainéantise, mais un regard stratégique par rapport à toutes les transformations à mener. Ainsi, paradoxalement, s’inspirer du “non-agir” du wu wei me paraît particulièrement bénéfique pour les acteurs de changement, pour plus efficience dans l’action. Je suis sans cesse en observation du “Ji”. Je trouve passionnant le fait de chercher à sentir ce qui émerge, mais n’est pas encore visible. Au fond, je crois que c’est ce que je viens de faire pendant un an. J’aime accompagner les émergences pour les amplifier. Je suis vigilant là où j’investis mon énergie. Avant de me lancer dans quelque chose, je m’assure que les conditions sont réunies, que les facteurs sont porteurs. Sinon j’investis mon énergie autre part, il y a tellement de défis et de projets passionnants à mener !

A très vite pour continuer à redessiner le monde ! ✍️

Source + intégralité du texte : https://matthieudardaillon.substack.com/p/penser-comme-un-stratege-chinois

Algorithme et intelligence artificielle : quelle différence ?

C’est clair, l’intelligence artificielle s’invite de plus en plus dans les discussions. Mais sait-on réellement de quoi il s’agit ? Si les applications alimentées par l’IA sont désormais très nombreuses, il existe encore une confusion entre l’intelligence artificielle et les algorithmes. Pour cette raison, je vous propose de vous aider à y voir plus clair. Avant de nous pencher sur l’intelligence artificielle, essayons de préciser ce qu’est un algorithme.

Algorithme : de quoi s’agit-il ?
Un algorithme est un ensemble de règles qui doivent être suivies afin d’accomplir une tâche ou de résoudre un problème. Contrairement aux apparences, les humains se servaient des algorithmes bien avant l’émergence de l’outil informatique. En effet, les recettes de cuisine et les opérations mathématiques sont des algorithmes, car elles suivent un processus par étapes pour aboutir à un résultat. Un métier à tisser est également un algorithme.

En informatique, les algorithmes sont considérés comme des instructions qui aident l’ordinateur à accomplir des tâches bien spécifiques. Ils jouent également un rôle majeur dans le fonctionnement des réseaux sociaux. C’est grâce à eux que s’affichent l’actualité ou les publicités qui vous sont proposées. Les algorithmes sont aussi essentiels pour les moteurs de recherche. En effet, ils permettent d’optimiser la recherche, mais aussi de prédire ce que l’internaute va taper.

La pensée algorithmique est utile dans de nombreux domaines. À l’heure de la Data Science, de l’intelligence artificielle et du Machine Learning, les algorithmes représentent ainsi un élément clé dans la nouvelle révolution industrielle qui a lieu.

Les algorithmes utilisés dans l’intelligence artificielle sont des algorithmes spécifiques dont les modèles produits évoluent en fonction des données qui leurs sont fournies et dont ils se « nourrissent ».

Intelligence artificielle : définition

Différente de l’intelligence humaine, l’intelligence artificielle (IA) aide à concevoir des dispositifs et des systèmes capables de résoudre des problèmes comme le ferait un humain. Par conséquent, l’intelligence artificielle revient à demander à une machine d’imiter le raisonnement humain.

Machine Learning : de quoi s’agit-il ?

Le Machine Learning ou – je préfère – apprentissage automatique est un sous-ensemble de l’IA. Cette technologie permet aux machines de reconnaître les données et de les mettre à la disposition d’applications qui utilisent l’IA.

L’idée qui se cache derrière l’apprentissage automatique est d’introduire un grand nombre de données dans des algorithmes (ou modèles) et de laisser les choses se faire. Le Machine Learning est à l’origine du développement d’un grand nombre de services comme le système de recommandation de Netflix, de YouTube ou de Spotify.

Deep Learning : c’est quoi ?

Sous-domaine du Machine Learning, le Deep Learning ou apprentissage en profondeur offre la possibilité de créer des systèmes capables d’apprendre, de prévoir et de décider en parfaite autonomie. Cette forme d’intelligence artificielle fonctionne grâce à des algorithmes qui imitent le cerveau humain. Pour y arriver, ils utilisent un large réseau de neurones artificiels.

Ce réseau est composé de plusieurs couches qui sont interconnectées. La première correspond aux neurones d’entrée tandis que la dernière aide à transmettre le résultat final. Entre ces deux couches se trouvent plusieurs autres qui permettent de traiter l’information. Une telle architecture est propre au Deep Learning et contribue à une analyse plus précise des données d’entrée.

Plus le réseau de neurones est profond, plus le système est en mesure d’effectuer des tâches complexes. Lorsqu’une information est traitée, les connexions entre les neurones s’étendent, ce qui offre la possibilité d’améliorer les décisions. Aujourd’hui, cette technique est utilisée pour analyser des images, créer du contenu textuel ou améliorer la cybersécurité de vos clients si vous évoluez dans ce domaine. C’est grâce au Deep Learning que ChatGPT s’est développé il y a quelques années pour devenir une référence IA de nos jours.

En résumé
L’algorithmique sous-tend l’intelligence artificielle, le Machine Learning et le Deep Learning qui sont étroitement liés. Chacun possède toutefois des caractéristiques bien distinctes. L’IA permet aux ordinateurs, aux machines et aux robots d’imiter l’être humain lors de la prise de décisions ou dans la résolution de problèmes. Quant au Machine Learning, il est centré sur la création d’applications qui arrivent à apprendre en se basant sur des données. Enfin, le Deep Learning offre la possibilité aux ordinateurs de résoudre des problèmes très complexes.

Source + intégralité de l’article : https://www.datasulting.com/articles/algorithme-intelligence-artificielle-machine-learning-deep-learning-quelle-difference/

Les 12 discours de l’inaction climatique et comment y répondre ?

Salut,

Je vais commencer par dire que l’intégralité de ce texte et de cette démarche sont le fruit de bonpote, un super média indépendant sur le changement climatique. Voilà. Pour le reste, on ne peut que se réjouir d’avoir (presque) convaincu les climatosceptiques. Mis à part quelques illuminé.e.s sur Cnews, plus personne ne nie les effets de l’activité de l’Homme sur le changement climatique. En revanche, la partie la plus difficile arrive : changer. Changer nécessite d’agir, de savoir quand, et comment. Changer n’arrange pas certaines personnes, comme ces lobbys qui dépensent des millions pour continuer leurs activités très lucratives qui détruisent la planète.

C’est ainsi qu’un papier de l’université de Cambridge a mis en exergue les 12 discours retardant l’action climatique, perçus comme les 12 excuses habituelles qui justifient l’inaction climatique. En d’autres termes, oui, le changement climatique est un problème, mais il y a toujours une bonne excuse pour ne rien faire. J’ai décidé de scinder cet excellent argumentaire en autant de petits points particuliers.

1/12 : L’abandon
Excuse 1 : Doomisme – Catastrophisme
Argument : ‘C’est trop tard, ça sera jamais assez.’

Réponse : Même si ce discours d’effondrement a beaucoup d’écho, à l’instar d’Yves Cochet en France par exemple, il est faux. Faux de dire que nous sommes déjà condamnés. Faux de dire que des milliards d’individus vont mourir. Pourquoi ? Parce que le GIEC le dit : nous avons encore le temps de faire les changements nécessaires pour vivre dans un monde soutenable. Valérie Masson Delmotte l’a répété lors de son discours devant la Convention Citoyenne pour le climat : chaque mois compte. Mais cela ne veut en aucun cas dire que ‘c’est trop tard‘. C’est avant tout un problème d’inertie politique et sociétale (une transition abrupte aurait évidemment des conséquences), avant d’être un problème d’inertie physique.

Il est bien sûr trop tard pour empêcher qu’il y ait des dégâts (sociaux, environnementaux..). Mais rien ne sert d’avoir un discours qui exagère ce que la science nous dit sur le climat (même si cela fait vendre…). Ainsi, évitons le doomisme, ce comportement qui consiste à regarder sa cuisine s’enflammer et dire ‘on peut rien faire c’est foutu’ pendant que le feu se propage aux autres pièces.

Enfin, il n’y a pas de deadline. Oui, c’était mieux d’agir il y a 20 ou 30 ans. Mais ce n’est pas parce que nous n’avons pas agi en 2025 ni même en 2030 que tout est foutu. L’idée, c’est que plus nous agissons tard, plus cela sera catastrophique (avec de belles boucles de rétroactions qui viendront aider cela).

L’intelligence artificielle peut conduire l’humanité vers un « nouveau siècle des Lumières » selon Yann LeCun !

Bonjour,

Au milieu du milliard de tombereau quotidien de posts de nouveaux experts sur l’IA, j’aime bien retrouver mes vieux copains que je suis depuis quelques décennies. Yann le Cun en fait partie. Il est français et charge de l’IA chez Facebook depuis belle levrette. J’ai donc copié / collé un excellent article de Futura & Sciences (totalement illisible sur leur site au passage) que j’ai trouvé vachement bien. Le lien est en pied.

😊

ChatGPT ? Terminé dans 5 ans… L’intelligence artificielle aujourd’hui ? Nulle ! Mais elle peut conduire l’humanité à un « nouveau siècle des Lumières ». C’est le lauréat du prix ACM Turing, et actuellement directeur de recherche de l’IA chez Meta, Yann LeCun, qui l’affirme. Autant dire que le Français sait de quoi il parle puisque ce visionnaire est considéré comme l’un des pères de l’IA et du deep learning, son domaine de prédilection. Un pionnier qui a foi en la recherche et dénonce « l’obscurantisme » de ceux qui veulent la freiner à des fins mercantiles et peu philanthropiques.

En 30 ans, bravant les doutes de beaucoup de ses pairs, ce pionnier a vu son domaine de recherche s’imposer comme le plus novateur du siècle, au cœur de toutes les IA d’aujourd’hui. Modèles de langage, IA génératrices de contenus mais aussi voitures autonomes, reconnaissance faciale, diagnostics prédictifs… autant de technologies qui en découlent

Avec chatGPT, lancé en novembre 2022, et les autres IA génératives, même le grand public connaît le concept et a compris le potentiel des ordinateurs capables d’apprendre. Consécration suprême, en 2019, le Breton a reçu le prix Turing, l’équivalent du Nobel pour l’informatique. Formé à l’université Pierre et Marie Curie à Paris, puis professeur à New York, ce sexagénaire jovial, qui réfléchit à grande vitesse, a été recruté par Mark Zuckerberg en personne en 2013, dans les couloirs d’un colloque. Depuis, il dirige le laboratoire de recherche en IA du groupe Meta (Facebook, Instagram).

Sur le chemin des « machines apprenantes »

Marqué à 9 ans par 2001, l’Odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick sur les dangers d’un ordinateur conscient, il se passionne très tôt pour les premiers ordinateurs personnels. À 21 ans, le débat entre le linguiste américain Noam Chomsky et le psychologue suisse Jean Piaget sur l’inné et l’acquis dans l’intelligence l’oriente sur le chemin des « machines apprenantes ». Recruté en 1988 par Bell Labs, il tente d’appliquer cette technique émergente à la reconnaissance d’écriture sur les chèques manuscrits. Taux de réussite: 50 %. Bell jette l’éponge. La technologie est jugée complexe et trop gourmande en puissance de calcul. Yann LeCun, lui, persiste. En 2003, avec les chercheurs Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio, il fomente ce qu’il appellera une « conspiration des réseaux de neurones », pour relancer l’intérêt de la communauté scientifique, grâce à des conférences. En 2012, leurs efforts paient enfin : Hinton et d’autres scientifiques remportent un concours sur la reconnaissance d’images, avec un programme fondé sur le deep learning. La masse de données disponibles sur Internet et l’augmentation de la puissance des microprocesseurs vont rendre son rêve possible. « Du jour au lendemain, les gens ont abandonné tout ce qu’ils faisaient pour utiliser ces modèles », s’est souvenu Yann LeCun pour Libération. « Je n’ai jamais vu ça dans la science ».

Un pionnier optimiste et enthousiaste qui revendique sa différence 

Au point de faire un peu peur à certains de ses collègues. En mai 2023, son comparse et colauréat du prix Turing Geoffrey Hinton, 75 ans, a quitté Google en expliquant « regretter » son invention, qui pourrait « être un risque pour l’humanité ». Cet été, un collectif de scientifiques, patrons et experts — dont les grands noms Elon Musk et Sam Altman — a réclamé une pause de six mois dans la recherche en IA qui, selon eux, menace l’existence même de l’humanité.

Ce n’est pas le cas de Yann LeCun, athée rationaliste, qui reste convaincu des bienfaits de l’IA et du progrès en général. « L’idée même de vouloir ralentir la recherche sur l’IA s’apparente à un nouvel obscurantisme », a-t-il déclaré. Les leaders de la tech veulent, selon lui, « semer la peur » pour conserver le monopole et leur business.

“Les humains ont du bon sens alors que les machines, non ”

À rebours de l’engouement mondial, il martèle ses réserves envers les IA génératrices. « L’IA d’aujourd’hui et l’apprentissage automatisé sont vraiment nuls. Les humains ont du bon sens alors que les machines, non. Je ne crains pas que l’IA échappe à notre contrôle et conduise à la destruction de l’humanité ».

ChatGPT ? Pour lui, c’est « une impasse », un modèle de prédiction statistique dont on ne se servira plus « dans 5 ans ». Son employeur Meta a pourtant lancé des IA similaires. Mais Yann LeCun garde sa différence. Et y croit dur comme fer. « Avec l’aide de l’IA vont être amplifiées l’intelligence et la créativité de tout un chacun. Cela peut conduire à un nouveau siècle des Lumières ».

Sommes-nous et souhaitons-nous être contrôlés par des algorithmes ?

Excellente question 🙂

Qui n’a jamais entendu des assertions du type : « Nous ne sommes plus libres, les machines décident à notre place » ? Si les perspectives d’une société post-industrielle sont plutôt sombres (croissance nulle, crises économiques / sociales / environnementales…), il convient de ne pas se laisser déboussoler par les théories collapsologiques. Les préoccupations et peurs se cristallisent ainsi autour des intelligences artificielles et de leurs algorithmes. Avec cet article, je vous invite à prendre du recul et à appréhender la trajectoire que suit notre société de façon raisonnée et pragmatique.

L’intelligence artificielle est un sujet complexe. Ça, vous le saviez déjà, car vous avez certainement dû lire quantité d’articles tentant de vous expliquer ce que c’est, ce à quoi ça sert ou ça ne sert pas. Si le sujet était à la mode il y a encore quelques années, la ferveur médiatique est largement retombée : on lui préfère maintenant des choses plus exotiques comme les NFT ou les métavers. Pourtant, le brouhaha médiatique autour du machine learning a laissé des traces, notamment dans l’inconscient collectif où l’on est encore persuadé que les IA sont des entités automnes que l’on ne contrôle plus (pour vous convaincre du contraire : An Inconvenient Truth About AI).

Lire la suite (Fred Cavazza)

Inferno

Un magnifique texte de François Cassingena-Trévedy

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La banquise capitule par pans gigantesques dans les eaux des océans alanguis, les parois des cimes alpestres se fissurent, les glaciers agonisent comme serpents souffreteux au milieu des moraines, et nous entrevoyons avec effroi le jour où nous devrons nous ruer, comme vers le minerai le plus précieux, non pas vers l’or, mais vers la neige merveilleuse dont nos Noëls synthétiques seront désespérément exilés. Comme pour ajouter à la torture que nous inflige la simple observation de la planète fébrile, l’on fait circuler sur la Toile une animation de la Nasa qui montre en accéléré l’invasion mondiale de l’étouffoir qui nous guette.

Ce feu-là, qui conspire et qui monte, ce n’est pas un Justicier transcendant qui nous y jette : c’est nous, pauvres diables, qui l’avons mis. À tout le moins nous en sommes-nous faits les complices. Il y a un demi-siècle, encore hantés par le champignon exterminateur de Hiroshima, c’est du feu nucléaire que nous entretenions nos épouvantes : il dépendait (et il dépend toujours) de décisions personnelles qu’il s’allume, tandis que le feu que nous apercevons aujourd’hui comme notre fin dernière échappe déjà dangereusement à nos stratégies d’extinction. Les humeurs sécrétées par l’ère industrielle ont atteint désormais une masse et une efficacité suffisantes pour que l’homme se découvre, ahuri, comme ce cinquième élément du monde, capable de déconcerter le jeu – l’harmonie – des quatre autres, que la cosmologie traditionnelle croyait imperturbables : l’homme, cette « quintessence », réalise sa faculté de conduire l’univers au chaos ; le conquérant, grisé par l’encens des thuriféraires qui lui prêtaient des attributs de monarque définitif, commence de concevoir que son épopée désinvolte puisse se réduire à un simple épisode dont des sédiments sans âge et sans âme conserveront à peine les fossiles.

Tout milieu qui s’échauffe devient instable : il semble que l’homme lui-même, perdant son ancestrale gravité, participe désormais partout de la turbulence cyclonique, dans ses excès de viveur comme dans l’affolement qui bientôt leur succède. Que si le Titanic de la civilisation doit se précipiter sur le dernier iceberg que laissera dériver le grand dégel, il faut au moins que l’homme, son capitaine, garde la tête froide : c’est le reste de dignité, le dernier point d’honneur que l’on attend de lui. Car la panique ne saurait se faire passer pour l’action, ni la culture de la panique pour l’exercice des responsabilités.

Source : https://www.revue-etudes.com/article/inferno-19521

Photo : https://www.telerama.fr/scenes/mais-pourquoi-brule-t-on-les-planches-au-theatre,n6574167.php

La terrifiante hégémonie des monopoles

Avant toute chose, je suis pour l’économie de marché, la libre entreprise, la concurrence, tout ça, je trouve ça très bien. D’ailleurs,
entre nous, pourquoi sommes-nous si nombreux à avoir l’intuition que “la
financiarisation” de l’économie est une mauvaise chose alors qu’en soit,
la finance voire même le trading ne sont que des échanges économiques
entre adultes consentants ? À cause de la monopolisation de cette
finance.

Pourquoi y’a-t-il une telle défiance envers l’industrie
pharmaceutique entraînant des comportements absurdes comme le refus de
la vaccination ? Alors qu’à la base, ces entreprises nous soignent, produisent des médicaments, guérissent des malades. À cause de la monopolisation.

Pourquoi, quand je m’arrête dans une supérette ou une pompe à
essence pour acheter un en-cas n’ai-je le choix qu’entre des dizaines
de variations du même mauvais chocolat enrobé de mauvais sucre ? La
monopolisation.          

         

La morbidité des monopoles

Depuis des siècles, la nocivité des monopoles est bien
connue et c’est même l’un des rôles premiers des états, quels que soient
la tendance politique : casser les monopoles (les fameuses lois
antitrust), mettre hors-la-loi les accords entre entreprises pour
perturber un marché ou, si nécessaire, mettre le monopole sous la coupe
de l’état, le rendre public.           

Lutter contre les monopoles.

Les monopoles, par leur essence même, sont difficilement
évitables. Nous consommons monopoles, nous travaillons pour un monopole
ou ses sous-traitants, renforçant chaque jour leur pouvoir. Le contrôle total des monopoles du web sur nos données
entraîne une méfiance envers les ondes qui transmettent lesdites données
voire même, dans une succulente fusion avec le monopole précédent, la
crainte que les vaccins contiennent des puces 5G pour nous espionner
(mais n’empêche cependant personne d’installer des espions comme Alexa
ou Google Home dans sa propre maison). Le sentiment profond d’une inégalité croissante, d’une
financiarisation nocive, d’une exploitation sans vergogne de la planète
et des humains qui s’y trouvent, tout cela est créé ou exacerbé par la
prise de pouvoir des monopoles qui n’hésitent pas à racheter des
entreprises florissantes avant de les pousser à la faillite afin de
liquider tous les avoirs (bâtiments, machines, stocks). Une technique
qui permet de supprimer la concurrence tout en faisant du profit au prix
de la disparition de certaines enseignes de proximité dans les régions
les plus rurales (sans parler du désastre économique des pertes d’emploi
massives brutales dans ces mêmes régions).

 Heureusement, une prise de conscience est en train de se
faire. 

De plus en plus de scientifiques se penchent sur le sujet. Un
consensus semble se développer : il faut une réelle volonté politique de
démanteler les monopoles. Volonté difficile à l’heure où les
politiciens ont plutôt tendance à se prosterner devant les grands
patrons en échange de la promesse de créer quelques emplois et, dans
certains cas, la promesse d’un poste dans un conseil d’administration
une fois l’heure de la retraite politique sonnée. S’il y a quelques
années, un chef d’entreprise était tout fier de poser pour une photo
serrant la main à un chef d’État, aujourd’hui, c’est bel et bien le
contraire. La fierté brille dans les yeux des chefs d’État et des
ministres.

Si l’Europe cherche à imiter à tout prix son grand frère
américain, les Chinois semblent avoir bien compris la problématique. Un
géant comme Alibaba reste sous le contrôle intimidant de l’état qui
l’empêche, lorsque c’est nécessaire, de prendre trop d’ampleur. La
disparition, pendant plusieurs mois, de Jack Ma a bien fait comprendre
qu’en Chine, être milliardaire ne suffit pas pour être intouchable. Ce
qui ne rend pas le modèle chinois désirable pour autant…

Un autre consensus se dessine également : l’idéologie promue
par Robert Bork sous Reagan est d’une nocivité extrême pour la planète,
pour l’économie et pour les humains. Même pour les plus riches qui sont
pris dans une course frénétique à la croissance de peur d’être un peu
moins riches demain et qui savent bien, au fond d’eux-mêmes, que cela ne
durera pas éternellement. Cette idéologie est également nocive pour
tous les tenants d’une économie de marché libérale : les monopoles
détruisent littéralement l’économie de marché ! Le capitalisme reaganien
a apporté aux Américains ce qu’ils craignaient du communisme : de la
pénurie et de la piètre qualité fournie par des monopoles qui exploitent
une main-d’œuvre qui tente de survivre.

Avant de lutter, avant même d’avoir des opinions sur des
sujets aussi variés que la vie privée sur le web, la finance, la
politique ou la malbouffe, il est important de comprendre de quoi on
parle. 

Ce qui est intéressant également, c’est de constater que
notre vision de la politique a été transformée avec, à droite, les
tenants de monopoles privés et, à gauche, les tenants de monopoles
appartenant à l’état. Une ambiguïté sur laquelle Macron, fort de son
expérience, a parfaitement su jouer en proposant un seul et unique parti
monopolistique n’ayant que pour seul adversaire le populisme absurde. Lorsque vous êtes témoin d’une injustice, posez-vous la
question : ne s’agit-il pas d’un monopole à l’œuvre ? Et si le futur
passait par la désintégration pure et simple des monopoles ? Depuis les
plus petits et les plus éphémères comme les brevets et le copyright,
transformé en arme de censure massive, jusqu’aux géants bien connus.

Source + texte intégral : https://ploum.net/la-terrifiante-hegemonie-des-monopoles/

2021 ou l’année de la résilience by Crawford Stanley (Buzz) Holling

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L’année qui s’achève restera sans doute comme l’année de la dystopie, celle où l’actualité scandée jour après jour nous aura semblé tout droit sortie d’un roman d’anticipation. De même que la transformation des expériences quotidiennes les plus banales – déambuler dans les rues au milieu d’une foule masquée, saluer ses collègues du coude, n’entrer dans les commerces qu’après avoir procédé à ses ablutions hydro-alcoolisées – semble frappée d’irréalité. Le répéter n’est pas très original : la pandémie de Covid-19 a été non seulement le fait majeur de l’année qui s’achève, mais aussi l’événement qui a le plus marqué la marche du monde depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est le début de l’édito du jour dans Le Monde et je le trouve gégène

😊

Mais qui aurait pris au sérieux, voilà seulement dix-huit mois, un discours alertant sur l’émergence d’une infection respiratoire capable de se propager à l’ensemble du globe en quelques semaines, de tuer plus d’un million huit cent mille individus en moins d’un an, de précipiter des dizaines de millions d’autres dans la pauvreté, de faire plonger les cours du brut au-dessous de zéro, de contraindre les gouvernements à confiner simultanément plus de la moitié de l’humanité et à réduire de manière spectaculaire les libertés individuelles – jusqu’à interdire aux familles de visiter leurs mourants et, de facto, aux parents et aux amis de se réunir pour célébrer la nouvelle année ?

De mon côté, plus personnellement je veux dire, j’aurais bien aimé poster un chaton tout meugnon avec « bonne année 2021 deux points tout va bien » – comme je commence à en croiser – mais non. Pas cette année taoua.  

Face à l’ampleur de la menace et à la gravité de la situation actuelle, je ne vois qu’un seul truc à nous souhaiter pour l’année à venir : de la résilience, camarade.

Résilience dont je n’avais que la définition de notre ami Boris Cyrulnik – remarquable – mais dont je vient d’apprendre pas plus tard que ce matin même une nouvelle approche signée Crawford Stanley Holling (photo) et qui date des années 1970 : « la capacité d’un système à absorber une perturbation en se réorganisant ou en modifiant sa structure, tout en conservant ses fonctions essentielles, son identité et ses capacités de contrôle ».

Et j’aime beaucoup : « la capacité d’un système à absorber une perturbation en se réorganisant ou en modifiant sa structure, tout en conservant ses fonctions essentielles, son identité et ses capacités de contrôle ».

Réussir à trouver l’énergie pour nous mobiliser sur ce bel objectif collectif qui me semble, aujourd’hui, le plus beau truc à nous souhaiter, en dehors de la santé, l’amitié l’amour et la joie bien évidemment.

Biz