Obama, l’intelligence artificielle et les politiques français

Même si l’on ne comprend pas bien l’anglais “techno”, il faut lire l’entretien croisé entre Barack Obama et le directeur du MIT Media Lab Joi Ito publié par le prestigieux magazine techno américain Wired. Vue de notre côté de l’Atlantique, cette longue discussion a de quoi surprendre : le sommet de l’Etat maîtrise les débats que l’on pense réservés à une petite sphère technophile. Barack Obama y apparaît suffisamment à l’aise pour jouer avec les codes et les références culturelles des «geeks» les plus pointus. Elle surprend et permet surtout de mesurer le fossé entre deux façons de faire de la politique.

Au moment où le débat politique français tient pour summum de la modernité les mots «Uberisation» ou «écosystème des start-up», un futur ex-chef de l’Etat américain devise avec un patron du MIT sur les problématiques des intelligences artificielles, philosophe sur le pouvoir et le contrôle des machines, les normes, les genres… Quand en France, la différence fondamentale entre les candidats de droite repose sur la taille de la faux qu’il faudra utiliser pour sabrer dans les dépenses d’un Etat forcément obèse, Obama s’interroge sur le rôle de l’Etat et la hauteur de l’investissement dans la recherche. Pour vous donner une idée du vertige, il estime que le gouvernement américain pourrait investir 80 milliards de dollars dans la recherche dans l’intelligence artificielle. Soit, peu ou prou, ce que les candidats de droite entendent couper dans le budget…

Les différences ne s’arrêtent pas là. Nos politiques les plus technos fantasment sur les Gafa ? Le chef de l’Etat américain s’interroge sur le pouvoir des géants de l’Internet, l’intérêt général, le rôle de l’Etat au XXIe siècle, les nouvelles formes du travail, les nouvelles menaces… Quel grand écart entre ces deux mondes !

A l’heure des devoirs d’inventaire, il faut reconnaître qu’Obama a su accompagner son pays, en huit ans de mandat, dans le bouillonnement technologique. En 2008, quand il a remporté la présidentielle, les réseaux sociaux ne prenaient pas la place qu’ils ont aujourd’hui dans nos vies quotidiennes. Google n’avait pas 10 ans, Facebook et Twitter à peine 3 ans, Snapchat, Uber et Instagram n’étaient pas nés, etc. Si ce monde interconnecté ne nous a pas apporté tout le bien qui nous avait été promis, ces huit années ont engagé les Etats-Unis sur les rails d’une révolution constante dont on devine tout juste les contours.

Et la France ? Nos élus sont meilleurs pour deviser sur nos racines gauloises et expliquer la cohérence de leur action passée. A qui la faute ? Aux journalistes qui préfèrent les interroger sur ce qu’ils voient dans le rétroviseur plutôt que sur l’avenir du monde? Ou des politiques qui avouent avec une déconcertante fierté leur «37 ans de métier» (Nicolas Sarkozy, jeudi soir lors du débat de la primaire).

Connaître son histoire, l’analyser, est évidemment une nécessité constante. Assumer ses erreurs aussi. Mais s’il faut savoir répondre aux préoccupations du présent, on doit tracer les perspectives nouvelles. Où sont-elles dans le débat politique français? Et qui pour les porter avec l’acuité d’un Obama ? Nulle part, et personne. Il faut donc que les candidats à la présidence lisent cet entretien. Il faut que les journalistes lisent cet entretien. Il n’y a pas de honte à apprendre comment se dessine l’avenir du monde et comment on en parle à nos concitoyens.

Par Johan Hufnagel — 15 octobre 2016 – Source : Libé.fr

Ma conférence sur le numérique

Le numérique fait-il de nous des mutants ?
C’est la question qui nous est posée aujourd’hui par l’équipe de l’Université Populaire du Niortais. C’est une très bonne question. D’abord, qu’est-ce qu’un mutant ? Si l’on se réfère à Larousse.fr : « Mutant : se dit d’une cellule, d’un clone cellulaire ou d’un organisme dérivant d’une cellule qui a été le siège d’une mutation.». Il semble bien avéré que nous sommes un organisme. La question est donc : avons-nous déjà, par le passé, été le siège d’une mutation ?

La première partie de mon intervention sera consacrée au temps. Ensuite, je vous parlerai de l’espace. Mais pas de l’espace interstellaire, de notre espace de vie quotidien. Enfin, j’aborderai rapidement ce en quoi le numérique nous impacte d’un point de vue cognitif. Le mot cognitif me pose toujours quelques petites difficultés de compréhension. Il désigne notre rapport à la connaissance. C’est l’ensemble des grandes fonctions de l’esprit liées à la connaissance (perception, langage, mémoire, raisonnement, décision, mouvement…). Cognitif. Et puis, forcément, nous allons parler de numérique – ou de digital – nous allons donc forcément parler d’ordinateur.

  • Question : qu’est-ce qu’un ordinateur ?

Eh bien la réponse à cette question est très simple. C’est une machine qui est construite grâce à la réunion de deux éléments forts différents dont le premier est fait de métal que nos amis anglo-saxons appellent hardware. Des métaux usuels mais aussi des métaux rares (comme le silicium par exemple). Et, d’autre part, d’un élément qu’on pourrait appeler logiciel que nos amis appellent software. Le dur et le doux. Ces éléments logiciels étant des programmes. Programmes qui sont inscrits précisément sur les matériaux en question. Et donc qu’est-ce qu’un ordinateur ? C’est simplement le couple support-message. Support : matériel. Message : ensemble de logiciels.

  • Question : est-ce que – en tant que machine universelle – est-ce que cette machine est nouvelle ?

La réponse est oui. Non la réponse est non. Elle est nouvelle en ce qu’elle est universelle c’est la première définition que j’ai donnée. Mais au point de vue de la deuxième définition c’est-à-dire un couple “support-message” est-ce qu’elle est vraiment nouvelle ? Et la réponse c’est oui et non. Pourquoi ?

1°) Du point de vue du temps
J’ai posé la question « est-ce que c’est une machine nouvelle ? » et j’ai dit oui et non. Je vais essayer d’expliquer pourquoi j’hésite. Parce que lorsqu’on considère ce couple “support-message” on s’aperçoit très vite que l’ordinateur est un avatar de ce couple “support-message”. Mais que auparavant ce couple “support-message” existait depuis très longtemps. Depuis que l’homme est un homme. En effet, si on prend des milliers d’années de recul, on s’aperçoit qu’il fut un temps qu’on pourrait appeler l’âge oral ou l’époque orale, où la communication entre les hommes se faisait au moyen du langage et spécialement du langage oral. À cette époque, le support matériel était le corps de l’orateur (disons le mien, aujourd’hui) et le message était donné par la voix, c’est-à-dire les ondes sonores qui traversent l’atmosphère et qui parviennent à vos oreilles. Le couple “support-message” était installé déjà dans la communication humaine à cet âge oral.

Et soudain, dans le croissant fertile, du côté de l’Asie au premier millénaire avant J.-C apparaît une sorte de séisme extraordinaire dans ce couple “support-message” c’est l’invention simplement de l’écriture. Alors le support matériel se transforme. Le support matériel n’est plus le corps humain, celui de l’orateur, de l’aède, du chanteur ou du griot africain. Le support va devenir matériel c’est-à-dire du marbre, du bronze, puis, peu à peu, de la peau de veau, du vélin, de la peau de mouton du parchemin, du Byblos, du papier : voilà le support matériel. Et l’écriture va devenir le logiciel en question. Donc le couple “support-message” a déjà au moins deux avatars premiers. À l’époque orale le corps et la voix. À l’époque écrite le support en question, qui peut varier selon les matières et l’écriture qui elle-mêmes varient selon qu’elle soient alphabétique ou autre.

Je voudrais essayer de décrire rapidement les extraordinaires innovations qui ont été induites par ce premier avatar. Ce passage du support corporel au support écrit. Du couple “support-message”. Les transformations vont être énormes. Elles vont toucher le droit. Le droit oral va devenir un droit écrit. Le serment va devenir la signature. La parole donnée va devenir l’acte. On appelle cela un acte notarié avec signature. Le droit va changer. La politique va changer. Un certain nombre de classes sociales vont se transformer avec l’arrivée des scribes et des experts. Et puis, surtout, la monnaie ! La monnaie qui va transformer complètement le rythme et la rapidité des échanges commerciaux. Puisque la monnaie va être écrite au lieu d’échanger des bœufs (quand vous dites capital n’oubliez pas que vous dites cheptel. Vous évoquez dans ce vocabulaire-là le début du troc, très lourd et très lent). Alors qu’avec l’arrivée de l’écriture, avec la monnaie, les échanges se sont fait plus rapides, plus souples, plus léger et plus immédiats. Bien entendu, dès l’arrivée de l’écriture chez nos amis Grecs : coup de tonnerre avec l’invention de la géométrie en terre grecque. Et coup de tonnerre encore dans les prophètes écrivains d’Israël avec l’arrivée du monothéisme, c’est-à-dire la religion de l’écriture. La religion du livre. Vous voyez que le spectre des changements au moment de la mutation du couple “support-message” est absolument extraordinaire.

L’innovation est gigantesque à ce moment-là.

Nous en avons une confirmation – extraordinaire également – dès lors que nous considérons qu’après ce premier avatar – cette première transformation du couple “support-message” – un troisième avatar va arriver entre le 15e et le 16e siècle. Au moment où on invente l’imprimerie. Arrivée de l’imprimerie qui change non pas le support matériel, mais les techniques industrielles d’impression du message sur le matériel. Ce changement de « logiciel » va induire exactement les mêmes transformation que dans l’Antiquité avec l’invention de l’écriture. Nous allons avoir du point de vue commercial l’arrivée des premiers traités de comptabilité à Venise. L’arrivée des premières institutions bancaires. L’arrivée sans doute d’un début d’idée démocratique, beaucoup plus avancé que celle des Grecs. La réforme au point de vue religieux et puis, surtout, l’invention de la science expérimentale qui est la seconde grande révolution concernant les sciences. Vous voyez donc que le spectre des changements est à peu près parallèle au spectre des changements de la première transformation du couple “support-message”. Et pour comprendre aujourd’hui les transformations induite par l’ordinateur (ou le numérique) que je viens de définir précisément comme un profil nouveau du couple “support-message” vous n’avez qu’à lire le spectre que je viens d’étaler devant vous. Les transformations vont toucher le droit ; vont toucher la politique ; vont toucher le commerce ; vont toucher la religion ; vont toucher la science ; vont toucher la pédagogie. Parce que j’ai oublié de le dire mais dès l’arrivée de l’écriture les Grecs ont inventé le terme de Païdeïa et à l’arrivée de l’imprimerie les traiter de pédagogie vont pulluler dès la Renaissance.

Par conséquent, les crises que nous vivons aujourd’hui ; les crises qui touchent la politique, qui touchent le droit, qui touchent la finance, le commerce, l’industrie, le travail, la pédagogie, l’université, les religions… ces crises là ne sont pas nouvelles. Dès lors qu’on a compris la loi des trois étapes. Dès lors qu’on a compris que le couple “support-message” réalise sa troisième mutation et nous en sommes précisément un moment où la transformation en question a lieu. J’ai dit tout à l’heure « oui c’est nouveau » mais peut-être pas si nouveau que ça. Voilà ce que je voulais vous dire du point de vue du temps.

2°) L’espace
Pour parler de l’espace je voudrais inviter ici, dans cette salle, l’héroïne préférée de Michel Serres qu’il appelle “Petite Poucette”. Cette “Petite Poucette” qu’il a appelée ainsi pour son habilité diabolique à envoyer des messages et des SMS grâce à ses pouces sur son mobile. Cette “Petite Poucette” qui tient en main cet ordinateur intégré à son mobile. Cette “Petite Poucette” qu’il aime tant et qui est pour lui l’héroïne des temps contemporains et sur laquelle il a écrit un super bouquin. Cette “Petite Poucette” a une devise. Cette devise concerne précisément la première partie de mon exposé, c’est-à-dire le temps. Lorsque nous parlons du temps, nous aimons dire « le temps présent ». Et j’ai parlé en effet du temps présent. J’ai parlé de maintenant. Maintenant c’est la troisième transformation du couple support message. Non non non non dit “Petite Poucette” ! Maintenant ne veut pas dire cela. Maintenant veut dire : « tenant en main ».

Maintenant = tenant en main.

Et voilà “Petite Poucette” avec son portable à la main qui déclare comme devise fondamentale : “maintenant tenant en main le monde”. Et, en effet, elle a raison de dire « maintenant tenant en main le monde » car il suffit de manipulation avec le GPS pour qu’elle ait à sa disposition tous les lieux du monde. Y compris ceux où elle n’est jamais allé et qu’elle ne connaît pas. Elle tient en main tous les lieux du monde avec Google Earth par exemple. Elle tient en main la totalité de l’information sur quelque sujet que ce soit avec Wikipédia et autres moteurs de recherche. Maintenant tenant en main le monde : tous les lieux, tous les gens, toutes les informations. Petite anecdote personnelle je suis allé cet été à Barcelone visiter la Sagrada Familia. Magnifique monument. On vient du monde entier pour le visiter. Tous les âges, toutes les couleurs, tout le monde est là. Et bien je peux l’affirmer : 100 % des visiteurs de la Sagrada Familia possèdent un smartphone. Pas compliqué.

  • Question : qui, dans le passé, pouvait dire « maintenant tenant en main le monde ».

Un empereur Romain ? Jules César ? Napoléon ? Staline ? Un milliardaire richissime ? En tout cas, une personne rare. Très très rare. On peut les compter sur les doigts de la main. Eh bien il se trouve qu’aujourd’hui, 3 750 000 000 de “Petite Poucette” peuvent dire : “maintenant tenant en main le monde”. Est-ce que je n’ai pas là en main quelque chose comme une innovation utopique ? Concernant la démocratie ? Utopie, certes, mais combien de nouveautés historiques sont nées d’une utopie ? Combien de révolutions ont été annoncées par des utopies de ce genre ? Voilà l’utopie de “Petite Poucette” de maintenant tenant en main le monde.

“Petite Poucette” je vais lui poser maintenant une seconde question après avoir entendu sa devise je vais lui demander : « Petite Poucette" donne-moi ton adresse ». “Petite Poucette” a probablement des grands-parents, et ils vont répondre : nous habitons en famille aux 47 rues des écoles à Aiffres 79 230 etc.… je vous demande de considérer avec moi cette phrase-là. Ce code : 47, rue des écoles 79 etc. C’est un ensemble de chiffres et de lettres qui se réfèrent à un espace donné, c’est-à-dire à un découpage de la France métropolitaine, découpage ensuite en département etc.… cette adresse « classique » se réfère un espace que nous connaissons parfaitement. C’est un espace géographique que les mathématiciens appelleraient volontiers un espace euclidien ou cartésien. Qui est référé à des ordonnées ou à des abscisses mais qui est essentiellement un espace métrique, un espace où la distance est mesurable. Cette mesure est assurée par les chiffres et les lettres de l’adresse en question. Donc, autrefois, avant “Petite Poucette”, nous habitions un espace métrique. Un espace défini par des distances et des mesures de distance. À cette adresse-là, nous ne recevons plus rien que de la publicité qu’on balance à la poubelle tous les matins… La vraie adresse maintenant c’est le portable ou l’adresse e-mail. C’est là, maintenant, que nous recevons les messages essentiels à la fois sur le portable ou sur l’e-mail ou sur le Facebook Messenger. Et continuons d’essayer de lire le code de cette nouvelle adresse soit le numéro de mobile 06 etc. soir l’adresse e-mail jc@tartempion.com…. Ce code-là se réfère aussi un espace donné. Lequel ? Il se trouve qu’aujourd’hui on peut appeler n’importe qui, à n’importe quel endroit, où que l’on soit. N’importe qui, à n’importe quel endroit, où que l’on soit. Par conséquent, cette nouvelle adresse ne se réfère plus à l’espace qui était la référence de ma première adresse. Et donc, j’habite un nouvel espace. Comment se définit cet espace là ? De façon très intéressante. Il n’est pas métrique. Il ne mesure pas les distances. Il ne faut pas dire que les nouvelles technologies raccourcissent les distances. L’âne ou la calèche raccourcissaient les distances. L’automobile raccourcit les distances. Le TGV raccourcit les distances. Le numérique les annulent. Les annulent.

Aujourd’hui, nous habitons dans un nouvel espace où je n’ai plus que des proches, des prochains, je n’ai plus que des voisins, il n’y a plus de lointains. Du coup, nous pouvons annoncer annoncer que nous avons changé d’espace, nous avons déménagé. L’humanité vient de changer d’espace. J’ai dit d’abord qu’elle venait de changer de temps, c’était ma première partie. Et maintenant, prenons conscience que nous avons changé d’espace que nous avons déménagé. L’humanité a déménagé.

3°) Et d’un point de vue cognitif ?
Nous sommes le matin, votre ordinateur est devant vous, posé, sur la table. Qu’est-ce que vous avez devant-vous ? Michel Serres résume ceci d’une phrase : « votre tête est sur la table ». Vous êtes « décapité ». En effet, qu’est-ce que la connaissance humaine ? Il existe de très nombreux traités de philosophie qui traitent de tout ça. C’est trois choses on va dire fondamentales : la mémoire, le message et la raison. Eh bien votre ordinateur possède une mémoire. Bien plus imposante que la vôtre. Il possède également un comportement rationnel et conserve et divulgue des messages. Est-ce nouveau ? Non : à l’arrivée de l’imprimerie, Michel de Montaigne avait bien dit qu’il préférait (tout le monde connaît ça par coeur)« une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine ». Parce qu’avec l’arrivée du livre, il n’était plus nécessaire de connaître par cœur l’ensemble des écrits des auteurs, seule la référence devait être mémorisée afin d’aller chercher le livre sur l’étagère. Nous avons donc depuis bien des années externalisé nos facultés cognitives.

Cette externalisation de nos facultés ne date pas de l’ordinateur. La roue est une externalisation de la jambe, elle reprend le mouvement circulaire autours de l’articulation. L’homme est un animal dont le corps externalise ses fonctions pour en garder d’autres. Il mute. Le numérique est la plus formidable des externalisations de nos fonctions intellectuelles. Nous ne pouvons pas deviner aisément quel est le type de savoir qui va émerger de tout cela. Mais il va émerger quelque chose de totalement nouveau. Les conditions nouvelles de la transmission du savoir bouleversent notre organisation cognitive d’une manière fondamentale. Ce qui est sûr, c’est que la forme classique de la transmission du savoir, la forme scolaire et certains contenus également, sont aujourd’hui totalement périmés.

Pour conclure, je vous dirais qu’on a l’impression que tout bouge très très vite. C’est vrai. Et pour le vivre au quotidien depuis 20 ans environ dans le cadre de mon métier, je peux vous avouer une chose : c’est même pire que ça. Nous ne sommes qu’au début de quelque chose. Au tout début. C’est une chance on va dire « historique » pour nous que d’être contemporain et acteur de cette formidable mutation (mutant) globalement analogue à celle de l’invention de la roue et du feu pour l’humanité. Que l’on soit pour ou contre importe peu. Notre monde « mute ». Et donc pour revenir à la question posée : la réponse est oui : nous sommes bien des mutants. Même si l’on place – comme je viens de le chanter devant vous – cette mutation dans une perspective « historique », la révolution numérique a une vraie singularité par rapport à ses précédentes : c’est sa vélocité de mutation.

Facebook a été crée en 2004. L’iPhone est une gamme de smartphones commercialisée par Apple depuis 2007. 2007. L’iPad a été annoncée le 27 janvier 2010 par Steve Jobs. 2010. C’est hier, non ?

Steve Jobs qui nous envoie ce message dès 1997 : « À tous les fous, les marginaux, les rebelles, les fauteurs de troubles… à tous ceux qui voient les choses différemment — pas friands des règles, et aucun respect pour le statu quo… Vous pouvez les citer, ne pas être d’accord avec eux, les glorifier ou les blâmer, mais la seule chose que vous ne pouvez pas faire, c’est de les ignorer simplement parce qu’ils essaient de faire bouger les choses… Ils poussent la race humaine vers l’avant, et s’ils peuvent être vus comme des fous – parce qu’il faut être fou pour penser qu’on peut changer le monde – ce sont bien eux qui changent le monde.”

Je vous remercie.

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Ceci est le texte de mon intervention pour L’Université populaire du Niortais Conférence du vendredi 7 octobre 2016. Vous êtes totalement libre de le reprendre, le copier, le coller, sans aucun problème, cette conférence était bénévole. N’oubliez pas – au besoin – d’en citer la source 🙂 Merci spécial à Michel Serres pour la rédaction de ce texte très largement inspiré de ses travaux ainsi qu’‘à mon épouse pour m’avoir supporté.

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Une interview pour comprendre la stratégie (trop ?) originale de MinuteBuzz, qui vient d’abandonner son site web #ouch

                                          
 –
Vous abandonnez votre site MinuteBuzz pour vous concentrer exclusivement
sur les réseaux sociaux. Comment on continue à exister en disparaissant
?

– On ne disparaît pas, on évolue ! On passe d’une puissance on-site à une
puissance sociale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : +158% de vidéos
vues depuis janvier, avec un objectif de 2 milliards de vidéos vues
cette année. Aux US, NowThis et AJ+ ont montré la voie : ils
se sont créés comme médias 100 % sociaux avec succès. Nous sommes les
premiers en Europe à faire cette démarche, et surtout nous sommes parmi
les seuls à pouvoir le faire grâce à notre business model historique
basé à 100% sur le brand content (marketing de contenu) mobile, vidéo et social.

– Pourquoi quittez-vous Médiamétrie ?
– Parce que les indicateurs évoluent et donc les outils de mesure aussi  
Nous avions besoin d’investir dans des outils nous permettant la
récupération de données plus adaptées à notre modèle.


 – Etes-vous un média ou une société de brand content ?

– On est un média, le leader social sur les Millenials, suivi par plus de 8
millions de personnes au quotidien.
Nous savons nous adresser à cette audience, ce qui passe par du bon
contenu natif. Nos partenaires viennent donc chercher notre puissance
sociale et notre capacité à engager les 18-35 ans, grâce à notre
capacité de production vidéo et notre planning stratégique. 

Interview de

Laure Lefèvre, Présidente et Maxime Barbier, Directeur Général de MinuteBuzz reçue par mail ce matin en provenance de Petit Web pour MinuteBuzz <newsletter@petitweb.fr

MinuteBuzz, en chiffres et en lettres

  • 6 ans, 40 collaborateurs
  • 3 marques (Minute Buzz, Hero et OmNomNom) 100% social et 100% vidéo présentes sur 5 plateformes sociales, 
  • 1,5 milliard de vidéos vues
  • Une communauté de 8 millions de personnes sur l’ensemble des plateformes 
  • Des solutions de brand content 100% social, 100% vidéo. 

Ma conférence sur le numérique

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Comme chaque année depuis 1934 environ, j’ai le plaisir d’animer une conférence sur le numérique. Cette fois je suis particulièrement content car c’est pour le compte du super projet de l’Université Populaire du Niortais, 

L’Université Populaire du Niortais présente :

“Le numérique fait-il de nous des mutants ?”

Conférence débat

Entrée gratuite ouvert à tous, participation aux frais libre.

  • Intervention de Jean-Christophe GILBERT,
  • Vice-président de l’Association des Professionnels du Numérique 
  • Vendredi 7 octobre 2016 à 20h30
  • Salle Jean Vilar à Aiffres (à côté de la Mairie)

Dans les romans de science-fiction des années 70, les héros se glissaient régulièrement dans les failles de l’espace-temps ! Aurions-nous rejoint ces voyageurs ? Solution magique ou facteur de marginalisation, la révolution numérique n’est pas reçue par tous de la même manière. Les retombées sur notre vie quotidienne, positives et négatives, enflamment les échanges intergénérationnels. Qu’on l’accepte ou pas, force est de le constater : l’espace et le temps de chacun ne se mesurent déjà plus de la même manière. Le changement est beaucoup plus profond que nous le croyons et même notre personnalité en est affectée.

Lors de cette soirée, l’intervenant s’intéressera d’abord à l’histoire de la transition numérique et à la façon dont est bouleversée notre relation au temps. Il analysera ensuite notre nouveau rapport à l’espace avant que nous partagions nos points de vue sur les implications de ces évolutions sur nos relations sociales.

Résa/infos : upniortais@gmail.com
http://upduniortais.blogspot.fr
Page Facebook

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La transformation digitale pour les nul(le)s

Encore un texte que j’aurais bien aimé écrire mais – fatalitas – je n’en ai ni le temps ni le talent. Il faut donc féliciter Grégory Pouy pour son remarquable texte posté ici-même sur son blog.

C’est décidé j’arrête !!! J’arrête de dire sur mon profil Linkedin, dans ma présentation de mes services, que j’accompagne des marques dans leur transformation « digitale ». C’est une erreur et je vais vous expliquer pourquoi.

Il existe une incompréhension profonde entre les consommateurs et les marques.
Or, la terminologie “transformation digitale” n’est pas neutre dans cette problématique et peut être dangereuse car elle entraine naturellement vers de mauvais choix stratégiques. J’ai eu l’occasion d’en parler la semaine dernière, mais en réalité, c’est beaucoup plus un nouveau paradigme societal dans lequel le digital joue un rôle qu’une transformation digitale per se.

Le terme “Digital” implique de se concentrer sur les technologies

Quand on aborde le digital, très rapidement on parle de technologies et d’innovations voire de prouesses. On fait du digital comme on fait un feu d’artifice, on cherche à faire un gros « boum » et beaucoup de lumière mais très souvent il n’en reste que de la fumée. Et on le voit partout tous les jours dans tous les secteurs. Rares sont les campagnes qui permettent d’ancrer la marque dans la tête des consommateurs aujourd’hui.

Dans leur très grande majorité, les marketers cochent des cases (réalité virtuelle, Intelligence Artificielle, mobile, produit connectés, Snapchat et hier Instagram, Twitter, Facebook…les forums) mais sans vraiment comprendre pourquoi ils le font si ce n’est pour rassurer le comité de direction, essayer de communiquer « là où se trouve la cible » ou pour gagner des prix.
Croire que le digital est une baguette magique qui va vous rendre (cocher la mauvaise réponse), cool, moderne, plus profitable…est une erreur profonde de compréhension.
Oui le digital est inévitable mais pas tant parce que les technologies doivent être adoptées que parce que le monde a changé.
Le risque évidemment c’est de faire du “digital washing”. De faire de l’innovation pour l’innovation. Sans vraiment se soucier in fine du but premier, c’est à dire de rendre service aux consommateurs dans un monde transformé.

La réalité est que la transformation technologique est un outil au service d’une transformation plus importante de la société.
Alors, chacun y va de sa petite phrase: “Snapchat c’est l’avenir de la presse”, “la réalité virtuelle c’est l’avenir du contenu”, “on va hacker le marketing”… Loic Prigent nous fait rire sur avec les perles distillées dans l’univers de la mode mais je pense qu’on pourrait rire en reprenant les phrases de certaines personnes aussi dans le marketing (je dois être moi même l’auteur de plusieurs d’entres elles)…. Les consommateurs ont changé, ils ont des usages, des attentes, une compréhension du monde et plus spécifiquement du marketing qui a changé.

Une transformation sociétale à travers l’usage du digital

[…]

Prendre le problème par la technologie est, quelque part, se tromper de combat.

Prenons en 4 qui me semblent majeures :

1.     Le rapport consommateur / marque plus équilibré
A force de 50 années de marketing dans les médias de masse, les consommateurs ont intégré les rouages du marketing, ils le comprennent beaucoup mieux et sont critiques.Le digital leur permet de modifier totalement le rapport qu’ils ont aux marques car ils peuvent chercher en ligne, comparer, trouver moins cher, discuter avec d’autres consommateurs, s’organiser, remettre en question les marques ect…
Ils sont informés en temps réel et peuvent jouer d’un contre pouvoir avec les marques qui craignent un “bad buzz”. Ils souhaitent une forme de transparence désormais et armés d’un téléphone et d’une connexion, rien ne peut les arrêter. C’est ce rapport nouveau auxquelles les marques doivent s’adapter même Google (même si la controverse est discutable).

2.     Les consommateurs plus forts ensemble
Le digital a permis aux consommateurs de trouver des solutions ensemble, il a fluidifié les rapports, les conseils…. On peut facilement trouver comment faire tout ce que l’on souhaite nous même, la tendance du DIY n’est plus à démontrer par exemple. Mais plus que cela, ce que l’on nomme l’économie collaborative (j’ai mis en lien mon slideshare sur le sujet) a permis aux consommateurs de se passer des marques. La blockchain s’inscrit d’ailleurs dans cette même logique mais en remettant en cause, cette fois çi, les institutions.

3.     Un nivellement des goûts et des avis
Thomas Friedman du New York Times le disait il y a quelques années déjà dans son livre « Le monde est plat ». Dernièrement, un billet vraiment pertinent a mis en avant de quelle manière il n’y avait plus aucune différence dans le design des intérieurs entre l’Allemagne, la Corée, les Etats Unis ou autre. En cause, Airbnb, Pinterest ou encore Instagram qui distillent des images qui sont “globales” et dictent au monde comment décorer son intérieur. Cela peut évidemment être prolongé sur les avis sur différents sujets d’autant plus avec la “filter bubble” que critiquait Eli Parizer il y a déjà quelques années et qui a trouvé résonance dans l’Edgerank de Facebook et partout où les algorithmes font leurs travail.
C’est aussi ce que soulignait cet article du Monde. (même si la controverse est discutable).

4.     Des attentes qui ont fortement évoluées.
Les Gen Z en particulier ne s’intéressent plus à la possession mais à la jouissance à un moment donné et à l’expérience qu’un produit peut leur permette d’obtenir. Une dimension définitivement servicielle que les marques doivent désormais intégrer dans leurs offres. Ils attendent également des marques plus engagées socialement, responsables et attendent une forme de transparence comme le propose des marques comme Everlane, Made, Jimmy Fairly ou encore les jeans avec DSTLD.
Ils se sentent également citoyens du monde et le digital a participé à faire disparaître ces barrières devenues plus ou moins obsolètes ce qui implique des attentes servicielles internationales. Ce qui est intéressant, c’est que cette transformation des attentes s’est largement accélérée et l’intégration des innovations technologiques par les consommateurs également.
Dès lors, c’est d’autant plus difficile pour les marques de rester dans la course. Nos métiers sont redevenus vivants et il faut mettre en place un système de mise à jour permanent pour les équipes désormais.

Un besoin de transformation certes mais…

Il ne s’agit évidemment pas de courir après la dernière étoile filante technologique mais plutôt de se mettre d’accord en interne à tous les niveaux de l’entreprise sur une vision commune de la société et de la marque et d’intégrer le digital comme on mettrait de l’huile dans un moteur pour fluidifier l’interne comme l’externe.

D’acculturer donc avant tout.
Sans briser les silos (c’est illusoire), de permettre (en réalité de contraindre) les services à travailler ensemble comme par exemple l’IT et le marketing. Et enfin d’innover en appliquant une méthode lean, c’est à dire d’essayer et d’ajuster au fur et à mesure.

Travailler autrement donc.
Ce sont les enjeux auxquels doivent faire face les entreprises et ils sont plus profonds qu’une simple mise à jour des outils utilisés. In fine, il ne s’agit pas d’intégrer le digital mais d’intégrer le consommateur digitalisé.

Bravo. Merci.
++

L’UX Design pour les nul(le)s

Dans son magnifique texte de rentrée, notre ami Pascal Demurger (DG du goupe MAIF) conclue ainsi : Il faut donc se réinventer et engager une transformation profonde de l’organisation en activant un triptyque simple qui traverse aujourd’hui toutes les strates de l’entreprise :

  • UX – Définir et mettre en oeuvre une expérience utilisateur exceptionnelle en partant systématiquement des besoins de nos utilisateurs, collaborateurs et sociétaires, le design devenant une discipline à part entière dans notre référentiel métiers
  • Data – Maintenir l’accès aux données et se mettre en capacité de les exploiter à partir d’une politique de la data qui garantisse à la fois les sources d’approvisionnement nécessaires à l’entreprise et l’utilisation éthique qu’en font nos experts et analystes
  • Culture – Engager un projet de transformation par la formation enfin pour installer au coeur de l’entreprise une nouvelle culture de l’innovation, de la collaboration, de l’agilité et de l’intraprenariat mais aussi et surtout de nouvelles compétences et savoirs.

La data et la culture, c’est assez fastoche à saisir, comme notions. En revanche, l’UX, de prime abord, c’est un peu plus coton. De prime abord seulement parce qu’au final, l’UX Design = User Experience Design = Design de l’expérience utilisateur. Plus concrètement encore, ça donne ça 

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Un gars, un vélo, le gars monte dessus. Vendu. Bon, ensuite, il faut bien savoir distinguer ce qui compose le produit et de quoi est
faite l’expérience. Si l’on prend un bol de céréales par exemple on obtient ceci

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Et ça c’est super important car si on déconne dans l’interprétation on risque plutôt d’obtenir cela

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Voilà pour aujourd’hui. J’en reparle bientôt. Biz.

PS / Je remercie l’excellent David Grand pour son superbe post (qui m’a donné envie d’écrire celui-ci un samedi matin !) #exploit

Le terrorisme pour les nuls

Un terroriste, c’est comme une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est bien incapable de déplacer ne serait-ce qu’une tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ainsi, par exemple, que la mouche Al-Qaeda a amené l’éléphant américain à détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient.

Comme son nom l’indique, la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels. Ceux qui l’adoptent sont presque toujours des groupes faibles, qui n’ont pas, de toute façon, la capacité d’infliger d’importants dommages matériels à leurs ennemis. Certes, n’importe quelle action militaire engendre de la peur. Mais dans la guerre conventionnelle, la peur n’est qu’un sous-produit des pertes matérielles, et elle est généralement proportionnelle à la force de frappe de l’adversaire. Dans le cas du terrorisme, la peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer.

Modifier une situation politique en recourant à la violence n’est pas chose aisée. Le premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916, l’armée britannique a déploré 19.000 morts et 40.000 blessés. À la fin de la bataille, en novembre, les deux camps réunis comptaient au total plus d’un million de victimes, dont 300.000 morts. Pourtant, ce carnage inimaginable ne changea quasiment pas l’équilibre des pouvoirs en Europe. Il fallut encore deux ans et des millions de victimes supplémentaires pour que la situation bascule.

En comparaison, le terrorisme est un petit joueur. Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 ont fait trente et un morts. En 2002, en plein cœur de la campagne de terreur palestinienne contre Israël, alors que des bus et des restaurants étaient frappés tous les deux ou trois jours, le bilan annuel a été de 451 morts dans le camp israélien. La même année, 542 Israéliens ont été tués dans des accidents de voiture. Certaines attaques terroristes, comme l’attentatdu vol Pan Am 103 de 1988, qui a explosé au-dessus du village de Lockerbie, en Écosse, font parfois quelques centaines de victimes. Les 3.000 morts des attentats du 11 Septembre constituent un record à cet égard. Mais cela reste dérisoire en comparaison du prix de la guerre conventionnelle.

Faites le compte de toutes les victimes (tuées ou blessées) d’attaques terroristes en Europe depuis 1945 (qu’elles aient été perpétrées par des groupes nationalistes, religieux, de gauche ou de droite…), vous resterez toujours très en-deçà du nombre de victimes de n’importe quelle obscure bataille de l’une ou l’autre guerre mondiale, comme la 3e bataille de l’Aisne (250.000 victimes) ou la 10e bataille de l’Isonzo (225.000 victimes). Aujourd’hui, pour chaque Européen tué dans une attaque terroriste, au moins un millier de personnes meurent d’obésité ou des maladies qui lui sont associées. Pour l’Européen moyen, McDonalds est un danger bien plus sérieux que l’État islamique.

Comment alors les terroristes peuvent-ils espérer arriver à leurs fins ? À l’issue d’un acte de terrorisme, l’ennemi a toujours le même nombre de soldats, de tanks et de navires qu’avant. Ses voies de communication, routes et voies ferrées, sont largement intactes. Ses usines, ses ports et ses bases militaires sont à peine touchées. Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée.

Leur calcul est le suivant: en tournant contre eux son pouvoir massif, l’ennemi, fou de rage, déclenchera une tempête militaire et politique bien plus violente que celle qu’eux-mêmes auraient jamais pu soulever. Et au cours de ces tempêtes, ce qui n’était jamais arrivé arrive: des erreurs sont faites, des atrocités sont commises, l’opinion publique se divise, les neutres prennent position, et les équilibres politiques sont bouleversés. Les terroristes ne peuvent pas prévoir exactement ce qui sortira de leur action de déstabilisation, mais ce qui est sûr, c’est que la pêche a plus de chance d’être bonne dans ces eaux troubles que dans une mer politique calme.

Voilà pourquoi un terroriste ressemble à une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est incapable de déplacer ne serait-ce qu’une simple tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ce qui est arrivé au Moyen-Orient ces dix dernières années. Les fondamentalistes islamiques n’auraient jamais pu renverser eux-mêmes Saddam Hussein. Alors ils s’en sont pris aux États-Unis, et les États-Unis, furieux après les attaques du 11 Septembre, ont fait le boulot pour eux: détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient. Depuis, ces décombres leur sont un terreau fertile.

Rebattre les cartes

Le terrorisme est une stratégie militaire peu séduisante, parce qu’elle laisse toutes les décisions importantes à l’ennemi. Comme les terroristes ne peuvent pas infliger de dommages matériels sérieux, toutes les options que l’ennemi avait avant une attaque terroriste sont encore à sa disposition après, et il est complètement libre de choisir entre elles. Les armées régulières cherchent normalement à éviter une telle situation à tout prix. Quand elles attaquent, leur but n’est pas d’orchestrer un spectacle terrifiant qui attise la colère de l’ennemi et l’amène à répliquer.

Au contraire, elles essaient d’infliger à leur ennemi des dommages matériels sérieux afin de réduire sa capacité à répliquer. Elles cherchent notamment à le priver de ses armes et de ses solutions tactiques les plus dangereuses. C’est, par exemple, ce qu’a fait le Japon en décembre 1941, avec l’attaque surprise qui a coulé la flotte américaine à Pearl Harbor. Ce n’était pas un acte terroriste; c’était un acte de guerre. Les Japonais ne pouvaient prévoir avec certitude quelle seraient les représailles, à part sur un point : quel que soit ce qu’ils décideraient de faire, il ne leur serait plus possible d’envoyer une flotte dans le Sud-Est asiatique en 1942.

Provoquer l’ennemi sans le priver d’aucune de ses armes ou de ses possibilités de répliquer est un acte de désespoir, un dernier recours. Quand on a la capacité d’infliger de gros dommages matériels à l’ennemi, on n’abandonne pas cette stratégie pour du simple terrorisme. Imaginez que, en décembre 1941, les Japonais aient, pour provoquer les États-Unis, torpillé un navire civil sans toucher à la flotte du Pacifique à Pearl Harbor: ç’aurait été de la folie !

Mais les terroristes n’ont pas trop le choix. Ils sont si faibles qu’ils n’ont pas les moyens de couler une flotte ou de détruire une armée. Ils ne peuvent pas mener de guerre régulière. Alors, ils choisissent de faire dans le spectaculaire pour, espèrent-ils, provoquer l’ennemi, et le faire réagir de façon disproportionnée. Un terroriste ne raisonne pas comme un général d’armée, mais comme un metteur en scène de théâtre: c’est là un constat intuitif, qu’illustre bien, par exemple, ce que la mémoire collective a conservé des attentats du 11 Septembre. Si vous demandez aux gens ce qu’il s’est passé le 11 Septembre, ils répondront probablement que les tours jumelles du World Trade Center sont tombées sous le coup d’une attaque terroriste d’Al-Qaeda. Pourtant, en plus des attentats contre les tours, il y a eu ce jour-là deux autres attaques, notamment une attaque réussie contre le Pentagone. Comment se fait-il qu’aussi peu de gens s’en souviennent?

Si l’opération du 11-Septembre avait relevé d’une campagne militaire conventionnelle, l’attaque du Pentagone aurait retenu la plus grande attention. Car elle a permis à Al-Qaeda de détruire une partie du QG ennemi, tuant et blessant au passage des dirigeants et des experts de haut rang. Comment se fait-il que la mémoire collective accorde bien plus d’importance à la destruction de deux bâtiments civils et à la disparition de courtiers, de comptables et d’employés de bureaux?

C’est que le Pentagone est un bâtiment relativement plat et arrogant, tandis que le World Trade Center était un grand totem phallique dont l’effondrement a produit un énorme effet audiovisuel. Qui a vu les images de cet effondrement ne pourra jamais les oublier. Le terrorisme, c’est du théâtre, nous le comprenons intuitivement – et c’est pourquoi nous le jugeons à l’aune de son impact émotionnel plus que matériel. Rétrospectivement, Oussama ben Laden aurait peut-être préféré trouver à l’avion qui a frappé le Pentagone une cible plus pittoresque, comme la statue de la Liberté. Il y aurait certes eu peu de morts, et aucun atout militaire de l’ennemi n’aurait été détruit, mais quel puissant geste théâtral !

À l’instar des terroristes, ceux qui les combattent devraient aussi penser en metteurs en scène plutôt qu’en généraux. Pour commencer, si l’on veut combattre le terrorisme efficacement, il faut prendre conscience que rien de ce que les terroristes font ne peut vraiment nous détruire. C’est nous seuls qui nous détruisons nous-mêmes, si nous surréagissons et donnons les mauvaises réponses à leurs provocations.

Les terroristes s’engagent dans une mission impossible, quand ils veulent changer l’équilibre des pouvoirs politiques par la violence, alors qu’ils n’ont presque aucune capacité militaire. Pour atteindre leur but, ils lancent à nos États un défi tout aussi impossible : prouver qu’ils peuvent protéger tous leurs citoyens de la violence politique, partout et à tout moment. Ce qu’ils espèrent, c’est que, en s’échinant à cette tâche impossible, ils vont rebattre les cartes politiques, et leur distribuer un as au passage.

Certes, quand l’État relève le défi, il parvient en général à écraser les terroristes. En quelques dizaines d’années, des centaines d’organisations terroristes ont été vaincues par différents États. En 2002-2004, Israël a prouvé qu’on peut venir à bout, par la force brute, des plus féroces campagnes de terreur. Les terroristes savent parfaitement bien que, dans une telle confrontation, ils ont peu de chance de l’emporter. Mais, comme ils sont très faibles et qu’ils n’ont pas d’autre solution militaire, ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner. Il arrive parfois que la tempête politique déclenchée par les campagnes de contre-terrorisme joue en faveur des terroristes: c’est pour cette raison que cela vaut le coup de jouer. Un terroriste, c’est un joueur qui, ayant pioché au départ une main particulièrement mauvaise, essaye de convaincre ses rivaux de rebattre les cartes. Il n’a rien à perdre, tout à gagner.

Une petite pièce dans une jarre vide

Pourquoi l’État devrait-il accepter de rebattre les cartes ? Puisque les dommages matériels causés par le terrorisme sont négligeables, l’État pourrait théoriquement en faire peu de cas, ou bien prendre des mesures fermes mais discrètes loin des caméras et des micros. C’est d’ailleurs bien souvent ce qu’il fait. Mais d’autres fois, les États s’emportent, et réagissent bien trop vivement et trop publiquement, faisant ainsi le jeu des terroristes. Pourquoi les États sont-ils aussi sensibles aux provocations terroristes?

S’ils ont souvent du mal à supporter ces provocations, c’est parce que la légitimité de l’État moderne se fonde sur la promesse de protéger l’espace public de toute violence politique. Un régime peut survivre à de terribles catastrophes, voire s’en laver les mains, du moment que sa légitimité ne repose pas sur le fait de les éviter. Inversement, un problème mineur peut provoquer la chute d’un régime, s’il est perçu comme sapant sa légitimité. Au XIVe siècle, la peste noire a tué entre un quart et la moitié de la population européenne, mais nul roi n’a perdu son trône pour cela, nul non plus n’a fait beaucoup d’effort pour vaincre le fléau. Personne à l’époque ne considérait que contenir les épidémies faisait partie du boulot d’un roi. En revanche, les monarques qui laissaient une hérésie religieuse se diffuser sur leurs terres risquaient de perdre leur couronne, voire d’y laisser leur tête!

Aujourd’hui, un gouvernement peut tout à fait fermer les yeux sur la violence domestique ou sexuelle, même si elle atteint de hauts niveaux, parce que cela ne sape pas sa légitimité. En France, par exemple, plus de mille cas de viols sont signalés chaque année aux autorités, sans compter les milliers de cas qui ne font pas l’objet de plaintes. Les violeurs et les maris abusifs, au demeurant, ne sont pas perçus comme une menace existentielle pour l’État parce que historiquement ce dernier ne s’est pas construit sur la promesse d’éliminer la violence sexuelle. A contrario, les cas, bien plus rares, de terrorisme, sont perçus comme une menace fatale, parce que, au cours des siècles derniers, les États occidentaux modernes ont peu à peu construit leur légitimité sur la promesse explicite d’éradiquer la violence politique à l’intérieur de leurs frontières.

Au Moyen Âge, la violence politique était omniprésente dans l’espace public. La capacité à user de violence était de fait le ticket d’entrée dans le jeu politique; qui en était privé n’avait pas voix au chapitre. Non seulement de nombreuses familles nobles, mais aussi des villes, des guildes, des églises et des monastères avaient leurs propres forces armées. Quand la mort d’un abbé ouvrait une querelle de succession, il n’était pas rare que les factions rivales – moines, notables locaux, voisins inquiets – recourent aux armes pour résoudre le problème.

Le terrorisme n’avait aucune place dans un tel monde. Qui n’était pas assez fort pour causer des dommages matériels substantiels était insignifiant. Si, en 1150, quelques musulmans fanatiques avaient assassiné une poignée de civils à Jérusalem, en exigeant que les Croisés quittent la terre sainte, ils se seraient rendus ridicules plutôt que d’inspirer la terreur. Pour être pris au sérieux, il fallait commencer par s’emparer d’une ou deux places fortes. Nos ancêtres médiévaux se fichaient bien du terrorisme: ils avaient trop de problèmes bien plus importants à régler.

Au cours de l’époque moderne, les États centralisés ont peu à peu réduit le niveau de violence politique sur leur territoire, et depuis quelques dizaines d’années les pays occidentaux l’ont pratiquement abaissé à zéro. En Belgique, en France ou aux États-Unis, les citoyens peuvent se battre pour le contrôle des villes, des entreprises et autres organisations, et même du gouvernement lui-même sans recourir à la force brute. Le commandement de centaines de milliards d’euros, de centaines de milliers de soldats, de centaines de navires, d’avions et de missiles nucléaires passe ainsi d’un groupe d’hommes politiques à un autre sans que l’on ait à tirer un seul coup de feu. Les gens se sont vite habitués à cette façon de faire, qu’ils considèrent désormais comme leur droit le plus naturel. Par conséquent, des actes, même sporadiques, de violence politique, qui tuent quelques dizaines de personnes, sont vus comme une atteinte fatale à la légitimité et même à la survie de l’État. Une petite pièce, si on la lance dans une jarre vide, suffit à faire grand bruit.

C’est ce qui explique le succès des mises en scène terroristes. L’État a créé un immense espace vide de violence politique – un espace qui agit comme une caisse de résonance, amplifiant l’impact de la moindre attaque armée, si petite soit-elle. Moins il y a de violence politique dans un État, plus sa population sera choquée face à un acte terroriste. Tuer trente personnes en Belgique attire bien plus d’attention que tuer des centaines de personnes au Nigeria ou en Iraq. Paradoxalement, donc, c’est parce qu’ils ont réussi à contenir la violence politique que les États modernes sont particulièrement vulnérables face au terrorisme. Un acte de terreur qui serait passé inaperçu dans un royaume médiéval affectera bien davantage les États modernes, touchés au cœur.

L’État a tant martelé qu’il ne tolérerait pas de violence politique à l’intérieur de ses frontières qu’il est maintenant contraint de considérer tout acte de terrorisme comme intolérable. Les citoyens, pour leur part, se sont habitués à une absence totale de violence politique, de sorte que le théâtre de la terreur fait naître en eux une peur viscérale de l’anarchie, comme si l’ordre social était sur le point de s’effondrer. Après des siècles de batailles sanglantes, nous nous sommes extraits du trou noir de la violence, mais ce trou noir, nous le sentons, est toujours là, attendant patiemment le moment de nous avaler à nouveau. Quelques atrocités, quelques horreurs – et nous voilà, en imagination, en train de retomber dedans.

Désormais, nous serons gouvernés par la peur et les bons sentiments

Afin de soulager ces peurs, l’État est amené à répondre au théâtre de la terreur par un théâtre de la sécurité. La réponse la plus efficace au terrorisme repose sans doute sur de bons services secrets et sur une action discrète contre les réseaux financiers qui alimentent le terrorisme. Mais ça, les gens ne peuvent pas le voir à la télévision. Or ils ont vu le drame terroriste de l’effondrement des tours du World Trade Center. L’État se sent donc obligé de mettre en scène un contre-drame aussi spectaculaire, avec plus de feu et de fumée encore. Alors au lieu d’agir calmement et efficacement, il déclenche une énorme tempête qui, bien souvent, comble les rêves les plus chers des terroristes.

Comment l’État devrait-il faire face au terrorisme ? Pour réussir, la lutte devrait être menée sur trois fronts. Les gouvernements, d’abord, devraient se concentrer sur une action discrète contre les réseaux terroristes. Les médias, ensuite, devraient relativiser les événements et éviter de basculer dans l’hystérie. Le théâtre de la terreur ne peut fonctionner sans publicité. Or malheureusement, les médias ne font souvent que fournir cette publicité gratuitement: ils ne parlent que des attaques terroristes, de façon obsessionnelle, et exagèrent largement le danger, parce que de tels articles sensationnels font vendre les journaux, bien mieux que les papiers sur le réchauffement climatique.

Le troisième front, enfin, est celui de notre imagination à tous. Les terroristes tiennent notre imagination captive, et l’utilisent contre nous. Sans cesse, nous rejouons les attaques terroristes dans notre petit théâtre mental, nous repassant en boucle les attaques du 11 Septembre ou les attentats de Bruxelles. Pour cent personnes tuées, cent millions s’imaginent désormais qu’il y a un terroriste tapi derrière chaque arbre. Il en va de la responsabilité de chaque citoyen et de chaque citoyenne de libérer son imagination, et de se rappeler quelles sont les vraies dimensions de la menace. C’est notre propre terreur intérieure qui incite les médias à traiter obsessionnellement du terrorisme et le gouvernement à réagir de façon démesurée.

Que dire encore du terrorisme nucléaire ou bio-terrorisme? Que se passerait-il si ceux qui prédisent l’Apocalypse avaient raison? si les organisations terroristes venaient à acquérir des armes de destruction massive, susceptibles, comme dans la guerre conventionnelle, de causer d’immenses dommages matériels? Quand cela arrivera (si cela arrive), l’État tel que nous le connaissons sera dépassé. Et du même coup, le terrorisme tel que nous le connaissons cessera également d’exister, comme un parasite meurt avec son hôte.

Si de minuscules organisations représentant une poignée de fanatiques peuvent détruire des villes entières et tuer des millions de personnes, l’espace public ne sera plus vierge de violence politique. La vie politique et la société connaîtront des transformations radicales. Il est difficile de savoir quelle forme prendront les batailles politiques, mais elles seront certainement très différentes des campagnes de terreur et de contre-terreur du début du XXIe siècle. Si en 2050 le monde est plein de terroristes nucléaires et de bio-terroristes, leurs victimes songeront au monde occidental d’aujourd’hui avec une nostalgie teintée d’incrédulité: comment des gens qui jouissaient d’une telle sécurité ont-ils pu se sentir aussi menacés ?

© Yuval Harari 2016
© Albin Michel pour la traduction française 2016, par Clotilde Meyer

Pourquoi la plate-forme est l’avenir de l’entreprise ?

Toutes les entreprises ont vocation à devenir des plate-formes, c’est-à-dire à se placer au cœur des interactions permettant de remplir au mieux leur mission.

L’adaptation des entreprises au monde du XXIe siècle passe par une meilleure compréhension des enjeux qu’implique la notion de ­plates-formes numériques. Toute la radicalité de la transformation digitale peut sans doute se résumer à un seul principe : les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation à devenir des plates-formes. C’est-à-dire à être au coeur des interactions qui leur permettent de remplir leur mission au mieux.

Qu’il s’agisse de produire des réacteurs d’avion ou de vendre des services de restauration à domicile, il deviendra progressivement impensable de ne pas optimiser ces interactions avec les parties prenantes de l’entreprise (fournisseurs, clients, salariés, etc.) en les automatisant autant que possible pour ainsi accroître sensiblement leur productivité.

L’interaction crée la valeur

En reformulant totalement la création de valeur, la plate-forme recrée également de nouvelles formes de partenariats et d’alliances. La plate-forme traite la donnée produite par la multitude. Ainsi, Uber est en relation avec près de 10 millions de clients et environ 200.000 chauffeurs, mais, au-delà, cette société interagit également avec de nombreuses banques, systèmes de paiement, système d’information routière, réseaux sociaux… Plus elle interagit, plus elle crée de la valeur.

Toutes les entreprises sont concernées

Il y a peu, je rendais visite à mon dentiste ; la digitalisation y fait des incursions surprenantes. Désormais, il n’a plus de prothésiste : le dentiste effectue des relevés 3D des dentitions, qui peuvent être envoyées à un opérateur qui, après avoir finalisé le modèle des prothèses, les renvoie chez le praticien, où elles sont imprimées en 3D. De même, la comptabilité devient totalement automatisée et les quelques opérations manuelles qui continuent à incomber au dentiste consistent à scanner ses notes de frais pour qu’elles soient traitées par une plate-forme spécialisée, sans même qu’il n’ait à rencontrer quiconque. Mon dentiste pourrait aussi effectuer les prises de rendez-vous via un agenda en ligne que ses patients rempliraient eux-mêmes. Il lui suffirait de régler le temps qu’il souhaite consacrer à chacun en fonction de ce qu’il sait de ses antécédents dentaires, et seules les plages horaires adéquates se libéreraient.

La transition digitale ne concerne donc pas uniquement les grandes entreprises, mais bien également les artisans. 

Gageons que l’on peut appliquer ce type d’analyse de transformation à tous types d’activité. Il y a cependant fort à craindre que l’idée que les entreprises aient à devenir des plates-formes reste encore, pour un certain temps, une notion incomprise. Pour autant, il est difficile d’envisager un autre mode d’évolution du monde productif : la puissance actuelle et surtout future des plates-formes est telle qu’elles ne resteront plus longtemps des options.

Un excellent texte de l’excellent

GILLES BABINET
Source + intégral ici : http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211206601991-pourquoi-la-plate-forme-est-lavenir-de-lentreprise-2023337.php