Alors, comment arrête-t-on cette machine ?

Comme le dit Bluetouff, le scandale Prism c’est effectivement comme si on se réveillait d’une gueule de bois qui a duré 12 ans, comme si il nous avait fallu tout ce temps pour digérer l’amère poussière de l’effondrement des tours du World Trade Center.

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Les scandales Prism et Verizon ne posent pas seulement la question de la surveillance d’Etat, mais de la surveillance tout court, celle dont nous sommes l’objet à l’heure des très grandes masses de données, des Big Data, des algorithmes et des traitements. Ce n’est pas seulement la confiance dans nos Etats qui est en cause, mais également la confiance dans les grands opérateurs de l’internet et dans nos fournisseurs d’accès. C’est la confiance dans une société organisée par et pour la surveillance. Nous avions déjà du mal à accepter que ces entreprises utilisent nos données par devers nous, qu’ils analysent nos e-mails et nos requêtes pour nous proposer de la publicité, sans même qu’on puisse s’en extraire. Comment peut-on accepter que les Majors de l’internet transmettent des informations, nos échanges privés, au gouvernement, demain à l’administration fiscale, à votre assureur, à votre voisin…

Comme le soulignait très bien Eric Sadin dans les Matins de France Culture, le problème repose bien sur l’indifférenciation de la récolte des données.

Devin Coldewey pour TechCrunch rappelle que les murs virtuels d’internet n’ont pas été construits pour protéger nos données, au contraire, il n’ont pour but que de transmettre de l’information. Et si nous avons trop transmis de données, c’est parce que c’était la seule option. Nous ne rêvions pas d’une boîte de Pandore, mais d’un coffret, avec une serrure dont nous aurions la clé.

Alors, comment arrête-t-on cette machine ? Face au manque de perspective qui nous est donné, on se dit que l’avenir est à une autre innovation. Une innovation respectueuse de nous, de chacun d’entre nous. Une conception qui intègre le respect des utilisateurs (privacy by design), qui respecte nos identités, nos noms, et les croisements qui sont fait de nos données. L’avenir est au consentement explicite. A l’abandon de nos noms et de nos identifiants uniques. Ni nos vrais noms, ni nos identifiants ne peuvent ouvrir l’accès à tous les services que nous utilisons. Comme le dit Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet :

“nous sommes à un moment charnière de notre histoire, et nous devons questionner notre rapport, en tant que société tout entière, à la technologie. D’un côté, nous avons des technologies qui sont faites pour rendre les individus plus libres, par l’ouverture et le partage des connaissances : ce sont les logiciels libres (comme GNU/Linux, Firefox ou Bittorrent), les services décentralisés (que chacun fait tourner sur son serveur ou sur des serveurs mutualisés entre amis ou à l’échelle d’une entreprise, institution, etc.) et le chiffrement point à point (qui permet aux individus de protéger par les mathématiques leurs communications contre les interceptions).

De l’autre, nous constatons la montée en puissance de technologies qui sont conçues pour contrôler les individus, voire restreindre leurs libertés en les empêchant d’en faire ce qu’ils souhaitent. Je pense à ces pseudo “téléphones intelligents” qui ne sont ni des téléphones (ils sont avant tout des ordinateurs qui savent également téléphoner), ni intelligents, car en réalité ils permettent de faire moins de choses que des ordinateurs traditionnels et sont conçus en réalité pour empêcher à l’utilisateur de choisir d’où seront installés les programmes, d’installer les programmes de son choix, ou même d’avoir accès pour le comprendre au fonctionnement des puces cruciales qui permettent d’émettre ou recevoir des données… Si l’on devait appeler cela de “l’intelligence”, cela serait peut-être au sens anglais du mot, pour parler de renseignement, d’espionnage… car de tels appareils semblent être conçus pour espionner leurs utilisateurs.

De la même façon, ces services massivement centralisés sont par essence, par leur architecture, faits pour aspirer toutes les données personnelles possibles et imaginables. Ce sont les modèles économiques de ces entreprises qui sont basés sur le fait d’entretenir un flou entre vie privée et vie publique… Toutes ces technologies ont en commun de maintenir l’utilisateur dans l’ignorance… Dans l’ignorance du fonctionnement même de la technologie (parfois en habillant cela de “cool”, comme Apple qui vous vend l’ignorance, comme du confort, de la facilité, etc., au travers de produits il est vrai assez bien conçus, quoique fragiles…).

En réalité, signer un contrat avec une de ces entreprises sans comprendre les réalités sous-jacentes qu’implique l’architecture de nos outils de communication et le fonctionnement de nos appareils revient un peu à signer un contrat sans savoir lire. Je suis convaincu que la connaissance de la technologie (ou à l’inverse son ignorance) est la clé qui nous permet de basculer d’un environnement où l’on est sous contrôle à un environnement ou l’on est plus libre car l’on retrouve le contrôle de la technologie.

C’est l’humain qui doit contrôler la machine, et jamais l’inverse. Cette promesse, c’est celle du logiciel libre, c’est celle des services décentralisés, c’est celle du chiffrement. Mais toutes ces technologies ont en commun de nécessiter un effort actif de participation de la part de l’utilisateur… Eh oui, la liberté a un prix !”

Nous devons reprendre possession de nos données, de nos identités. La vie privée, son respect, doit être intégrée dès la conception. Mon Kindle, mon Fitbit doivent pouvoir être déconnectés. Je dois pouvoir les utiliser sans qu’ils n’envoient d’information à celui qui me fournit le produit : ma casserole n’envoie pas de données à son fabricant (pour l’instant) et c’est très bien ainsi. Et si demain cela doit changer, je dois pouvoir dire non. Je dois pouvoir choisir le silence des puces, sans que ce choix signifie que je n’ai pas le droit d’acheter la casserole. Si j’achète un produit qui produit des données ou si j’accède à un service qui en produit, je dois pouvoir en bénéficier sans que le service lui n’y accède si je ne le désire pas. Je dois pouvoir choisir que l’opérateur qui les administre n’enregistre pas de données dessus, les effaces dès qu’elles ont servies. De même, pour le service en ligne que j’utilise, je dois pouvoir régler le niveau de confidentialité de mes données. En rester maître. Faire que l’option par défaut soit qu’elles soient à moi, plutôt qu’au service que j’utilise. Nous devons tous avoir le choix de ne pas céder nos données contre l’accès au service. Nous devons pouvoir utiliser des services sans nécessairement qu’ils collectent une information dont nous ne voulons pas qu’ils disposent, même à des fins respectueuses de nos libertés, comme nous le promettent faussement toutes les CGU. L’opt-in doit être la règle.

Nous devons imaginer une personnalisation sans identification. Partout, nous devons limiter la collecte, comme le rappelle l’Electronic Frontier Foundation. Qui a besoin de notre nom, de notre vrai nom ? De notre date de naissance ? De notre e-mail ? Diminuer la collecte est le meilleur moyen de limiter l’identification et la réidentification. Notre fournisseur d’électricité a-t-il besoin de connaître notre nom ? Et, s’il en a besoin, a-t-il le droit de l’utiliser ? Ce fournisseur d’énergie doit avoir accès au total de notre consommation pour nous facturer, mais pas nécessairement au détail de celle-ci, qui lui donne alors accès à des informations précises sur les appareils électroménagers que nous utilisons voir même si j’ai un solarium électrique pour faire pousser du canabis… C’est un peu comme si le fisc avait accès aux tickets de caisse de toutes mes dépenses et en en faisant la somme pouvait constater que celles-ci dépassent mes revenus annuels déclarés… Devrons-nous autoriser ce croisement au prétexte qu’il sera possible demain ? Que j’ai accès à ce détail me paraît normal. Que lui y ait accès ne me le paraît pas.

Nous devons réguler les croisements de données, qui se font aujourd’hui totalement librement via API et autres mashups. Ces croisements sont certes un formidable vivier d’innovation, mais ils demeurent aujourd’hui négociés par la seule bonne volonté des acteurs de l’innovation. En France, les croisements de données ne sont par principe pas autorisés, mais ils se glissent dans l’évolution des techniques comme on l’a vu dans les exemples que nous avions évoqué dans les questions d’emploi ou de crédit… Nos relations sociales ne doivent pas pouvoir être accessible à tous. Certains types d’extraction et de croisement de données doivent être interdits.

Si notre IP est vraiment une donnée personnelle, alors nul autre que nous ne doit avoir le droit de la conserver, de la stocker, d’y accéder, quelque soit la durée. Celle-ci doit être anonymisée et obfusquée par nature et sa durée de conservation limitée au seul temps du service.

Nos échanges, nos profils, nos réseaux relationnels doivent devenir éphémères et cryptés. On a essayé de croire que la régulation technique et la bonne volonté des acteurs suffirait. Ce n’est pas le cas. Nous avons besoin de durcir les règles, de redevenir radical, de nous réarmer techniquement. Une autre innovation est possible. L’avenir est en tout cas à elle, pas à celle qu’on a connu jusqu’alors.

Entre 100% de sécurité et 100% de vie privée (pour autant que ce débat doive rester aussi radical, car les corrélations ne nous apporterons pas 100% de sécurité, ni les technologies 100% de vie privée), nous devons d’abord choisir la vie privée, parce que la vie privée est la seule à pouvoir garantir notre sécurité.

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Ce trèèès bon texte n’est pas de moi, mais de Hubert Guillaud. J’en ai juste modifié le titre + UNE coquille 🙂 Source + Intégrale de cet excellent article (qui me fait vous le partager, même en vacances, grrr) : Interactu.net

Le statut moyen d’une page Facebook n’est visible sur le fil d’actualité des fans qu’à 16% de ceux-ci

Donc si vous avez 1000 fans, seulement 160 seront exposés à vos contenus. Oubliez le milliard d’usagers Facebook, seulement 160 de vos fans sauront que vous mettez quelque chose de pertinent (si c’est le cas) en ligne. À moins que vous ne sortiez le gros cash pour que Facebook augmente la visibilité de vos statuts à vos propres fans (qui sont en fait plutôt les fans de Facebook).

12 technologies qui vont changer le monde (et tuer des emplois)

Un rapport de McKinsey liste des innovations qui auraient un impact économique colossal. Mais que faire des emplois devenus obsolètes ou non compétitifs ?

L’institut de conseil McKinsey a publié un rapport en mai intitulé « Technologies de rupture : des avancées qui changeront la vie, le commerce et l’économie mondiale ». Dans ce document de 180 pages, douze innovations sont listées, toutes capables de modifier le monde à l’horizon 2025.

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Une technologie dite « de rupture » a une particularité : comme l’indique son nom, elle rompt avec le marché existant – qu’elle altère ou détruit – et modifie le paysage économique en profondeur. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire récente : les moteurs ont rendu la force animale obsolète, le téléphone a signé la mort du télégramme, la photographie numérique a enterré l’argentique…

Impact économique et capacité de rupture

Les années 2000 ont aussi eu leur lot de ruptures technologiques « en devenir » avec par exemple le téléchargement face à l’achat de formats physiques, le livre numérique, l’e-commerce…

La liste dressée par les experts de McKinsey n’est pas exhaustive mais s’articule autour de deux critères : l’importance de l’impact économique et sociétal de ces innovations et leur capacité à rompre réellement avec le marché existant.

Les douze innovations :

  • Internet mobile : accroissement et baisse du coût de la connectivité entre Internet et terminaux mobiles ;
  • automatisation du travail intellectuel : création de logiciels et système intelligents aux capacités de jugement et de traitement de la connaissance affinées ;
  • Internet des objets communicants/connectés : création de réseaux de capteurs à bas prix collectant des données, les analysant et agissant en fonction ;
  • l’informatique en nuage (cloud) : système d’hébergement des fichiers et services sur des serveurs distants ;
  • robotique avancée : des robots aux sens, à la dextérité et l’intelligence améliorés, utilisés pour automatiser davantage de taches voire « augmenter » les humains eux-mêmes ;
  • véhicules autonomes : véhicules capables de se déplacer avec peu ou sans intervention humaine ;
  • génomique nouvelle-génération : séquençage du génome amélioré, plus rapide et à moindre coût, grâce aux innovations dans l’analyse des données et la biologie synthétique ;
  • stockage de l’énergie : systèmes et terminaux capables de stocker l’énergie en plus grande quantité et plus longtemps (essentiellement des batteries) ;
  • impression 3D : technique de fabrication additive qui consiste à créer des objets depuis un modèle numérique en superposant de fines couches de matériaux ;
  • matériaux avancés  : matériaux aux caractéristiques et fonctionnalités supérieures (dureté, résistance, durabilité, élasticité, conductivité…) ;
  • exploration et forage avancés : techniques permettant l’exploitation de ressources pétrolifères et gazières jusqu’alors inaccessibles ;
  • énergies renouvelables.

Une création de richesse astronomique

Selon le rapport, le gain pour l’économie mondiale sera considérable : entre 10 000 milliards et 25 000 milliards d’euros par an en 2025. L’essentiel venant de l’Internet mobile (entre 3 000 milliards et 8 000 milliards d’euros), suivi de l’automatisation du travail intellectuel, les objets connectés et le cloud.

Les experts ne vantent pas seulement la croissance colossale des bénéfices pour l’économie mondiale.

Le coût des traitements des maladies chroniques pourrait être réduit grâce à des capteurs sanitaires connectés, l’électricité et l’eau seraient gérées plus efficacement, des exosquelettes aideront des personnes handicapées à retrouver leur motricité, les OGM seront plus performants… on pourrait même procéder à l’augmentation des capacités de l’être humain.

Et les emplois dans tout ça ?

Sauf qu’un détail vient noircir le tableau. Ce processus de rupture décrit par Joseph Schumpeter en 1942 répond au nom de « destruction créatrice ». Et il faut attendre la conclusion du rapport pour que soit évoqué l’autre versant de la pièce : quid des emplois devenus inutiles, obsolètes ou non compétitifs ?

Sans même aborder les questions d’éthique qui se poseront nécessairement autour de l’usage de ces technologies, il existe des impératifs pratiques auxquels ne répondent pas vraiment les auteurs.

Dans le monde décrit par le rapport, que fait-on des :

  • professeurs lorsque les logiciels d’apprentissage seront si performants qu’ils s’adapteront parfaitement aux besoins de l’enfant ?
  • médecins et chirurgiens lorsque des capteurs sanitaires implantés vous tiendront au courant de votre état de santé et que des machines se chargeront de vous opérer ?
  • femmes de ménages et aides aux personnes lorsque des robots domestiques pourront remplir la plupart de leurs taches ?
  • des ouvriers, manutentionnaires et ingénieurs lorsque l’automatisation du travail manuel et intellectuel les aura remplacés ou que l’imprimante 3D aura détruit certains écosystèmes industriels ?
  • chauffeurs de taxis, de bus ou de camions lorsque les voitures seront autonomes ?

Désœuvrement, chômage et inégalités

Les auteurs du rapport eux-mêmes évoquent la problématique :

« La nature du travail va changer, et des millions de personnes auront besoin de nouvelles compétences. Il n’est pas étonnant qu’une nouvelle technologie rende certaines formes de travail humain inutile ou non-compétitif. »

Selon les experts de McKinsey, ce processus a toujours bénéficié à la société, en créant plus d’emplois qu’il n’en détruisait. Ils s’alarment cependant que l’essor de l’automatisation n’inverse la balance, accroisse le chômage et creuse les inégalités entre les travailleurs très qualifiés et ceux qui auront reçu une formation de moindre qualité.

Le rapport exhorte donc gouvernements et employeurs à prendre le temps de réfléchir au meilleur moyen d’appréhender ces technologies dont l’essor ne peut de toute manière être stoppé.

Les classes moyennes sacrifiées au profit d’une élite

Si les experts de McKinsey semblent minimiser l’impact des technologies de l’information et de la connectivité sur l’emploi, d’autres auteurs se font nettement plus alarmistes.

Dans un livre intitulé « Who Owns the Future » (à qui appartient le futur) – paru presque en même temps que le rapport – l’essayiste américain Jaron Lanier, pionnier de la réalité virtuelle, met en garde contre les technologies digitales utilisées pour briser les marchés, éliminer les emplois et concentrer la richesse entre les mains d’une élite.

Il s’appuie notamment dans le préambule sur l’exemple de Kodak :

« Au sommet de sa puissance, la société de photo Kodak employait plus de 140 000 personnes et valait 28 milliards de dollars. Ils ont même inventé le premier appareil photo numérique. Mais aujourd’hui, Kodak est en faillite et le nouveau visage de la photo digitale est devenu Instagram. Quand Instagram a été vendu à Facebook pour un milliard de dollars en 2012, la société employait treize personnes. »

Les solutions proposées par l’auteur – cesser de livrer gratuitement nos informations personnelles aux entreprises, voire les monétiser – peuvent bien être jugées trop légères ou taxées d’utopisme, elles ont le mérite de créer le débat sur l’un des grands problèmes de la prochaine décennie.

Source : Rue 89 et Beer Bergman

L’analogie de Facebook et du Stade de France

Le Stade de France est le plus grand stade français avec 80 000 places  C’est du monde. Imaginez 80 000 personnes captives d’un lieu unique? Imaginez maintenant que vous avez une concession dans ce stade. Vous avez une potentialité de rejoindre 80 000 personnes, ce n’est pas rien. Malheureusement, votre concession est dans le 3e sous-sol dans le fond du stationnement avec aucune signalisation pour vous trouver. Malgré tout, 1000 personnes aiment votre concession. Vous savez leur nom et certains détails de qui ils sont. Vous communiquez avec eux de façon régulière, mais le Stade décide de qui peuvent voir vos messages.

 

Seulement 16 % d’entre eux recevront vos messages. On parle alors de 160 personnes. 

 

Si vous voulez que plus de vos admirateurs voient vos messages, il faudra payer grassement le stade. Ce ne sont pas vos clients ce sont des spectateurs du stade. Ils vous aiment bien, mais ils ne sont pas là pour vous, ils sont là pour les activités sportives du stade. Mais si vous voulez réellement atteindre d’autres gens qui sont dans le stade et qui ne sont pas déjà vos fans, vous pouvez louer une publicité sur l’écran géant du stade. Là vous pourrez potentiellement être vue par 80 000 personnes. Mais combien d’entre elles regardent l’écran géant au moment de votre 15 secondes de pub? Bah, vous êtes au Stade de France, vous en avez parlé à votre beau-frère et il se fait un devoir d’attendre que votre pub passe pour vous dire à quel point votre pub elle est forte.

Par ailleurs, vous avez aussi une boutique avec une adresse physique bien réelle. Mais vous vous dite jamais 80 000 personnes ne passeront devant votre porte en une journée. Et qui connait ma rue? Pas grand monde sans doute. Puis un spécialiste de la pub vient vous voir. Il vous dit, fait de la pub radio, télé et imprimé avec le logo du Stade de France. Tu va voir ça va faire zimbamboum. Les gens connaissent tous le stade, si tu dis que tu y est, ils viendront tous te voir. Alors tu dépenses de l’argent un pub, les gens qui t’aiment décuplent. Tu es maintenant rendu à 10 000 fans. WOW, c’est énorme. Puis tu décides de leur faire une promo spéciale pour les remercier d’avoir aimé ta concession, tu diffuses ton message, mais seulement 16% le verront. On est rendu à 1600 personnes. Mais si tu veux, tu peux encore payer pour que plus de tes fans reçoivent ton message ou tu a le loisir de te payer encore un 15 secondes sur l’écran géant du stade. Quelle belle affaire?

Entretemps, ta boutique sur une rue inconnue est encore inconnue. Mais tu y es chez toi. Chaque personne qui y entre est TON client. Tu peux lui dire ce que tu veux, comme tu le veux sans devoir respecter les règles contraignantes de communication du Stade.

 

Alors tu commences à penser, aurai-je plutôt dû dépenser pour faire connaître ma boutique?

 

Avec tout l’argent que j’ai dépensé pour faire connaître le Stade, peut-être que ma boutique serait finalement plus achalandée? Le Stade c’est Facebook, votre concession dans le fond du garage du 3e sous-sol c’est votre page Facebook et votre boutique c’est votre site web.

Source : Michelle Blanc et son blog (dont je vous recommande à nouveau chaudement la lecture).

The Lean Startup par Eric Ries

    Le succès d’une startup n’est pas la conséquence de bons gênes ou du fait d’être au bon endroit au bon moment. Le succès d’une startup peut être produit en suivant le bon process, ce qui veut dire qu’il peut être appris, ce qui veut dire qu’il peut être enseigné.

    Le mouvement « Lean Startup » est une nouvelle approche pour créer l’innovation continuelle. Dans une lean startup, les fonctions business et marketing sont considérées comme aussi importante que l’ingénierie et le développement produit. Elles doivent donc mériter de la même manière une méthodologie rigoureuse.

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    Eric Ries combat le mythe des étudiants dans un dortoir, en train de sublimer une idée pour en faire un business valant plusieurs milliards de dollars quelques années plus tard. Pour lui, c’est un mythe qui doit être combattu : pour un Facebook, il y a des millions d’autres projets qui échouent. Mais il y a quelque chose de vraiment attirant à s’imaginer qu’une bonne idée, du courage et 22 heures de travail par jour permettent de créer le business de demain ! Ce mythe fait croire qu’il suffit d’avoir la bonne idée pour réussir.

    Après des années en tant qu’entrepreneur, Eric Ries en vient à croire – comme Stéphane Traumat – que ce qui compte le plus, c’est justement les choses ennuyeuses, pas les idées “géniales”.

    La méthode Lean Startup couverte dans son livre repose sur six points :

    1 – Les entrepreneurs sont partout
    Pas besoin de travailler dans un garage pour être une startup. Une startup est une institution humaine dont le but est de créer des nouveaux produits ou services dans des conditions extrêmement incertaines. Ainsi l’approche Lean Startup fonctionne pour les entreprises de toutes les tailles.

    2 – L’entreprenariat est une forme de management
    Une startup est une institution, pas juste un produit, et donc requiert une nouvelle forme de management spécialement pensée pour un contexte extrêmement incertain.

    3 – L’apprentissage validé
    Les startups n’existent pas seulement pour faire des choses, gagner de l’argent ou même servir des clients. Elles existent pour apprendre comment construire une affaire durable. Cet apprentissage peut être validé scientifiquement en recourant à des expérimentations fréquentes.

    4 – Construire – Mesurer – Apprendre
    C’est une boucle qui fait partie de toutes les startups réussies.

    5 – La comptabilité de l’innovation
    Cela signifie mesurer le progrès, savoir travailler par étape et prioriser les tâches.

    6 – Pourquoi les startups échouent ?
    Le premier problème est que les entrepreneurs « classiques » se focalisent trop sur l’importance d’un business plan et d’une analyse de marché. Cela ne fonctionne pas pour les startups car elles ne connaissent pas qui seront leurs clients et ce que seront leurs produits. Planifier et réaliser des prévisions ne fonctionne que sur une base opérationnelle stable et un environnement statique. Les startups n’ont ni l’un ni l’autre.

    Le second problème est l’application des méthodes de management qui ont fait leurs preuves dans les grandes entreprises à une startup. Cela ne fonctionne pas. Il faut juste apprendre à manager le chaos et l’innovation d’une startup, autrement.

    Notre société a démontré le fonctionnement de techniques efficaces pour créer des produits et manager des grandes entreprises. Mais quand on parle de startups et d’innovation, nous sommes dans le noir. On se repose sur la vision de quelques « grands hommes » considérés comme des magiciens parce qu’avec eux les rêves deviennent réalité.

    Partie 1 : VisionPartie 2 : diriger  |  Partie 3 : Accélérer

    Mon avis : The Lean Startup est une approche scientifique originale de l’entreprenariat. Ce livre n’est définitivement pas fait pour les gens qui veulent ouvrir un restaurant, mais plutôt pour ceux qui s’imaginent créer le prochain Google.

    Source : http://my-personal-mba.com/

    Google, Twitter et Facebook : Big Brothers ?

    Ce titre est un petit peu trop alarmiste, c’est vrai, mais bon, c’est la question que je me pose en ce moment.

    A l’heure où la diffusion d’info se propage à 2000 à l’heure, on assiste à un phénomène rigoureusement inverse d’un point de vue financier.

    On a l’impression que l’argent est en train de se concentrer en quelques points, ultra-centralisés.

    Nous savons que Google regarde dans les documents que nous lui confions afin de mieux cibler les publicités qu’il nous propose. Un brevet déposé le 2 mai montre que la firme de Mountain View pourrait, bientôt, “lire” les mails que vous écrivez et vous dire si c’est légal. Voire de le signaler automatiquement à une tierce personne. C’est la teneur d’un excellent papier de Olivier Laffargue :

    Vous êtes en train d’écrire un mail quand soudain, une fenêtre pop-up surgit et vous informe que ce que vous êtes en train d’écrire pourrait être en infraction avec le règlement intérieur de votre entreprise, ou les termes de confidentialité de votre contrat de travail.

    Dans le même temps, le service juridique de votre employeur reçoit une notification: “Monsieur X. est peut-être en train de briser telle ou telle loi.” C’est ce que la technologie nouvellement brevetée par Google serait, théoriquement, en mesure de faire.

    Alors bon, pas de panique non plus : comme le souligne l’article, “Déposer un brevet ne veut pas dire l’exploiter, et il reste à voir comment il sera appliqué.”.

    Tout est là.

    Google l’appliquera – au final – comme il veut.
    🙂

    Il y a sept ans naissaient YouTube, la liseuse digitale et l’iTunes Music store faisait son apparition en Europe

    Youtube

    Dans le secteur culturel, la migration numérique est en marche mais laisse un goût d’inachevé ; ce sont des industries entières qui doivent se repenser et revenir sur leurs acquis.

    Le consommateur est confronté à un foisonnement d’innovations qui vont de plus en plus vite et de plus en plus loin.
    De la profusion de contenus et de vecteurs en apparence désordonnée émergent cinq grandes tendances :

    1. abondance,
    2. personnalisation,
    3. agrégation,
    4. communauté
    5. engagement.

    L’accès illimité à une infinie diversité de contenus est désormais tenu pour acquis.

    Fidèles à l’esprit de la société au sein de laquelle les consommateurs évoluent, ils souhaitent légitimement avoir la possibilité d’accéder à un univers de contenu adapté à leurs goûts, reflétant leurs envies, anticipant même leurs désirs. De la fragmentation des audiences ont émergé de puissants “carrefours d’usage” comme Google ou Facebook qui, par l’agrégation de divers contenus disponibles, en facilitent l’accès et l’appropriation. La transition numérique marque également le passage de la culture individuelle à la culture communautaire ; dans l’esprit des gens, aucun algorithme, si performant soit-il, ne remplacera jamais le conseil d’un ami. Les réseaux sociaux prennent par conséquent de plus en plus d’importance, non seulement en tant que tels, mais également lorsqu’il s’agit de choisir un contenu. Enfin, le grand public, s’il n’est pas forcément créateur, fait preuve d’une volonté prononcée de s’impliquer davantage dans le processus de découverte et de dissémination des œuvres.

    L’impact de ces cinq tendances sur des secteurs culturels aussi différents que la musique, la télévision, les jeux vidéo et les livres suggère des stades de maturité numérique et des perspectives d’avenir contrastées.

    Depuis sept ans, l’industrie musicale est passée par presque toutes les phases de décroissance, restructuration et diversification. Aujourd’hui, les nouvelles sources d’écoute et de partage, comme le téléchargement ou le streaming, représentent plus du tiers de la consommation de musique en termes de temps passé. Marquée par sept années d’innovations numériques, l’industrie musicale pourrait donc être en passe de renouer avec la croissance et la création de valeur.

    Sept ans après la naissance de YouTube, la multiplication des tablettes comme l’iPad annoncent l’ère de la vidéo applicative et communautaire : la moitié des possesseurs de tablettes ne se servent plus de leur téléviseur pour visualiser certains contenus, notamment les actualités. S’il est vrai que certaines évolutions technologiques comme la 3D n’ont pas rencontré le succès escompté, force est de constater que les usages audiovisuels des consommateurs ont été profondément modifiés par le numérique. Ils sont néanmoins peu enclins à payer pour profiter de ces nouvelles expériences ; le marché publicitaire devra donc évoluer pour s’adapter à ces nouveaux formats et les absorber.

    L’industrie du jeu vidéo, pourtant “nativement numérique”, est également bousculée par les modèles freemium disponibles sur internet. L’émergence des téléphones mobiles, des tablettes et des réseaux sociaux comme plateformes de jeux a grandement contribué à l’élargissement de la base de joueurs. Ces nouvelles plateformes ont toutefois généralisé les modèles freemium et à bas prix ; les joueurs étant peu enclins à payer, l’industrie doit se repenser, se réinventer, pour atteindre un modèle économique stable et viable.

    Sept ans après l’apparition des premières liseuses digitales, la migration numérique du monde du livre n’a vraiment débuté qu’aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Toutefois, la forte baisse des prix des liseuses et tablettes devrait permettre l’accélération du développement du livre numérique. Les lecteurs numériques étant pleinement disposés à payer pour leurs e-books, les perspectives de création de valeur sont bonnes, d’autant que de nombreux modèles voient le jour à la faveur de la dématérialisation du livre. Le déploiement du livre numérique risque cependant d’être entravé par les incertitudes réglementaires qui pèsent sur l’industrie.

    Le rapport au numérique est ainsi très contrasté, mais les raisons d’espérer sont bien réelles.

    Tout d’abord, si l’évolution de l’économie numérique semble parfois chaotique, le comportement des consommateurs révèle une demande et des attentes grandissantes en matière de culture, ainsi qu’un goût prononcé pour les nouvelles expériences digitales.

    De plus, le numérique fait tomber les barrières traditionnelles à la création et à la distribution et ouvre ainsi la voie à des expériences nouvelles, en permettant un accès plus simple à des contenus plus divers. On assiste ainsi à l’émergence d’un espace intermédiaire confidentiel entre blockbusters et la longue traine du user generated content, à valeur économique limitée.

    Cette “terre du milieu” devrait s’ouvrir encore plus sous le poids accru des nouveaux prescripteurs, les communautés sociales en ligne.

    Enfin, l’amélioration des infrastructures et l’essor des réseaux sociaux font des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine notamment) une force majeure dans la croissance des industries culturelles et de la révolution numérique en devenir.

    Il semble tout de même qu’au terme de sept années numériques, l’âge de raison des industries culturelles ne soit pas pour demain. Les modèles doivent être réinventés suite aux chocs exogènes subis par les différents secteurs ; cette réinvention est un processus douloureux mais fécond, qui ouvre de nouveaux horizons de croissance pour l’économie de la création en plaçant la diversité au centre de la création de valeur pour les sept prochaines années.

    Source : Huffington Post