Pourquoi la plate-forme est l’avenir de l’entreprise ?

Toutes les entreprises ont vocation à devenir des plate-formes, c’est-à-dire à se placer au cœur des interactions permettant de remplir au mieux leur mission.

L’adaptation des entreprises au monde du XXIe siècle passe par une meilleure compréhension des enjeux qu’implique la notion de ­plates-formes numériques. Toute la radicalité de la transformation digitale peut sans doute se résumer à un seul principe : les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation à devenir des plates-formes. C’est-à-dire à être au coeur des interactions qui leur permettent de remplir leur mission au mieux.

Qu’il s’agisse de produire des réacteurs d’avion ou de vendre des services de restauration à domicile, il deviendra progressivement impensable de ne pas optimiser ces interactions avec les parties prenantes de l’entreprise (fournisseurs, clients, salariés, etc.) en les automatisant autant que possible pour ainsi accroître sensiblement leur productivité.

L’interaction crée la valeur

En reformulant totalement la création de valeur, la plate-forme recrée également de nouvelles formes de partenariats et d’alliances. La plate-forme traite la donnée produite par la multitude. Ainsi, Uber est en relation avec près de 10 millions de clients et environ 200.000 chauffeurs, mais, au-delà, cette société interagit également avec de nombreuses banques, systèmes de paiement, système d’information routière, réseaux sociaux… Plus elle interagit, plus elle crée de la valeur.

Toutes les entreprises sont concernées

Il y a peu, je rendais visite à mon dentiste ; la digitalisation y fait des incursions surprenantes. Désormais, il n’a plus de prothésiste : le dentiste effectue des relevés 3D des dentitions, qui peuvent être envoyées à un opérateur qui, après avoir finalisé le modèle des prothèses, les renvoie chez le praticien, où elles sont imprimées en 3D. De même, la comptabilité devient totalement automatisée et les quelques opérations manuelles qui continuent à incomber au dentiste consistent à scanner ses notes de frais pour qu’elles soient traitées par une plate-forme spécialisée, sans même qu’il n’ait à rencontrer quiconque. Mon dentiste pourrait aussi effectuer les prises de rendez-vous via un agenda en ligne que ses patients rempliraient eux-mêmes. Il lui suffirait de régler le temps qu’il souhaite consacrer à chacun en fonction de ce qu’il sait de ses antécédents dentaires, et seules les plages horaires adéquates se libéreraient.

La transition digitale ne concerne donc pas uniquement les grandes entreprises, mais bien également les artisans. 

Gageons que l’on peut appliquer ce type d’analyse de transformation à tous types d’activité. Il y a cependant fort à craindre que l’idée que les entreprises aient à devenir des plates-formes reste encore, pour un certain temps, une notion incomprise. Pour autant, il est difficile d’envisager un autre mode d’évolution du monde productif : la puissance actuelle et surtout future des plates-formes est telle qu’elles ne resteront plus longtemps des options.

Un excellent texte de l’excellent

GILLES BABINET
Source + intégral ici : http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211206601991-pourquoi-la-plate-forme-est-lavenir-de-lentreprise-2023337.php

Alléluia ! Pour éviter l’ubérisation de la démocratie représentative, nos députés ont une idée #yepaaa

Incroyable mais vrai : une cinquantaine de députés français ont déposé un projet de loi visant à généraliser la consultation publique en ligne, par l’internet, sur les textes de loi avant leur examen par le Parlement. En plus d’améliorer les débats, cela permettrait selon eux de retisser le lien distendu entre politiques et citoyens. Bonne idée !

Elle est passée inaperçue dans le brouhaha de la Loi travail, mais la proposition de loi organique déposé par une cinquantaine de députés le 20 avril 2016, mérite qu’on y revienne. Courte, claire, ses trois articles visent à généraliser la consultation publique en ligne, par l’internet, sur les textes de loi avant leur examen par le Parlement, comme ce fut le cas pour la Loi pour une république Numérique d’Axelle Lemaire. Pour ces députés, si internet remet en cause la démocratie représentative “en permettant aux citoyens internautes d’être récepteurs et émetteurs d’un nombre illimité d’informations et d’éléments d’expertise”, il peut aussi être l’un des instruments d’une sortie de cette crise, en permettant aussi aux citoyens de participer activement à la préparation de la décision politique. Il pourrait même “contribuer à refonder la confiance envers les représentants”, écrivent les députés dans le préambule du projet de Loi. Bien joué !

Dans sa contribution au Dictionnaire politique d’internet et du numérique que publie Christophe Stener tous les ans, Patrice Martin-Lalande, député de Loir-et-Cher et co-président du groupe d’étude sur l’internet à l’Assemblée nationale, explique :

“Ce serait une illusion de penser que notre bonne vieille démocratie représentative puisse s’affranchir de la mutation numérique. Le partage de l’information conduit au partage du pouvoir. Les citoyens en réseau aspirent à plus de démocratie participative. Nous allons devoir inventer la démocratie qui va avec le numérique : un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et la démocratie directe.”

Mais pas question de court-circuiter le gouvernement ou le Parlement dans l’initiative ou le vote des lois. La consultation doit surtout permettre une co-construction des lois, prenant en compte “chaque fois qu’elle est justifiée, l’expression du point de vue et de l’expertise des citoyens internautes”. Cela permettrait, comme cela s’est produit dans pour la Loi pour une république numérique, d’enrichir et de valider les débats et d’offrir plus de transparence.

EVITER L’UBÉRISATION DU PARLEMENT

Mais pas question non plus de laisser à d’autres l’organisation de ce débat, alerte Patrice Martin-Lalande : “Il serait paradoxal que le Parlement laisse au gouvernement, aux réseaux sociaux ou aux plateformes le soin d’organiser, dans leurs légitimes optiques respectives, la concertation préparatoire au vote de la loi, vote qui doit continuer de relever des seuls représentants du peuple. Nous ne pouvons donner procuration à d’autres acteurs de la vie politique pour assurer seuls le bon usage de l’internet au service de la démocratie représentative.” Car le risque, c’est la marginalisation du Parlement dans la mutation numérique de la vie politique, voire “l’uberisation de la démocratie représentative !”, prévient encore le député du Loir-et-Cher. Rien de moins.

Ceci est un texte signé : AURÉLIE BARBAUX

Posté sur L’Usine Nouvelle ici http://www.usine-digitale.fr/article/pour-eviter-l-uberisation-de-la-democratie-representative-nos-deputes-ont-une-idee.N426347

Crédit photo : http://www.lesateliersdelajoie.ch/assets/images/slides/joie2.jpg