La terrifiante hégémonie des monopoles

Avant toute chose, je suis pour l’économie de marché, la libre entreprise, la concurrence, tout ça, je trouve ça très bien. D’ailleurs,
entre nous, pourquoi sommes-nous si nombreux à avoir l’intuition que “la
financiarisation” de l’économie est une mauvaise chose alors qu’en soit,
la finance voire même le trading ne sont que des échanges économiques
entre adultes consentants ? À cause de la monopolisation de cette
finance.

Pourquoi y’a-t-il une telle défiance envers l’industrie
pharmaceutique entraînant des comportements absurdes comme le refus de
la vaccination ? Alors qu’à la base, ces entreprises nous soignent, produisent des médicaments, guérissent des malades. À cause de la monopolisation.

Pourquoi, quand je m’arrête dans une supérette ou une pompe à
essence pour acheter un en-cas n’ai-je le choix qu’entre des dizaines
de variations du même mauvais chocolat enrobé de mauvais sucre ? La
monopolisation.          

         

La morbidité des monopoles

Depuis des siècles, la nocivité des monopoles est bien
connue et c’est même l’un des rôles premiers des états, quels que soient
la tendance politique : casser les monopoles (les fameuses lois
antitrust), mettre hors-la-loi les accords entre entreprises pour
perturber un marché ou, si nécessaire, mettre le monopole sous la coupe
de l’état, le rendre public.           

Lutter contre les monopoles.

Les monopoles, par leur essence même, sont difficilement
évitables. Nous consommons monopoles, nous travaillons pour un monopole
ou ses sous-traitants, renforçant chaque jour leur pouvoir. Le contrôle total des monopoles du web sur nos données
entraîne une méfiance envers les ondes qui transmettent lesdites données
voire même, dans une succulente fusion avec le monopole précédent, la
crainte que les vaccins contiennent des puces 5G pour nous espionner
(mais n’empêche cependant personne d’installer des espions comme Alexa
ou Google Home dans sa propre maison). Le sentiment profond d’une inégalité croissante, d’une
financiarisation nocive, d’une exploitation sans vergogne de la planète
et des humains qui s’y trouvent, tout cela est créé ou exacerbé par la
prise de pouvoir des monopoles qui n’hésitent pas à racheter des
entreprises florissantes avant de les pousser à la faillite afin de
liquider tous les avoirs (bâtiments, machines, stocks). Une technique
qui permet de supprimer la concurrence tout en faisant du profit au prix
de la disparition de certaines enseignes de proximité dans les régions
les plus rurales (sans parler du désastre économique des pertes d’emploi
massives brutales dans ces mêmes régions).

 Heureusement, une prise de conscience est en train de se
faire. 

De plus en plus de scientifiques se penchent sur le sujet. Un
consensus semble se développer : il faut une réelle volonté politique de
démanteler les monopoles. Volonté difficile à l’heure où les
politiciens ont plutôt tendance à se prosterner devant les grands
patrons en échange de la promesse de créer quelques emplois et, dans
certains cas, la promesse d’un poste dans un conseil d’administration
une fois l’heure de la retraite politique sonnée. S’il y a quelques
années, un chef d’entreprise était tout fier de poser pour une photo
serrant la main à un chef d’État, aujourd’hui, c’est bel et bien le
contraire. La fierté brille dans les yeux des chefs d’État et des
ministres.

Si l’Europe cherche à imiter à tout prix son grand frère
américain, les Chinois semblent avoir bien compris la problématique. Un
géant comme Alibaba reste sous le contrôle intimidant de l’état qui
l’empêche, lorsque c’est nécessaire, de prendre trop d’ampleur. La
disparition, pendant plusieurs mois, de Jack Ma a bien fait comprendre
qu’en Chine, être milliardaire ne suffit pas pour être intouchable. Ce
qui ne rend pas le modèle chinois désirable pour autant…

Un autre consensus se dessine également : l’idéologie promue
par Robert Bork sous Reagan est d’une nocivité extrême pour la planète,
pour l’économie et pour les humains. Même pour les plus riches qui sont
pris dans une course frénétique à la croissance de peur d’être un peu
moins riches demain et qui savent bien, au fond d’eux-mêmes, que cela ne
durera pas éternellement. Cette idéologie est également nocive pour
tous les tenants d’une économie de marché libérale : les monopoles
détruisent littéralement l’économie de marché ! Le capitalisme reaganien
a apporté aux Américains ce qu’ils craignaient du communisme : de la
pénurie et de la piètre qualité fournie par des monopoles qui exploitent
une main-d’œuvre qui tente de survivre.

Avant de lutter, avant même d’avoir des opinions sur des
sujets aussi variés que la vie privée sur le web, la finance, la
politique ou la malbouffe, il est important de comprendre de quoi on
parle. 

Ce qui est intéressant également, c’est de constater que
notre vision de la politique a été transformée avec, à droite, les
tenants de monopoles privés et, à gauche, les tenants de monopoles
appartenant à l’état. Une ambiguïté sur laquelle Macron, fort de son
expérience, a parfaitement su jouer en proposant un seul et unique parti
monopolistique n’ayant que pour seul adversaire le populisme absurde. Lorsque vous êtes témoin d’une injustice, posez-vous la
question : ne s’agit-il pas d’un monopole à l’œuvre ? Et si le futur
passait par la désintégration pure et simple des monopoles ? Depuis les
plus petits et les plus éphémères comme les brevets et le copyright,
transformé en arme de censure massive, jusqu’aux géants bien connus.

Source + texte intégral : https://ploum.net/la-terrifiante-hegemonie-des-monopoles/

Auteur/autrice : Jean-Christophe Gilbert

Super sympa