Alors, comment arrête-t-on cette machine ?

Comme le dit Bluetouff, le scandale Prism c’est effectivement comme si on se réveillait d’une gueule de bois qui a duré 12 ans, comme si il nous avait fallu tout ce temps pour digérer l’amère poussière de l’effondrement des tours du World Trade Center.

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Les scandales Prism et Verizon ne posent pas seulement la question de la surveillance d’Etat, mais de la surveillance tout court, celle dont nous sommes l’objet à l’heure des très grandes masses de données, des Big Data, des algorithmes et des traitements. Ce n’est pas seulement la confiance dans nos Etats qui est en cause, mais également la confiance dans les grands opérateurs de l’internet et dans nos fournisseurs d’accès. C’est la confiance dans une société organisée par et pour la surveillance. Nous avions déjà du mal à accepter que ces entreprises utilisent nos données par devers nous, qu’ils analysent nos e-mails et nos requêtes pour nous proposer de la publicité, sans même qu’on puisse s’en extraire. Comment peut-on accepter que les Majors de l’internet transmettent des informations, nos échanges privés, au gouvernement, demain à l’administration fiscale, à votre assureur, à votre voisin…

Comme le soulignait très bien Eric Sadin dans les Matins de France Culture, le problème repose bien sur l’indifférenciation de la récolte des données.

Devin Coldewey pour TechCrunch rappelle que les murs virtuels d’internet n’ont pas été construits pour protéger nos données, au contraire, il n’ont pour but que de transmettre de l’information. Et si nous avons trop transmis de données, c’est parce que c’était la seule option. Nous ne rêvions pas d’une boîte de Pandore, mais d’un coffret, avec une serrure dont nous aurions la clé.

Alors, comment arrête-t-on cette machine ? Face au manque de perspective qui nous est donné, on se dit que l’avenir est à une autre innovation. Une innovation respectueuse de nous, de chacun d’entre nous. Une conception qui intègre le respect des utilisateurs (privacy by design), qui respecte nos identités, nos noms, et les croisements qui sont fait de nos données. L’avenir est au consentement explicite. A l’abandon de nos noms et de nos identifiants uniques. Ni nos vrais noms, ni nos identifiants ne peuvent ouvrir l’accès à tous les services que nous utilisons. Comme le dit Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet :

“nous sommes à un moment charnière de notre histoire, et nous devons questionner notre rapport, en tant que société tout entière, à la technologie. D’un côté, nous avons des technologies qui sont faites pour rendre les individus plus libres, par l’ouverture et le partage des connaissances : ce sont les logiciels libres (comme GNU/Linux, Firefox ou Bittorrent), les services décentralisés (que chacun fait tourner sur son serveur ou sur des serveurs mutualisés entre amis ou à l’échelle d’une entreprise, institution, etc.) et le chiffrement point à point (qui permet aux individus de protéger par les mathématiques leurs communications contre les interceptions).

De l’autre, nous constatons la montée en puissance de technologies qui sont conçues pour contrôler les individus, voire restreindre leurs libertés en les empêchant d’en faire ce qu’ils souhaitent. Je pense à ces pseudo “téléphones intelligents” qui ne sont ni des téléphones (ils sont avant tout des ordinateurs qui savent également téléphoner), ni intelligents, car en réalité ils permettent de faire moins de choses que des ordinateurs traditionnels et sont conçus en réalité pour empêcher à l’utilisateur de choisir d’où seront installés les programmes, d’installer les programmes de son choix, ou même d’avoir accès pour le comprendre au fonctionnement des puces cruciales qui permettent d’émettre ou recevoir des données… Si l’on devait appeler cela de “l’intelligence”, cela serait peut-être au sens anglais du mot, pour parler de renseignement, d’espionnage… car de tels appareils semblent être conçus pour espionner leurs utilisateurs.

De la même façon, ces services massivement centralisés sont par essence, par leur architecture, faits pour aspirer toutes les données personnelles possibles et imaginables. Ce sont les modèles économiques de ces entreprises qui sont basés sur le fait d’entretenir un flou entre vie privée et vie publique… Toutes ces technologies ont en commun de maintenir l’utilisateur dans l’ignorance… Dans l’ignorance du fonctionnement même de la technologie (parfois en habillant cela de “cool”, comme Apple qui vous vend l’ignorance, comme du confort, de la facilité, etc., au travers de produits il est vrai assez bien conçus, quoique fragiles…).

En réalité, signer un contrat avec une de ces entreprises sans comprendre les réalités sous-jacentes qu’implique l’architecture de nos outils de communication et le fonctionnement de nos appareils revient un peu à signer un contrat sans savoir lire. Je suis convaincu que la connaissance de la technologie (ou à l’inverse son ignorance) est la clé qui nous permet de basculer d’un environnement où l’on est sous contrôle à un environnement ou l’on est plus libre car l’on retrouve le contrôle de la technologie.

C’est l’humain qui doit contrôler la machine, et jamais l’inverse. Cette promesse, c’est celle du logiciel libre, c’est celle des services décentralisés, c’est celle du chiffrement. Mais toutes ces technologies ont en commun de nécessiter un effort actif de participation de la part de l’utilisateur… Eh oui, la liberté a un prix !”

Nous devons reprendre possession de nos données, de nos identités. La vie privée, son respect, doit être intégrée dès la conception. Mon Kindle, mon Fitbit doivent pouvoir être déconnectés. Je dois pouvoir les utiliser sans qu’ils n’envoient d’information à celui qui me fournit le produit : ma casserole n’envoie pas de données à son fabricant (pour l’instant) et c’est très bien ainsi. Et si demain cela doit changer, je dois pouvoir dire non. Je dois pouvoir choisir le silence des puces, sans que ce choix signifie que je n’ai pas le droit d’acheter la casserole. Si j’achète un produit qui produit des données ou si j’accède à un service qui en produit, je dois pouvoir en bénéficier sans que le service lui n’y accède si je ne le désire pas. Je dois pouvoir choisir que l’opérateur qui les administre n’enregistre pas de données dessus, les effaces dès qu’elles ont servies. De même, pour le service en ligne que j’utilise, je dois pouvoir régler le niveau de confidentialité de mes données. En rester maître. Faire que l’option par défaut soit qu’elles soient à moi, plutôt qu’au service que j’utilise. Nous devons tous avoir le choix de ne pas céder nos données contre l’accès au service. Nous devons pouvoir utiliser des services sans nécessairement qu’ils collectent une information dont nous ne voulons pas qu’ils disposent, même à des fins respectueuses de nos libertés, comme nous le promettent faussement toutes les CGU. L’opt-in doit être la règle.

Nous devons imaginer une personnalisation sans identification. Partout, nous devons limiter la collecte, comme le rappelle l’Electronic Frontier Foundation. Qui a besoin de notre nom, de notre vrai nom ? De notre date de naissance ? De notre e-mail ? Diminuer la collecte est le meilleur moyen de limiter l’identification et la réidentification. Notre fournisseur d’électricité a-t-il besoin de connaître notre nom ? Et, s’il en a besoin, a-t-il le droit de l’utiliser ? Ce fournisseur d’énergie doit avoir accès au total de notre consommation pour nous facturer, mais pas nécessairement au détail de celle-ci, qui lui donne alors accès à des informations précises sur les appareils électroménagers que nous utilisons voir même si j’ai un solarium électrique pour faire pousser du canabis… C’est un peu comme si le fisc avait accès aux tickets de caisse de toutes mes dépenses et en en faisant la somme pouvait constater que celles-ci dépassent mes revenus annuels déclarés… Devrons-nous autoriser ce croisement au prétexte qu’il sera possible demain ? Que j’ai accès à ce détail me paraît normal. Que lui y ait accès ne me le paraît pas.

Nous devons réguler les croisements de données, qui se font aujourd’hui totalement librement via API et autres mashups. Ces croisements sont certes un formidable vivier d’innovation, mais ils demeurent aujourd’hui négociés par la seule bonne volonté des acteurs de l’innovation. En France, les croisements de données ne sont par principe pas autorisés, mais ils se glissent dans l’évolution des techniques comme on l’a vu dans les exemples que nous avions évoqué dans les questions d’emploi ou de crédit… Nos relations sociales ne doivent pas pouvoir être accessible à tous. Certains types d’extraction et de croisement de données doivent être interdits.

Si notre IP est vraiment une donnée personnelle, alors nul autre que nous ne doit avoir le droit de la conserver, de la stocker, d’y accéder, quelque soit la durée. Celle-ci doit être anonymisée et obfusquée par nature et sa durée de conservation limitée au seul temps du service.

Nos échanges, nos profils, nos réseaux relationnels doivent devenir éphémères et cryptés. On a essayé de croire que la régulation technique et la bonne volonté des acteurs suffirait. Ce n’est pas le cas. Nous avons besoin de durcir les règles, de redevenir radical, de nous réarmer techniquement. Une autre innovation est possible. L’avenir est en tout cas à elle, pas à celle qu’on a connu jusqu’alors.

Entre 100% de sécurité et 100% de vie privée (pour autant que ce débat doive rester aussi radical, car les corrélations ne nous apporterons pas 100% de sécurité, ni les technologies 100% de vie privée), nous devons d’abord choisir la vie privée, parce que la vie privée est la seule à pouvoir garantir notre sécurité.

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Ce trèèès bon texte n’est pas de moi, mais de Hubert Guillaud. J’en ai juste modifié le titre + UNE coquille 🙂 Source + Intégrale de cet excellent article (qui me fait vous le partager, même en vacances, grrr) : Interactu.net

L’Observatoire du numérique publie ses Chiffres clés 2013

Dressant le panorama du numérique en France, les Chiffres clés permettent d’en déterminer le développement et le poids au niveau national comme à l’échelle européenne, à l’aune d’indicateurs essentiels portant sur :

– l’usage des TIC par les particuliers, les entreprises et les administrations ;
– le développement des infrastructures et du secteur producteur des TIC.

 

Au vu des derniers résultats (2012), il ressort notamment que :

  • Les particuliers en France ont désormais un usage élevé de l’internet. L’achat via internet est une pratique répandue : 57 % des particuliers en France ont acheté des biens ou services en ligne au cours des 12 derniers mois, contre 45 % des particuliers dans l’Union européenne. L’internet mobile confirme également sa percée : 30 % des particuliers en France utilisent une connexion via un réseau de téléphonie mobile pour connecter leur appareil mobile à Internet, contre 23 % dans l’UE.

  • Les entreprises françaises se caractérisent par des taux d’équipement et d’usage des TIC contrastés, se situant le plus souvent près de la moyenne des pays de l’UE. Les résultats sont proches du meilleur taux d’équipement pour les connexions à haut débit (fixe et mobile) et l’utilisation d’un progiciel de gestion intégré (ERP). En revanche, une marge de progression existe encore pour la possession d’un site web.

  • L’administration numérique progresse. Dans leurs relations avec l’administration, 61 % des particuliers et 94 % des entreprises en France utilisent l’internet, contre respectivement 44 % et 87 %  dans l’UE.

  • Pour les infrastructures du numérique, la France occupe une très bonne positionen matière d’adoption de connexion à haut débit : elle se situe au 5e rang européen pour le ratio abonnements à haut débit par 100 habitants – soit 36,7 %,  contre 28,1 % dans l’UE.

  • Le poids du secteur producteur des TIC (industrie, commerce de gros et services) dans l’économie est comparable à celui de l’Allemagne, avec une large prédominance des services, qui continuent de se caractériser par un important effort de R&D – les services informatiques représentent le cinquième des dépenses de R&D des entreprises en France.

  • Télécharger le PDF

Le jeu de la patate

Manoz m’a linké dans une chaine de blogs. Cela faisait longtemps. Il a aussi sollicité Anaïs de anaandthetoys.com Louis-Marie de cups-corp.fr Estella de stellaview Coline de digimum.fr et Quentin de geekandfood.fr

patate« La marche à suivre est simple. La plupart du temps, une ou plusieurs questions nous sont posées. Le blogueur doit y répondre et envoyer son article à d’autres blogueurs. Ils y répondent et envoient eux aussi l’article à d’autres blogueurs, etc .Il faut Poster les règles sur le blogs Répondre aux 11 questions Inventer 11 nouvelles questions Partager le tag avec 11 personnes en mettant un lien vers leurs blogs et leur annoncer la nouvelle ! )

Allons-y.

1/ Si tu étais un animal. Lequel serais-tu ?

– Un abricot.

2/ On vient de t’annoncer que tu ne pourras plus jamais dormir suite à un maléfice. Comment réagis-tu ?

– Yepee !

3/ Que ferais-tu en cas d’attaque de zombies ?

Je sors mon camescope.

4/ Si tu devais retomber en enfance, avec quel jouet t’amuserais-tu ?

Mes petites bagnoles.

5/ Ta couleur préférée et … pourquoi ?

La Bolivie (pour ses abricots) (Cf. question n°1)

6/ Que penses-tu de la reproduction des ornithorynques en Australie ?

Je suis contre.

7/ De quoi as-tu rêvé cette nuit (si tu t’en souviens) ?

J’ai encore rêvé d’elle (elle n’a rien fait pour ça).

8/ La sodomie fait en ce moment des ravages au Groenland. As-tu un avis sur le sujet

Elle n’est pas vraiment belle, c’est mieux : elle est faite pour moi.

9/ Depuis quand es-tu blogueuse/blogueur et combien d’articles as-tu rédigé(e) ?

J’ai ouvert un premier blog entre 2004 et 2005, j’ai arrêté et puis j’ai créé celui là il y a peu. Niveau articles je ne n’ai pas compté mais il y a de quoi faire.

10/ Si tu devais choisir un seul mot dans la langue française. Lequel serait-il ?

Volontiers.

11/ Comment perçois-tu François Hollande ?

Très bien, merci.

Je passe le flambeau à Nicolas, Littlecelt, , Crane Mou, El Camino, Bembelly, Trublyonne, Sophie, une fille , Woocares, Mlle Geekette, Sasa.

Mes questions sont

1) Pourquoi le ciel est-il bleu ?

2) Quel est le motif de rupture que tu as le plus souvent donné ?

3) Dans la vie idéale, quel serait ton métier ?

4) Si tu avais le choix entre stopper les guerres dans le monde ou devenir très riche, de quelle couleur serait ta limousine ?

5) Aurais-tu aimé vivre dans les seventies?

6) Qu’est-ce qui t’intéresse dans la politique ?

7) Pourquoi les otaries sont-elles insupportables ?

8) Que penses-tu de Niort ?

9) Quel est ta musique/ton groupe/chanteur/chanteuse préférée?

10) Peux-tu nous expliquer en détail la situation géopolitique au Nigéria?

11) Crois-tu en Dieu?

Un contrat de filière pour définir une stratégie emploi/compétences dans le numérique

Instance de concertation entre pouvoirs publics, industriels et syndicats, le Comité stratégique de la filière numérique s’est engagé le 3 juillet 2013 sur un “contrat de filière” promu par les ministres du Redressement productif et de l’Économie numérique. Ce contrat entend “rassembler” la filière numérique française “autour d’actions concrètes à même de garantir l’avenir des entreprises et de l’outil industriel. 
 
Le contrat vise notamment à définir une stratégie en matière d’emploi, de compétences et métiers et développer l’alternance dans la filière et la formation aux métiers du très haut débit. Concernant l’alternance, l’exécutif souhaite que le nombre d’alternants passe de 3 à 10 % des effectifs du secteur informatique et logiciels d’ici 3 ans pour répondre au besoin de personnel qualifié dans les déploiements de la fibre. 

Un besoin criant, selon Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique (syndicat professionnel du numérique) qui explique que près d’un emploi créé en France sur quatre serait le fait de la filière numérique. Problème : seule la moitié de ces offres trouvent preneurs. Syntec Numérique a donc décidé de lancer pour la rentrée une initiative de "promesses d’embauches pour les jeunes” à travers son soutien à toutes les initiatives de formation, de reconversion et d’intégration professionnelle des jeunes vers les métiers du numérique, notamment des dispositifs d’associations qui oeuvrent pour les décrocheurs, telle la Web Academy. 

Dans la même optique, le 24 septembre 2013, Syntec Numérique tiendra une grande conférence sur l’apprentissage dans le numérique afin de développer l’attractivité auprès des jeunes, des formations aux métiers du secteur en apprentissage, pour élargir le nombre des diplômés et faire face au renouvellement des générations. “Plutôt que de bâtir une structure de formationad hoc, nous avons engagé un travail avec les Conseils régionaux afin de "labelliser” les CFA proposant des cursus numériques via un cahier des charges" annonce le président de Syntec Numérique.

Source : ARF

Je viens de recevoir ce mail. J’ai tout bien rempli, ouf !


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Le statut moyen d’une page Facebook n’est visible sur le fil d’actualité des fans qu’à 16% de ceux-ci

Donc si vous avez 1000 fans, seulement 160 seront exposés à vos contenus. Oubliez le milliard d’usagers Facebook, seulement 160 de vos fans sauront que vous mettez quelque chose de pertinent (si c’est le cas) en ligne. À moins que vous ne sortiez le gros cash pour que Facebook augmente la visibilité de vos statuts à vos propres fans (qui sont en fait plutôt les fans de Facebook).

12 technologies qui vont changer le monde (et tuer des emplois)

Un rapport de McKinsey liste des innovations qui auraient un impact économique colossal. Mais que faire des emplois devenus obsolètes ou non compétitifs ?

L’institut de conseil McKinsey a publié un rapport en mai intitulé « Technologies de rupture : des avancées qui changeront la vie, le commerce et l’économie mondiale ». Dans ce document de 180 pages, douze innovations sont listées, toutes capables de modifier le monde à l’horizon 2025.

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Une technologie dite « de rupture » a une particularité : comme l’indique son nom, elle rompt avec le marché existant – qu’elle altère ou détruit – et modifie le paysage économique en profondeur. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire récente : les moteurs ont rendu la force animale obsolète, le téléphone a signé la mort du télégramme, la photographie numérique a enterré l’argentique…

Impact économique et capacité de rupture

Les années 2000 ont aussi eu leur lot de ruptures technologiques « en devenir » avec par exemple le téléchargement face à l’achat de formats physiques, le livre numérique, l’e-commerce…

La liste dressée par les experts de McKinsey n’est pas exhaustive mais s’articule autour de deux critères : l’importance de l’impact économique et sociétal de ces innovations et leur capacité à rompre réellement avec le marché existant.

Les douze innovations :

  • Internet mobile : accroissement et baisse du coût de la connectivité entre Internet et terminaux mobiles ;
  • automatisation du travail intellectuel : création de logiciels et système intelligents aux capacités de jugement et de traitement de la connaissance affinées ;
  • Internet des objets communicants/connectés : création de réseaux de capteurs à bas prix collectant des données, les analysant et agissant en fonction ;
  • l’informatique en nuage (cloud) : système d’hébergement des fichiers et services sur des serveurs distants ;
  • robotique avancée : des robots aux sens, à la dextérité et l’intelligence améliorés, utilisés pour automatiser davantage de taches voire « augmenter » les humains eux-mêmes ;
  • véhicules autonomes : véhicules capables de se déplacer avec peu ou sans intervention humaine ;
  • génomique nouvelle-génération : séquençage du génome amélioré, plus rapide et à moindre coût, grâce aux innovations dans l’analyse des données et la biologie synthétique ;
  • stockage de l’énergie : systèmes et terminaux capables de stocker l’énergie en plus grande quantité et plus longtemps (essentiellement des batteries) ;
  • impression 3D : technique de fabrication additive qui consiste à créer des objets depuis un modèle numérique en superposant de fines couches de matériaux ;
  • matériaux avancés  : matériaux aux caractéristiques et fonctionnalités supérieures (dureté, résistance, durabilité, élasticité, conductivité…) ;
  • exploration et forage avancés : techniques permettant l’exploitation de ressources pétrolifères et gazières jusqu’alors inaccessibles ;
  • énergies renouvelables.

Une création de richesse astronomique

Selon le rapport, le gain pour l’économie mondiale sera considérable : entre 10 000 milliards et 25 000 milliards d’euros par an en 2025. L’essentiel venant de l’Internet mobile (entre 3 000 milliards et 8 000 milliards d’euros), suivi de l’automatisation du travail intellectuel, les objets connectés et le cloud.

Les experts ne vantent pas seulement la croissance colossale des bénéfices pour l’économie mondiale.

Le coût des traitements des maladies chroniques pourrait être réduit grâce à des capteurs sanitaires connectés, l’électricité et l’eau seraient gérées plus efficacement, des exosquelettes aideront des personnes handicapées à retrouver leur motricité, les OGM seront plus performants… on pourrait même procéder à l’augmentation des capacités de l’être humain.

Et les emplois dans tout ça ?

Sauf qu’un détail vient noircir le tableau. Ce processus de rupture décrit par Joseph Schumpeter en 1942 répond au nom de « destruction créatrice ». Et il faut attendre la conclusion du rapport pour que soit évoqué l’autre versant de la pièce : quid des emplois devenus inutiles, obsolètes ou non compétitifs ?

Sans même aborder les questions d’éthique qui se poseront nécessairement autour de l’usage de ces technologies, il existe des impératifs pratiques auxquels ne répondent pas vraiment les auteurs.

Dans le monde décrit par le rapport, que fait-on des :

  • professeurs lorsque les logiciels d’apprentissage seront si performants qu’ils s’adapteront parfaitement aux besoins de l’enfant ?
  • médecins et chirurgiens lorsque des capteurs sanitaires implantés vous tiendront au courant de votre état de santé et que des machines se chargeront de vous opérer ?
  • femmes de ménages et aides aux personnes lorsque des robots domestiques pourront remplir la plupart de leurs taches ?
  • des ouvriers, manutentionnaires et ingénieurs lorsque l’automatisation du travail manuel et intellectuel les aura remplacés ou que l’imprimante 3D aura détruit certains écosystèmes industriels ?
  • chauffeurs de taxis, de bus ou de camions lorsque les voitures seront autonomes ?

Désœuvrement, chômage et inégalités

Les auteurs du rapport eux-mêmes évoquent la problématique :

« La nature du travail va changer, et des millions de personnes auront besoin de nouvelles compétences. Il n’est pas étonnant qu’une nouvelle technologie rende certaines formes de travail humain inutile ou non-compétitif. »

Selon les experts de McKinsey, ce processus a toujours bénéficié à la société, en créant plus d’emplois qu’il n’en détruisait. Ils s’alarment cependant que l’essor de l’automatisation n’inverse la balance, accroisse le chômage et creuse les inégalités entre les travailleurs très qualifiés et ceux qui auront reçu une formation de moindre qualité.

Le rapport exhorte donc gouvernements et employeurs à prendre le temps de réfléchir au meilleur moyen d’appréhender ces technologies dont l’essor ne peut de toute manière être stoppé.

Les classes moyennes sacrifiées au profit d’une élite

Si les experts de McKinsey semblent minimiser l’impact des technologies de l’information et de la connectivité sur l’emploi, d’autres auteurs se font nettement plus alarmistes.

Dans un livre intitulé « Who Owns the Future » (à qui appartient le futur) – paru presque en même temps que le rapport – l’essayiste américain Jaron Lanier, pionnier de la réalité virtuelle, met en garde contre les technologies digitales utilisées pour briser les marchés, éliminer les emplois et concentrer la richesse entre les mains d’une élite.

Il s’appuie notamment dans le préambule sur l’exemple de Kodak :

« Au sommet de sa puissance, la société de photo Kodak employait plus de 140 000 personnes et valait 28 milliards de dollars. Ils ont même inventé le premier appareil photo numérique. Mais aujourd’hui, Kodak est en faillite et le nouveau visage de la photo digitale est devenu Instagram. Quand Instagram a été vendu à Facebook pour un milliard de dollars en 2012, la société employait treize personnes. »

Les solutions proposées par l’auteur – cesser de livrer gratuitement nos informations personnelles aux entreprises, voire les monétiser – peuvent bien être jugées trop légères ou taxées d’utopisme, elles ont le mérite de créer le débat sur l’un des grands problèmes de la prochaine décennie.

Source : Rue 89 et Beer Bergman

L’analogie de Facebook et du Stade de France

Le Stade de France est le plus grand stade français avec 80 000 places  C’est du monde. Imaginez 80 000 personnes captives d’un lieu unique? Imaginez maintenant que vous avez une concession dans ce stade. Vous avez une potentialité de rejoindre 80 000 personnes, ce n’est pas rien. Malheureusement, votre concession est dans le 3e sous-sol dans le fond du stationnement avec aucune signalisation pour vous trouver. Malgré tout, 1000 personnes aiment votre concession. Vous savez leur nom et certains détails de qui ils sont. Vous communiquez avec eux de façon régulière, mais le Stade décide de qui peuvent voir vos messages.

 

Seulement 16 % d’entre eux recevront vos messages. On parle alors de 160 personnes. 

 

Si vous voulez que plus de vos admirateurs voient vos messages, il faudra payer grassement le stade. Ce ne sont pas vos clients ce sont des spectateurs du stade. Ils vous aiment bien, mais ils ne sont pas là pour vous, ils sont là pour les activités sportives du stade. Mais si vous voulez réellement atteindre d’autres gens qui sont dans le stade et qui ne sont pas déjà vos fans, vous pouvez louer une publicité sur l’écran géant du stade. Là vous pourrez potentiellement être vue par 80 000 personnes. Mais combien d’entre elles regardent l’écran géant au moment de votre 15 secondes de pub? Bah, vous êtes au Stade de France, vous en avez parlé à votre beau-frère et il se fait un devoir d’attendre que votre pub passe pour vous dire à quel point votre pub elle est forte.

Par ailleurs, vous avez aussi une boutique avec une adresse physique bien réelle. Mais vous vous dite jamais 80 000 personnes ne passeront devant votre porte en une journée. Et qui connait ma rue? Pas grand monde sans doute. Puis un spécialiste de la pub vient vous voir. Il vous dit, fait de la pub radio, télé et imprimé avec le logo du Stade de France. Tu va voir ça va faire zimbamboum. Les gens connaissent tous le stade, si tu dis que tu y est, ils viendront tous te voir. Alors tu dépenses de l’argent un pub, les gens qui t’aiment décuplent. Tu es maintenant rendu à 10 000 fans. WOW, c’est énorme. Puis tu décides de leur faire une promo spéciale pour les remercier d’avoir aimé ta concession, tu diffuses ton message, mais seulement 16% le verront. On est rendu à 1600 personnes. Mais si tu veux, tu peux encore payer pour que plus de tes fans reçoivent ton message ou tu a le loisir de te payer encore un 15 secondes sur l’écran géant du stade. Quelle belle affaire?

Entretemps, ta boutique sur une rue inconnue est encore inconnue. Mais tu y es chez toi. Chaque personne qui y entre est TON client. Tu peux lui dire ce que tu veux, comme tu le veux sans devoir respecter les règles contraignantes de communication du Stade.

 

Alors tu commences à penser, aurai-je plutôt dû dépenser pour faire connaître ma boutique?

 

Avec tout l’argent que j’ai dépensé pour faire connaître le Stade, peut-être que ma boutique serait finalement plus achalandée? Le Stade c’est Facebook, votre concession dans le fond du garage du 3e sous-sol c’est votre page Facebook et votre boutique c’est votre site web.

Source : Michelle Blanc et son blog (dont je vous recommande à nouveau chaudement la lecture).