Le texte d’Eymeric Caron sur Facebook sur Fillon

L’affaire Pénélope en dit bien plus long sur la décrépitude de notre classe politique que le simple cas Fillon. Les réactions officielles des Républicains, ces derniers jours, sont consternantes. François Fillon a-t-il détourné 1 million d’argent public à son profit et à celui de ses proches? La justice le dira. Ce qui est sûr en revanche, c’est que sa femme , qui a toujours répété ne pas se mêler des activités politiques de son mari, a été rémunérée pendant des années à des niveaux astronomiques pour un travail dont jamais personne n’a été témoin. Et s’il est néanmoins prouvé qu’elle a pendant toutes ces années trié le courrier, représenté son mari auprès d’associations et reçu de très nombreuses personnes en leur château, comme l’affirme son mari, alors François Fillon, qui réclame la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires car ils coûtent trop cher à la France, qui s’en prend constamment à l’Etat dépensier, qui demande sans cesse aux Français de “faire des efforts”, doit expliquer pourquoi il a payé sa femme 6000, 7000, 8000 voire 10 000 euros pour des tâches qui seraient, dans la fonction publique, payées moins de 2000 euros. Il faudra encore qu’il explique pourquoi il a embauché ses enfants, et quel a été leur travail réel. Un proche de Fillon explique par exemple que sa fille aurait été payée pour l’aider à écrire un de ses livres. Donc, l’argent public, qu’il faut selon Fillon dépenser avec le plus de précaution possible, aurait servi à la publication d’un ouvrage privé? Allons bon.
Même si finalement la justice établit que le contrat de 5000 euros mensuels (plus de 3 smic) établi par son ami Marc Ladreit de Lacharrière à l’épouse de François Fillon à la Revue des deux Mondes n’est pas illégal, malgré l’absence réelle de mission, le candidat à la présidentielle devra quand même expliquer s’il n’est pas gênant de parler de “justice sociale” quand soi-même on use de ses relations haut placées pour obtenir pour son épouse un poste grassement payé et composé d’une mission essentiellement imaginaire.

Les questions auxquelles se doit de répondre aujourd’hui le candidat des Républicains sont celles que tout citoyen est en droit de poser.

Il n’est pas question ici de droite et de gauche.
Il n’est pas question ici d’attaque politicienne.
Il est question de morale, d’éthique, de respect des fonctions électives et du peuple français. Il est question de démocratie.

Pourtant les Républicains crient au scandale. “Au secours, c’est notre candidat qu’on assassine!”,“ un coup monté du gouvernement”, “un lynchage médiatique!” Vous devriez avoir honte, messieurs les Républicains. Vous devriez comprendre ce qui est ici en jeu, au lieu de vous recroqueviller sur vos énormes avantages acquis, au lieu de suer à grosses gouttes en pensant au poste de ministre ou de député qui est peut-être en train de vous passer sous le nez. Si vous respectiez vraiment la démocratie, la justice, le peuple, et votre pays, vous devriez être les premiers à dénoncer les dérives inacceptables (et déjà reconnues) de votre candidat à la présidentielle. Vous devriez publiquement dire aujourd’hui combien ces comportements avoués par celui-ci vous choquent, combien ils sont contraires à l’idée que vous vous faites d’une politique propre, au service des gens. Mais non, vous pleurnichez, et ces pleurnichements sont une insulte aux Français. Mais ils en disent long sur les pratiques que vous avez cautionnées ou dont vous avez bénéficié pendant tant de temps. Ils en disent long sur votre vision du monde, qui tolère les tricheurs chez les riches mais fustige l’“assistanat” chez les plus pauvres. Vos réactions outrées ces derniers jours sont surtout une explication à l’état de notre pays. Non, ce ne sont pas les dépenses publiques dans l’éducation, la justice, la santé, la police ou l’assurance chômage qui ont mené notre pays dans le mur. C’est votre immoralité. 

Accueil » Blog » Le texte d’Eymeric Caron sur Facebook sur Fillon