« Il faut cultiver notre jardin »

Que veut dire Voltaire par cette courte phrase ?

Vers la fin du conte, à Constantinople (où Candide rencontre un vieillard turc), Candide et ses amis cherchent une réponse à leurs questions, une philosophie de vie qu’ils pourraient suivre à long terme. A cet égard, la première personne qu’ils rencontrent, le derviche, leur dit ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire il ne faut pas trop parler ni avoir des idées prédéterminées, mais s’efforcer de garder un esprit vierge. La rencontre avec le vieil homme qui tient un jardin et qui, avec sa famille, s’occupe de faire des confitures, leur dit ce qu’il faut faire. 

La vie de ce vieillard nous montre la valeur des joies simples, de la coopération familiale, et surtout de l’utilité et de l’encouragement des talents humains.

Inspirés de ce modèle, Candide et les autres arrivent à cette conclusion : “Il faut cultiver notre jardin”, c’est-à-dire qu’il faut travailler si on veut être heureux, il faut entretenir son bonheur. 

En acceptant que notre monde n’est certainement pas “le meilleur des mondes possible”, Voltaire suggère que l’humanité devrait s’occuper des activités quotidiennes plutôt que de ruminer sur des sujets incompréhensibles. Face à un tel monde, qui est très loin d’une utopie, l’homme doit limiter ses désirs à un bonheur relatif qui se trouve dans un travail satisfait : “Travaillons sans raisonner, dit Martin, c’est le seul moyen de rendre la vie supportable.”On peut donc conclure que le jardin de Voltaire représente tout simplement le monde que l’on a devant soi pour apprécier sa morale tout en travaillant, et non pas en se limitant aux vaines paroles et doctrines.

En outre, une seconde approche peut faire apparaître une métaphore qui assimilerait le jardin à notre esprit, à notre intelligence. Dans ce cas “Il faut cultiver notre jardin” signifierait cultiver son propre savoir-faire et se mettre à exercer ses talents afin de faire fructifier au maximum ce que la vie nous a donné, de donner un sens à notre vie et d’atteindre la liberté spirituelle.

En tenant compte du sens concret et figuré de la formule voltairienne, on se rend compte qu’il s’agit d’une morale humaniste dans le sens où elle implique que chaque être présente un talent naturel qu’il lui revient de cultiver pour qu’il s’épanouisse. Ainsi selon le conseil du vieillard turc, l’ennui, le vice et le besoin, soit quotidiens soit spirituels, nous quittent et le bonheur se tourne vers nous. En effet, en travaillant ainsi qu’en s’élevant l’esprit, on dépasse l’oisiveté, considérée comme étant à l’origine de la plupart des pensées maladives et qui conduisent l’être humain à se noyer dans le marécage des vices. L’activité physique et spirituelle n’est pas seulement un moyen d’échapper à l’ennui et au vice, mais aussi une manière efficace afin de faire face aux besoins raisonnables qui nous donnent le goût de l’indépendance.

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