Un super article du super journal Le Monde à super attiré mon attention.
Le voilou 😉
Verdâtre, la carte de la ville s’affiche sur l’écran du téléphone. Une icône représentant un visage humain progresse dans les rues et se rapproche d’un point lumineux qui représente le détenteur de l’appareil. Ce dernier, pour éviterla rencontre imminente, bifurque, tourne à gauche au lieu de continuer tout droit. Sauvé ! Lancée le 15 mars, l’application Cloak (“cape” ou “masquer” en anglais) résume sur sa page Internet le service qu’elle propose : éviter “tous ceux sur qui tu préférerais ne pas tomber”. Une semaine après sa sortie, Cloak avait déjà recruté 100 000 utilisateurs. Les importuns sont repérés grâce à leurs données de géolocalisation puisées sur la plateforme de partage de photos Instagram ou celle de recommandation de lieux Foursquare.
Conçue par deux Américains, Brian Moore et Chris Baker, cette application surfe sur une nouvelle tendance qui ressemble à un effet boomerang face aux conséquences invasives du Web social : le repli sur soi. A rebours des dinosaures du genre, comme Facebook et Twitter, qui s’évertuent à raviver ouentretenir le lien entre des internautes plus ou moins “amis”, ces services veulent préserver leurs utilisateurs des contacts non sollicités. Créées respectivement en 2012 et 2013, Split (“rupture”) ou Hell is Other People (“l’enfer, c’est les autres”) proposent les mêmes services que leur héritier Cloak. Dans un autre style, Hate With Friends (“haine entre amis”) permet dedécouvrir par Facebook lesquels d’entre eux vous détestent, quand Kill Switch (“dispositif d’arrêt d’urgence”) offre d’effacer du site communautaire toutes les traces de l’ancien être aimé.
“BAL MASQUÉ”
“Les outils antisociaux se démocratisent”, assurait Chris Baker au Washington Post le 17 mars, décrivant Facebook et Twitter comme de vieux ascenseurs dans lesquels les gens s’entassent. “Vous verrez de plus en plus d’outils semblables dans les mois à venir”, prophétise le cofondateur de Cloak. Parmi les nouvelles applications émergent également celles qui proposent d’intégrerdes communautés virtuelles, caché derrière un avatar, afin de préserver sa réputation sur Internet ou d’échapper à la captation de ses données personnelles.
Lancée en janvier aux Etats-Unis, Secret fait fureur. L’application promet à ses utilisateurs de “parler librement”, en échangeant incognito. Comme dans une sorte de “bal masqué”, certifient ses concepteurs. Dans la pratique, il s’agit departager, sans nom ni pseudonymes, des photos et des messages avec les contacts de son carnet d’adresses ayant installé Secret sur leur téléphone. Avec une préférence pour les rumeurs croustillantes. Share This (“partage ça”), Yik Yak ou encore Whisper (“chuchotement”) fonctionnent sur le même modèle, donnant à des amis ou à des inconnus la possibilité de communiquer sans êtreidentifiable. L’anonymat, cependant, n’est pas dénué d’effets pervers.
Les membres de ces réseaux “antisociaux” se lâchent, tombant parfois dans l’insulte et les vexations. Sortie à Riga (Lettonie) en 2010, la plateforme communautaire la plus connue du genre, Ask.fm, qui invite ses utilisateurs à seposer des questions, souvent “trash”, traîne déjà son lot de drames. Revendiquant plus de 50 millions de fidèles à travers le monde (dont 1,3 million en France), le réseau social, adulé des adolescents, a vu plusieurs de ses habitués se suicider, comme Hannah Smith, une Anglaise de 14 ans, qui s’est donné la mort en août 2013 après avoir été victime de harcèlement de la part d’utilisateurs du réseau.